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Avec Losing Shalit, Gaza fait son cinéma

Terresainte.net
7 février 2014
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Avec Losing Shalit, Gaza fait son cinéma
Dans Losing Shalit, le Hamas met en scène ce qu'il estime être une victoire. Photo ©Wissam Nassar/FLASH90

Gilad Shalit, le soldat israélien capturé en juin 2006 à la frontière de Gaza et libéré après 5 années passées dans les mains du Hamas revient malgré lui sur les écrans. C’est en effet le ministère de la Culture de Gaza qui finance pour la majeure partie le film retraçant sa détention et libération en échange de 1000 Palestiniens.


(Jérusalem/MMLV) – Gilad Shalit, le soldat israélien capturé en juin 2006 à la frontière de Gaza et libéré après 5 années passées dans les mains du Hamas revient malgré lui sur les écrans. C’est en effet le ministère de la Culture de Gaza qui finance pour la majeure partie le film retraçant sa détention et libération en échange de 1000 Palestiniens.

Réaliser et produire un long-métrage dans la bande de Gaza est un véritable défi. Pressions des pays voisins et coupures d’électricité sont le lot quotidien des habitants de la région ; et ne facilitent pas la tâche aux réalisateurs. Ces facteurs n’ont pourtant pas intimidé l’un d’entre eux, Majed Jundiyeh, qui a décidé de réaliser une trilogie dont le premier volet s’intitule Losing Shalit. Il s’agit de retracer de manière réaliste l’enlèvement du soldat israélien Gilad Shalit, par les Brigades Ezzedine Al-Qassam du Hamas en 2006. Et de décrire sa vie en captivité, jusqu’en octobre 2011, date à laquelle il fut échangé contre la libération de 1000 Palestiniens. Une histoire triomphale pour le Hamas puisqu’elle a contribué à renforcer son pouvoir dans la bande de Gaza.

D’ailleurs le mouvement finance 95 000 des 120 000 dollars du budget du film. Pourtant Jundiyeh se déclare  « libre et  indépendant » dans sa réalisation. « Je ne suis pas membre du Hamas, je suis simplement un palestinien fier de son peuple et de la lutte nationale. J’ai décidé de travailler avec ce qui était à ma portée, afin de dépeindre au mieux ce que je considère comme un chapitre très important de notre vie », a-t-il affirmé au quotidien israélien Haaretz.

Majed Jundiyeh est âgé de 47 ans. Il a étudié le cinéma en Allemagne dans les années 1980 à 1990. De retour à Gaza en 1996, il a travaillé sur des documentaires et des feuilletons pour la télévision palestinienne. Il a réalisé son premier long-métrage en 2009, choisissant déjà pour thème la vie d’Emad Akel, commandant de l’aile militaire du Hamas.

Jundiyeh  aspire et travaille à une « industrie cinématographique de la résistance » à Gaza. Afin de refléter l’histoire de la Palestine avec des acteurs palestiniens.

Ce sont des acteurs amateurs qui ont été choisis pour interpréter Losing Shalit.

Pour Mahmoud Karira, qui interprète le rôle de Shalit et qui ne parle pas hébreu, les parties du scénario rédigées dans la langue du soldat israélien ont nécessité des heures de répétitions.

Si Losing Shalit est le second long métrage produit à Gaza depuis 2009, les gazaouis sont coutumiers de la caméra. A côté de cette propagande Hamas, on voit régulièrement sur la toile des vidéo-clips produits pas des amateurs qui manient avec brio l’auto dérision.

Ainsi le collectif de comédiens de Gaza, Itawesh, qui fait également beaucoup parler de lui sur le net. Il doit son succès international à la parodie d’une publicité dans laquelle Jean-Claude Van Damme fait le grand écart entre deux camions. Si dans la vidéo originale Van Damme vantait la perfection de son corps, dans la parodie une voix off ironise sur la situation des jeunes à Gaza. « Nous avons utilisé le clip de Van Damme qui est connu dans le monde entier pour envoyer un message. Car pour nous, le monde entier est responsable de la crise à Gaza », a expliqué à l’AFP Mahmoud Zouiter, qui exécute la cascade du mieux qu’il peut entre deux voitures en panne d’essence et poussées par des comédiens…

Quelques mois plus tôt, les mêmes pénuries avaient inspiré un autre clip sur la musique du chanteur coréen Psy pour livrer leur Gangnam Gaza Style. Quand Gaza fait son cinéma ça peut aussi être drôle.