Terre Sainte Magazine plus que jamais nécessaire

Écrire un éditorial en temps de guerre. Je ne sais pas comment on fait. Je le sais d’autant moins que je l’écris à un mois du jour où vous le lirez.

Les quelques pages dérisoires que nous consacrons à la guerre ne sont pas écrites pour donner des nouvelles à l’heure où les informations circulent en temps réel. Elles sont là pour être une balise du temps dans l’histoire de la revue.

Au moment d’écrire ces pages, nous nous sommes demandé quel contenu leur donner.

Vivre une guerre éprouve nos identités et nos convictions. La guerre nous met en demeure de choisir un camp. On y va à l’instinct ou en se basant sur quelques postulats politiques. Parfois on croit savoir de quel côté Dieu se tient. Quand on ne le somme pas de se tenir du nôtre. Exclusivement.

Quand je suis arrivée à Terre Sainte Magazine, il y a 18 ans, j’avais des idées personnelles claires. Parce que le magazine n’est pas le mien, mais celui des franciscains de la Custodie, j’ai dû entrer dans leur vision. Il s’agissait de se tenir au milieu des populations, de vivre avec, d’aller vers elles dans le même esprit que saint François allant vers le sultan, avec la façon dont il s’est tenu devant le féroce loup de Gubbio pour l’apprivoiser, la façon dont il a entendu la voix du Seigneur lui dire : « Répare ». Il s’agissait alors de réparer une église, de réparer toute l’Église, comme il s’agit aujourd’hui de réparer le peuple de Dieu, l’humanité tout entière.

Terre Sainte Magazine existe et est plus nécessaire que jamais, pour apprendre à découvrir les deux peuples, respecter les deux, apprendre à aimer les deux, choisir les deux, réconcilier les deux.

À cette époque, je me tenais à côté du Seigneur. J’étais dans le clan des Boanergès, les fils du tonnerre comme Jésus appelait Jacques et Jean (Mc 3, 17). Toujours prompte à savoir sur qui devait s’abattre la foudre et la colère de Dieu. Mais j’ai tenu la barre de la rédaction, parfois plus, parfois moins, probablement de façon imparfaite, sur le cap franciscain.

Au fur et à mesure des années, il m’a façonnée aussi sûrement que j’ai façonné chacun des numéros.

J’ai écrit un texte, qui a eu du retentissement, je ne l’ai pas écrit parce que j’ai une foi extraordinaire, je l’ai écrit parce que les franciscains ont une mission extraordinaire.

J’ai écrit ce texte parce que Terre Sainte Magazine existe et est plus nécessaire que jamais, pour apprendre à découvrir les deux peuples, respecter les deux, apprendre à aimer les deux, choisir les deux, réconcilier les deux.

Et non seulement nous ne voulons pas nous taire, mais nous voulons porter haut la seule lumière qui brille dans les ténèbres, celle qui jaillit du tombeau où le Christ a vaincu la mort et le péché.

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