Au moment d’écrire ces lignes, j’ai commencé par prendre une grande respiration comme pour ordonner et apaiser les sentiments qui m’agitent.
L’humilité d’abord. Celle de notre équipe à qui il revient de traiter, un an après, d’un bouleversement qui a des répercussions mondiales.
La douloureuse fatigue de vivre dans une machine à broyer le cœur depuis un an.
La détermination, au moment de rendre compte de notre conviction : le 7 octobre est peut-être le jour le plus long, mais nous pouvons y mettre un terme.
Ce jour n’est pas venu de rien. Mais c’est incontestablement un point de bascule. Israéliens et Palestiniens n’étaient pas en paix. Le conflit s’éternisait à faire des ronds dans l’eau.
Mais le 7 octobre, un tsunami s’est abattu sur Israël et sur le peuple juif. Cette vague meurtrière a finalement également déferlé sur Gaza, la Palestine et les Palestiniens.
Un an après, on ne sait pas vraiment dire, dans le chaos engendré, si la vague continue son œuvre dévastatrice ou si elle a commencé à refluer, laissant derrière elle, dans un paysage de désolation, des survivants toujours sous le choc.
Ce que l’on sait dire c’est que cela a trop duré. Mais que faire ?
La politique a échoué. Il nous revient de devenir « l’alliance du peuple, pour relever le pays » Isaïe 49, 8.
À nous d’espérer, d’aimer, de mettre de la bienveillance, de tisser du lien, de laisser une chance, de patienter. Et aimer encore et apprendre à regarder l’autre, tous les autres, en répétant doucement : « Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, il les créa homme et femme. » Gen 1, 27. Ça arrache de le dire devant les abrutis et plus encore devant les barbares, devant ceux qui ne pensent pas comme nous, devant ceux qui font le mal, mais c’est un bon moyen pour désamorcer la haine et l’esprit de vengeance.
Éduquer nos cœurs et nos esprits à voir le champ des possibles sans s’arrêter aux champs de ruines.
Dans l’entretien qu’il nous a accordé, le cardinal Pizzaballa nous montre que l’Église de Terre Sainte a ceci de prophétique qu’elle réunit déjà arabes et juifs, Israéliens, Palestiniens et étrangers. Et qu’elle est la seule institution à le faire. Alors, elle doit montrer l’exemple de l’accomplissement de cette prophétie.
Soyons ensemble les chrétiens de cette Église-Mère, soyons cette Église de prophètes. Pour la Terre sainte et pour le monde.