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Mgr Pizzaballa: « L’Église doit être une présence simple et lumineuse »

Propos recueillis par Marie-Armelle Beaulieu
9 juillet 2023
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Mgr Pizzaballa: « L’Église doit être une présence simple et lumineuse »
Mgr Pizzaballa en visite à Gaza ©A. Krogmann

Le Patriarche latin de Jérusalem et désormais nouveau cardinal, Mgr Pierbattista Pizzaballa, est revenu, pour Terre Sainte Magazine, sur l'avenir des chrétiens au Moyen-Orient.


A la parution de ces lignes dans le prochain Terre Sainte Magazine, il faudra appeler Mgr Pizzaballa Éminence puisqu’il sera créé cardinal lors du consistoire du 20 septembre prochain. En juin, il accordait une interview à la revue des Franciscains de Terre Sainte, revenant sur l’avenir des Chrétiens en Orient tel qu’il a été discuté lors de deux récentes et importantes rencontres des patriarches et évêques catholiques du Proche-Orient.

Vous avez vécu durant le premier semestre de l’année deux rencontres qui ont réuni tous les patriarches catholiques du Moyen-Orient.

Ces deux rencontres étaient de natures différentes mais l’une et l’autre ont acté que le Moyen-Orient change. Vous pensez que c’est une évidence ? Quiconque connaît le Moyen-Orient et ses Églises sait qu’il n’en est rien. Dans cette partie du monde, on sait ce qui a été et ce qui devrait être, mais on laisse rarement place à ce qui est. Reconnaître la réalité, admettre que nous faisons face à de nouveaux défis qui ne viennent pas seulement de la situation politique ou de l’islam, mais aussi de l’intérieur de l’Église, est une nouveauté et une excellente chose. Il faut maintenant aller de l’avant.

Pouvez-vous nous dire ce qui caractérise ces changements ?

J’en soulignerai trois. En premier le fait que la plupart des Églises ont perdu les deux tiers de leurs membres dans les mouvements migratoires. Ce sont toujours leurs fidèles, mais ils ne vivent plus au Moyen-Orient. C’est un changement énorme qui oblige à repenser toute la structure ecclésiale ici et là-bas.

Ensuite, la situation économique. Nous sommes devenus une Église vraiment pauvre. Cette pauvreté se double d’un amoindrissement de la représentativité politique, comme on le voit au Liban.

Enfin la sécularisation de nos sociétés. La nouvelle génération de chrétiens grandit et se nourrit plus au contact des réseaux sociaux que du catéchisme de nos écoles. De ce fait, la question de la modernité se pose, non seulement sur les questions éthiques et sexuelles, mais sur tout le reste : le début et la fin de la vie, les relations familiales, le rapport à la technologie, l’intelligence artificielle… Toutes ces sujets sont devenus brûlants. En tant qu’institutions ecclésiales, nous devons en tenir compte. Mais il faut aussi réformer notre façon de penser.

Suite dans le numéro dans le TSM 686 (Juillet-Août 2023)

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