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De la folie de la Croix

M-A B
30 mars 2019
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De la folie de la Croix
La Dernière Cène, l’œuvre de Léonard de Vinci dont l’original de 1495-1498 se trouve dans un couvent dominicain de Milan, existe dorénavant en version tapis mural, labellisé Jérusalem. Ça vous tente ?

C’était mon mot de polonais favori : Siostro ! Je m’appliquais à le prononcer de mon mieux avec le nécessaire chuintement sur le premier “s”. C’était toujours une exclamation de joie. Siostro ! J’ai connu Sœur Paula au monastère du mont des Oliviers où j’ai passé six ans avec elle en communauté. Dans une vie vouée à la contemplation, on apprend à se dire l’essentiel.

L’essentiel de sœur Paula c’était Jésus le Christ. Elle avait avec lui une intimité saisissante née le 6 janvier 1943. Sœur Paula s’appelle alors Rachel. Elle a 14 ans. Depuis quelques mois, elle a fui le ghetto de Lomza et ne sort de la forêt où elle se cache qu’en apprenant une rafle prochaine.

Dans sa fuite, identifiée comme juive elle raconte : “Les enfants criaient “Des femmes juives !” C’était dangereux parce que les Allemands empruntaient souvent cette route. J’avais peur. À un carrefour il y avait une grande croix. Une idée folle m’est passée par la tête : “Si tu t’agenouilles près de la Croix, ils penseront que tu es une chrétienne polonaise et te laisseront tranquille.” Pour la première fois de ma vie, j’ai crié : “Oh, Jésus !” Ils se sont arrêtés et sont partis.” Elle poursuit : “Là, sous la Croix, il s’est passé quelque chose. Je ne sais pas comment le dire. Plus tard, cachée dans un tas de pommes de terre, j’ai crié : “Seigneur, Dieu de mes pères, Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, je ne veux pas te trahir, mais dis-moi qui est ce Jésus ? Cet homme crucifié, persécuté, souffrant…
“Je pensais constamment à lui. Il est devenu très proche de moi, même si je ne le connaissais pas. Je me cachais et je priais : “Seigneur Jésus, si tu me veux, je serai un sacrifice pour Israël. J’irai au monastère, je ne me cacherai pas.” J’étais déchirée : chaque nuit, je priais pour la mort. J’aurais préféré mourir que de devenir chrétienne.”

Rachel a été baptisée Paula en septembre 1945 et est entrée au couvent. Je n’aime pas dire qu’elle s’est convertie parce qu’elle n’a rien renié jamais de son judaïsme. Quand elle a su qu’il y avait un monastère de bénédictines à Jérusalem (l’ordre cloîtré dans lequel elle était entrée), elle a voulu être réunie à son peuple.
J’ai beaucoup appris auprès de sœur Paula. La Shoah sans aucun doute. J’ai surtout été immensément aimée. J’aimerais avoir appris ça d’elle mais… Au moins, Terre Sainte Magazine et moi avons gagné un intercesseur au ciel.♦

Dernière mise à jour: 14/03/2024 11:52

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