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Après l’agitation des fêtes, une chape de plomb s’abat sur Jérusalem

Rédaction
8 octobre 2023
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Après l’agitation des fêtes, une chape de plomb s’abat sur Jérusalem
Porte de Damas, 14h02 ce dimanche 8 octobre. La porte d'entrée principale vers le quartier musulman est désert alors que les Palestiniens sont en deuil des morts des premières représailles israéliennes après l'attaque sanglante du Hamas sur le territoire israélien ©Olivia Jeanjean/TSM

Les rideaux de fers sont baissés en vieille ville de Jérusalem où les commerçants s’attendent au pire après les massacres perpétrés par le Hamas à la frontière de Gaza. L’industrie du pèlerinage pourrait vivre une nouvelle crise. Même en prière, les chefs des Eglises ne cachent pas leur inquiétude.


24 heures après le déclenchement de la guerre par le Hamas contre Israël aux abords de Gaza, Jérusalem vit au ralenti. Fait inédit dans la ville sainte, les alertes des sirènes signalant le lancement de roquettes susceptibles de l’atteindre ont sonné à plusieurs reprises dans la matinée du 7 octobre.

Après une activité inédite dans les quartiers arabes de la ville où la circulation était impossible dans la matinée de ce samedi, tandis que retentissait un concert de klaxons à chaque alerte, la ville s’est peu à peu éteinte et son activité économique est paralysée ce dimanche par une grève en solidarité avec les premiers morts palestiniens depuis le début des représailles israéliennes.

 

Cette guerre, que les Israéliens étaient tentés d’appeler « une nouvelle guerre de Kippour 50 ans après », a été déclarée par le Hamas qui a commis de nombreux massacres lors d’une incursion d’une ampleur inédite sur le sol israélien. Le bilan humain s’élève maintenant à plus de 600 morts, et plus de 2000 blessés dont 200 au moins dans un état critique.

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Le gouvernement israélien, encore que mis en accusation par une partie du pays pour sa responsabilité dans ce qui est vécu comme une humiliation et un échec total de tous les services, annonce des représailles cinglantes.

Rideaux de fers baissés pour les commercants palestiniens. L’onde de chocs de la guerre déclenchée par le Hamas à la frontière avec Gaza aura des conséquences en vieille ville de Jérusalem. ©Olivia Jeanjean/TSM

L’appel des chefs des Eglises

Les chefs des Eglises quant à eux se sont unis pour lancer un appel à la paix (Lien vers le texte intégral en anglais). Ils commencent par tristement constater qu’ils avaient déjà élevé leurs voix : « Nous, patriarches et chefs d’Églises de Jérusalem, avons appelé à maintes reprises à l’importance de respecter le statu quo historique et juridique des sanctuaires saints » avant d’affirmer leur solidarité avec tous ceux qui subissent les conflits : « En tant que gardiens de la foi chrétienne, profondément enracinée en Terre Sainte, nous sommes solidaires des peuples de cette région, qui subissent les conséquences dévastatrices de conflits incessants ». Mais le cœur du communiqué publié dimanche après-midi est un appel : « Nous espérons avec ferveur et prions pour que toutes les parties concernées entendent cet appel à la cessation immédiate de la violence. Nous implorons les dirigeants politiques et les autorités d’engager un dialogue sincère, en recherchant des solutions durables qui favorisent la justice, la paix et la réconciliation pour les habitants de ce pays, qui supportent le fardeau du conflit depuis bien trop longtemps. »

Déjà samedi soir, le patriarche des Latins, le cardinal Pizzaballa, avait invité tous les fidèles et les prêtres du diocèse à prier lors de la messe dominicale « dans l’intention d’instaurer un cessez-le-feu et de mettre fin à la guerre en cours en Terre Sainte, demandant au Seigneur d’empêcher de nouvelles effusions de sang, des vies brisées et l’enterrement d’espoirs ».

Premières annulations de pèlerinage

Tandis que le ton n’est pas à la désescalade entre les belligérants, les pèlerins bloqués dans la vieille ville de Jérusalem et à ses abords continuent de visiter les lieux saints. « Nous avons eu tous les créneaux de messe de ce dimanche couverts, affirme le frère Stéphane Milovitch, supérieur de la fraternité franciscaine de la basilique du Saint-Sépulcre », avant d’ajouter « mais pas par les groupes prévus. Ceux qui devaient arriver de Galilée n’ont pas tous fait la route, ceux qui devaient partir sont coincés, mais les pèlerins ne sont pas disposés à rester cloitrer dans leurs chambres d’hôtels. » Même son de cloche à Gethsémani où frère Sinisa constate que des pèlerins continuent de venir prier.
Les commerçants eux se lamentent à cause des morts, à cause des représailles, à cause des conséquences qui ne vont pas manquer de les frapper : « Les premières annulations tombent pour les groupes qui devaient s’envoler ces jours-ci » se désole Hagop qui travaille dans une agence. « La situation est très compliquée » se contente de dire sobrement Fabien un autre spécialiste des pèlerinages.

L’onde de chocs de la guerre que le Hamas a lancé aux abords de la Bande de Gaza ne fait que commencer à se répandre et la vieille ville de Jérusalem se prépare à faire le gros dos.

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