Space IL, une entreprise privée israélienne, a annoncé le 10 juillet 2018 avoir conçu un module spatial destiné à être envoyé sur la Lune en décembre prochain. Un grand pas pour l’Etat hébreu.
« Quelque jour on ira jusqu’à la Lune », confiait Fontenelle à sa délicieuse marquise. Et Israël compte bien confirmer le philosophe en jouant dans la cour des grands. Et a déjà même des étoiles plein les yeux. Car, grâce à une société privée, l’Etat hébreu compte devenir le quatrième pays à envoyer un vaisseau spatial sur la Lune. Après les Etats-Unis (1966), la Russie (1966) et la Chine (2013).
Annonce fut faite lors d’une conférence de presse à Yehud (dans le District Centre), par Space IL, initiatrice du projet. Et qui s’est associée à Israel Aerospace Indutries (IAI), le plus grand groupe aéronautique public israélien.
Pour un coût de 95 millions de dollars provenant majoritairement de fonds privés, et après huit ans de travail, c’est la première fois qu’un engin israélien réalisera l’exploit de se poser sur l’unique satellite naturel de la Terre. La durée du voyage devrait durer environ deux mois. Le lancement est prévu en décembre prochain depuis Cap Canaveral en Floride au moyen d’une fusée américaine SpaceX Falcon 9. L’alunissage est fixé au 13 février 2019. Si tout se passe comme prévu.
Le module israélien sera le plus petit vaisseau spatial jamais posé sur la lune mesurant 1,5 mètre de hauteur avec un diamètre de 2 mètres. Pesant seulement près de 600 kilos, il ne transportera pas d’être humain. A noter que le carburant représentera les trois quarts de son poids. Une lourde réserve qui lui permettra d’atteindre sa vitesse maximale de plus de 36 000 kilomètres par heure.
Ce réacteur à quatre pattes sera équipé de caméras et d’outils d’enregistrement afin de photographier et filmer son arrivée sur la Lune. La mission sera brève – 48h seulement – pour effectuer des mesures du champ magnétique lunaire dans le cadre d’une expérience scientifique menée en collaboration avec l’Institut de recherches Weizmann en Israël. Et ensuite, l’engin spatial, inerte, restera sur la lune arborant le drapeau israélien avec l’inscription « Israël vivra à tout jamais ».
« Conquérir l’espace n’est pas seulement un moyen de prouver ses capacités technologiques mais aussi un besoin urgent pour la race humaine qui dilapide rapidement les ressources naturelles de la Terre », a déclaré Yossi Weiss, directeur général d’IAI. « Nous devons penser à des plans de secours, la Terre rétrécit et l’avenir de l’humanité est dans l’espace », a-t-il rajouté. Quoi qu’il en soit, « ce projet marque un tournant dans l’industrie israélienne qui, jusqu’à présent, concevait des programmes militaires axés sur la sécurité et la défense du pays, à savoir les satellites pour la surveillance terrestre et aérienne et les systèmes anti-missiles Dôme de fer », explique le journaliste indépendant, Jacques Benillouche pour Slate.
Un second astronaute israélien dans l’espace ?
L’aventure spatiale d’Israël suscite beaucoup d’espoir et semble avoir de beaux jours devant elle. Dernièrement, le 12 juillet 2018, pour sa première visite à l’étranger, le nouveau patron de la Nasa (National Aeronautics and Space Administration), Jim Bridenstine (qui a pris ses fonctions le 23 avril 2018), s’est rendu à Jérusalem. Le Times of Israel rapporte qu’il a rencontré le ministre israélien des Sciences et de la technologie, Ofir Akunis. Les deux protagonistes, d’après le site israélien Ynet, ont manifesté le désir de prolonger leur coopération au sujet de la station spatiale internationale, l’exploration spatiale et la recherche en sciences de la terre.
Selon le quotidien Haaretz, Ofir Akunis a par ailleurs fait part de son souhait de voir un second astronaute israélien dans l’espace et Jim Bridenstine a déclaré que les Etats-Unis examineraient cette requête. Ce serait tout un symbole dans le souvenir ému d’Ilan Ramon, le premier astronaute israélien pour la Nasa qui périt le 1er février 2003 dans l’accident de la navette spatiale Columbia, qui s’est désagrégée durant la phase de rentrée atmosphérique au retour d’une mission de recherche scientifique de 16 jours dans l’espace. A l’époque, Ilan Ramon avait mis un point d’honneur à demander de la nourriture casher pendant son voyage dans l’espace et avait signifié vouloir respecter scrupuleusement le shabbat.
Les regards israéliens aussi tournés vers Mars
Même si Israël a une industrie spatiale encore naissante, son rêve de visiter la Galaxie grandit. Pour preuve, en février dernier, six scientifiques israéliens ont simulé la vie sur Mars pour s’entraîner à une mission habitée sur la planète dans un proche avenir. Ils ont passé quatre jours dans le désert du Négev près du cratère de Mitzpe Ramon pour notamment tester des combinaisons spatiales et promouvoir la recherche spatiale, scientifique et technologique. Ce projet, baptisé D-MARS (Desert Mars Analog Ramon Station), dirigé par le Dr Hillel Rubinstein de l’Université Ben Gourion (BGU) en coopération avec l’Isa (Israël Space Agency) veut établir un centre international de simulation et Mitzpe Ramon a été choisi pour ses conditions particulières, relativement proches de celles qui prévalent sur la planète rouge en termes de topographie, de structure du sol, d’aridité, d’apparence et d’isolement.