Chrétiens de Terre Sainte: deux patriarches, une seule voix
Mobilisation unanime
Grecs-orthodoxes, grecs-catholiques, latins, arméniens, protestants… Les représentants de six Églises de Jérusalem, menés par les patriarches Pierbattista Pizzaballa et Théophilos III, se sont rendus à Taybeh le 14 juillet dernier. Une visite solennelle pour témoigner de leur solidarité face aux attaques “systémiques et ciblées” menées par des colons radicaux contre les habitants de ce dernier village 100% chrétien.
Condamnation et appel à agir

Champ incendié près de l’église byzantine al-Khader, graffiti “Vous n’avez pas d’avenir ici”, voitures brûlées, colons qui viennent faire paître leurs troupeaux dans le village… Tout l’été, Taybeh a vu des colons israéliens multiplier les exactions.
“Face à de telles menaces, le plus grand acte de bravoure est de continuer à appeler cet endroit votre chez-vous”, ont souligné les chefs des Églises dans un communiqué commun qui accuse les autorités israéliennes de “faciliter et permettre” la présence des colons autour de Taybeh, et de laisser “ces actions abominables impunies”. Ils ont aussi appelé la vingtaine de diplomates et la myriade de journalistes présents à “élever une voix forte” pour que Taybeh puisse vivre en sécurité.
Au chevet de Gaza

Quatre jours à peine après leur visite à Taybeh, les patriarches étaient à Gaza. Leur déplacement a été négocié en un temps record avec les autorités israéliennes après que trois paroissiens grecs-orthodoxes ont été tués dans une frappe qui a également endommagé le fronton de l’église latine de la Sainte-Famille le 17 juillet. Si cette visite était la troisième de Mgr Pizzaballa, c’est la première fois que Théophilos III se rendait à Gaza depuis le 7-Octobre.
Face à la destruction
Bouleversés par ce qu’ils y ont vu, les deux patriarches ont tenu une conférence de presse à Jérusalem le 22 juillet, livrant un message d’une rare intensité : “Nous avons trouvé un peuple écrasé par le poids de la guerre, mais portant en lui l’image de Dieu”, a déclaré Théophilos III en ouverture.

“Nous avons marché dans la poussière des ruines, passant devant des bâtiments effondrés et des tentes partout (…) Nous étions parmi des familles qui ont perdu le compte des jours d’exil, faute d’horizon pour le retour, a raconté le cardinal Pizzaballa. Et pourtant, au milieu de tout cela, nous avons rencontré quelque chose de plus profond que la destruction : la dignité de l’esprit humain qui refuse de s’éteindre.”
Deux voix, un cri
Les mots des deux chefs d’Églises vont bien au-delà de l’indignation. Ils appellent à un renversement radical des logiques en place. À la violence sans fin, ils opposent la nécessité d’une paix humaine, réelle, concrète. Les patriarches concluent d’une même voix : l’Église reste engagée pour une paix juste. “Bénis soient les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu” (Mt 5, 9), a rappelé Théophile III. Et Pizzaballa de prévenir : “Ne faisons pas de la paix un slogan, alors que la guerre reste le pain quotidien des pauvres.”
