Cardinal Pizzaballa est prêt à s’offrir en échange des enfants israéliens otages à Gaza

Lors d’une visio-conférence de presse, tenue lundi 16 octobre au matin, en cercle privé avec des journalistes italiens, sa Béatitude le patriarche latin de Jérusalem interpelé par un journaliste a répondu « Si je suis prêt à un échange ? [Je ferai] n’importe quoi, si cela peut conduire à leur libération et au retour de ces enfants à la maison, sans aucun problème. Ma disponibilité est absolue» a rapporté l’agence Ansa.

Le cardinal a par ailleurs informé son auditoire que le Saint-Siège s’était offert pour une médiation sur la question des otages, convenant toutefois qu’il faudrait pouvoir entrer en contact avec le Hamas et que c’était très difficile. Il a également fait connaitre ses craintes sur les conséquences dune opération terrestre et d’une régionalisation du conflit notamment avec le Hezbollah au Liban.

A Jérusalem, la nouvelle fait sensation. Elle a très vite été reprise par les médias israéliens. Le cardinal Pizzaballa est connu pour être un excellent connaisseur de la société israélienne. Il parle un hébreu extrêmement châtié et bien meilleur de celui de nombreux migrants. Mais surtout, en pointe sur le dialogue interreligieux avec le judaïsme, il compte de très nombreux amis juifs.

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Lors du même entretien, interrogé sur les déclarations des chefs religieux dont il est signataire, il n’a pas caché comprendre les réactions israéliennes irritées : « Moi aussi, je suis irrité. Par respect pour les autres Eglises, je ne veux rien ajouter », déclarant toutefois : « Pour être clair, le Hamas a commis des actes de barbarie en Israël ».

La majorité de la communauté locale chrétienne de Terre Sainte étant palestinienne, répartie tant dans les Territoires palestiniens que dans l’Etat d’Israël ou en Jordanie, les chefs des Eglises, s’ils ont condamné la violence, n’ont pas jugé bon de nommer le Hamas et dénoncer la barbarie des actes commis. Ce faisant, ils ont déclenché l’ire de nombreux Israéliens qui assimilent cette prudence à ce qu’ils tiennent pour la lâcheté, voire la perpétuation de l’antisémitisme chrétien, de Pie XII au moment de la Shoah.

Mgr Pizzaballa s’est donc brièvement mais nettement inscrit en décalage avec ces prises de paroles collectives.

Le cardinal Pizzaballa préoccupé par le sort des chrétiens de Gaza

Il reste que lui-même se tient informé de la situation de la communauté chrétienne de Gaza où le patriarcat latin a une paroisse qui compte près de 140 fidèles. C’est la communauté orthodoxe qui recense le plus grand nombre de fidèles, mais il faut également mentionner la communauté protestante. En tout la communauté de Gaza compte quelque 1000 fidèles.

La majorité d’entre eux, concernée par l’ordre d’évacuation de Gaza-City lancé par Israël vendredi matin, n’a pas quitté les enceintes des paroisses et écoles qui les ont vu affluer ces derniers jours. En effet l’évacuation leur semblait impossible tandis qu’ils savent être sans la moindre ressource dans le sud de la bande. Par ailleurs, les sœurs de la Charité d Mère Teresa ont exprimé leur intention de ne pas quitter les personnes en situation de handicap – pour la plupart musulmanes – dont elles s’occupent habituellement.

Ainsi, dans l’école qui jouxte la paroisse catholique de la Sainte-Famille, ce sont près de 500 personnes qui attendent l’opération militaire annoncée par Israël. Sans électricité et sans plus de carburant qui alimentait la pompe du puits disponible, les fidèles n’ont plus que le recours de la prière, de l’entraide et du système D pour tenir heure après heure.

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A plusieurs reprises, on a entendu le cardinal Pizzaballa dire combien cette communauté était chère à son cœur. « C’est celle qui souffre le plus et pourtant, ils ne se plaignent jamais. » Il devait s’y rendre début décembre. La situation est très préoccupante pour cette communauté dont le sort est lié à celui de tous les habitants de Gaza.

Dimanche, le pape a appelé pour la cinquième fois le père Youssuf et les sœurs du Rosaire présentes sur place. Le curé, le père Gabriel Romanelli, toujours coincé à Bethléem et en lien permanent avec son petit troupeau a fait part à Radio Vatican de la teneur de la conversation. Le Saint Père «nous a demandé de protéger les enfants. Il sait qu’en plus des enfants de la paroisse, nous accueillons des enfants chrétiens et des enfants musulmans, ainsi que des handicapés et des blessés soignés par les religieuses de Mère Teresa. Le Pape sait tout cela et nous a de nouveau témoigné sa proximité – il a aussi appelé la paroisse – sa bénédiction et sa prière et il fait de son mieux pour qu’il y ait une petite fenêtre d’espoir ».

L’espoir dimanche à Gaza, ce fut aussi la célébration du baptême du petit Daniel durant la messe dominicale. Plus que jamais, nos voeux accompagnent Daniel, ses parents et l’ensemble de la communauté.