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La Terre Sainte au cœur de l’Assemblée des évêques de France

Marie-Armelle Beaulieu
6 novembre 2025
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Mgr Aveline lors de son discours d'introduction devant la Conférence des évêques de France (CEF). ©Vincent Pierre/SNDL

Dans un programme chargé, la Conférence épiscopale de France fait de la solidarité avec la Terre Sainte un sujet majeur de sa session d’automne. Vu de Jérusalem, cela fait chaud au cœur.


À Lourdes, où la Conférence des évêques de France tient son Assemblée plénière d’automne (4-9 novembre 2025), la voix du cardinal Jean-Marc Aveline a résonné jusqu’à Jérusalem. Dans son discours d’ouverture, le nouveau Président de l’Assemblée et archevêque de Marseille, le cardinal Jean-Marc Aveline a voulu placer la Terre Sainte au centre de l’attention ecclésiale française : « Nous réfléchissons à la façon dont l’Église qui est en France pourrait apporter sa contribution pour aider la mission des chrétiens de Terre Sainte. »

Un geste qui pourrait bien n’être pas seulement symbolique, mais qui est déjà appréciable pour des communautés locales qui, depuis cinq ans [deux ans de covid, deux ans de guerre et une reprise modeste entre les 2], se sentent isolées, étranglées économiquement par l’absence de pèlerinages, et parfois oubliées au cœur du tumulte mondial.

Vu depuis Jérusalem, Bethléem, Taybeh, Nazareth ou Häifa, le simple fait que les évêques de France aient choisi de consacrer une partie de leurs travaux à la Terre Sainte a quelque chose de réconfortant. Cela met du baume au cœur à ceux qui, depuis la pandémie puis la guerre, vivent une suite d’épreuves sans relâche.

L’initiative tient sans doute à la personnalité de Mgr Aveline — méditerranéen dans l’âme et dans la chair — convaincu que la Mare Nostrum n’est pas seulement une mer mais un espace spirituel, un laboratoire d’humanité où s’expérimente la fraternité entre peuples, cultures et religions.
Son initiative du bateau “Le Bel Espoir”, projet symbolique de fraternité en Méditerranée, en disait déjà long sur sa vision : traverser ensemble les eaux, non pour s’y perdre, mais pour s’y comprendre.

Premier geste de présidence : un voyage en Terre Sainte

À peine élu à la tête de la Conférence épiscopale, le cardinal Aveline avait déjà tenu à poser un premier geste en se rendant en Terre Sainte, du 16 au 20 août 2025, avec ses deux vice-présidents, Mgr Vincent Jordy et Mgr Benoît Bertrand.
Les trois prélats avaient écouté, recueilli les témoignages des communautés chrétiennes locales, des religieux, des enseignants, des jeunes sans perspectives, des familles appauvries par la guerre et la chute du tourisme.
Ils avaient entendu aussi cet appel des chrétiens à « s’intéresser à ce qui se vit ici, et à revenir en Terre Sainte.»

Cette visite avait profondément marqué les évêques français. « Il n’est pas impossible qu’il faille un sursaut exceptionnel pour aider les chrétiens à rester », confiait alors Mgr Aveline.

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Dans son discours du 5 novembre à Lourdes, le cardinal Aveline a replacé cette démarche dans une perspective spirituelle plus large : « Nous le savons – et le Patriarche [ Bartholomée de Constantinople] nous l’a redit ce matin – la crise que traverse notre monde plonge dans une blessure spirituelle. Lorsque Dieu disparaît du regard humain, la terre devient un bien à exploiter, l’autre un rival à craindre, et la vie une marchandise. »

Puis il a cité le patriarche Pizzaballa : « Nous devons créer des lieux de paix et de sérénité, dans lesquels les gens peuvent échanger sans se sentir menacés. Nous, chrétiens, ne sommes pas une menace. »

Le président de la CEF a ensuite lancé une proposition concrète : que l’Église de France soutienne des communautés – consacrées ou laïques – implantées à proximité des lieux saints, pour qu’elles deviennent des « lieux de passage, de dialogue et de paix ».

Une assemblée marquée par la prière pour la Terre Sainte

Le programme même de cette Assemblée plénière en témoigne : une veillée de prière pour la paix lors de la procession aux flambeaux du samedi, une méditation conjointe du patriarche auxiliaire William Shomali et un message vidéo du cardinal Pizzaballa. Autant de signes d’une communion retrouvée entre les Églises de France et la Terre Sainte.

Pour le cardinal Aveline, cette attention n’est pas un élan sentimental, mais un devoir ecclésial : « Il est nécessaire que nous réfléchissions à la façon dont l’Église de France pourrait aider la mission des chrétiens de Terre Sainte. »
Et d’ajouter, en écho à son homélie de Jérusalem : « Quand tout s’effondre, il reste l’espérance que Dieu fera quelque chose. Dieu sait faire des chefs-d’œuvre avec les décombres de nos rêves. »

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Après cinq années marquées par la pandémie, la fermeture des frontières, la guerre et la récession des pèlerinages, la simple évocation de la Terre Sainte à l’Assemblée plénière des évêques de France agit comme un souffle.
Dans les couvents de Jérusalem, à Bethléem, à Nazareth, cette attention fraternelle ne manquera pas d’être reçue comme une bouffée d’air.
La Terra Sancta, cette « Église-mère » souvent épuisée mais toujours debout, retrouve dans cette parole venue de France une promesse : celle d’une fidélité qui traverse les tempêtes.

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