Deux semaines après leur visite dans le village chrétien de Taybeh, les Patriarches et chefs des Églises de Jérusalem publient un nouveau communiqué. Ils sont alarmés par une nouvelle attaque perpétrée dans cette localité de Cisjordanie, symbole de la présence chrétienne en Terre Sainte. Plusieurs véhicules ont été incendiés, des graffitis haineux ont été découverts, et les riverains une fois encore confrontés à une violence délibérée, organisée, et impunie.
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« Ce n’est pas un incident isolé », rappellent les Églises. L’événement s’inscrit dans une série d’agressions ciblées menées par des colons israéliens contre les villages palestiniens, et en particulier contre cette communauté chrétienne enracinée sur la terre parcourue par le Christ. Les semaines précédentes, des colons étaient déjà entrés à Taybeh, et avaient circulé masqués, armés, semant l’effroi. Certains viennent de jour faire brouter leur bétail sur les terres du village jusqu’aux abords immédiats des maisons dans les oliveraies l’entrée sud de la ville et de l’église historique de Saint-Georges.

Les Patriarches dénoncent également le traitement minimaliste et trompeur réservé à ces faits par les autorités israéliennes : « Nous regrettons que les déclarations officielles de la police israélienne aient réduit l’affaire aux seuls dommages matériels, omettant le contexte plus large d’intimidation et d’abus systématiques. Ces omissions déforment la vérité et ne tiennent pas compte des violations du droit international humanitaire et des droits de l’homme. »
Dans leur déclaration, les Églises s’en prennent aussi à une « campagne de désinformation » orchestrée par des groupes affiliés aux colons, qui chercherait à discréditer les habitants de Taybeh et à détourner l’attention de la réalité des exactions. Cette campagne survient alors même que de nombreuses délégations diplomatiques sont venues récemment témoigner de leur solidarité avec les habitants du village.
La dernière de ces visites, mi-juillet, avait vu la quasi-totalité des Patriarches et chefs des Églises chrétiennes de Terre Sainte se rendre à Taybeh, aux côtés de diplomates de vingt pays. L’initiative visait à briser le silence autour des attaques récurrentes contre ce village chrétien, l’un des derniers en Cisjordanie, et à rappeler que « la foi chrétienne n’est pas une curiosité historique, mais une présence vivante, enracinée, blessée, mais toujours debout ».
D’après le Forum des chrétiens de Terre Sainte, la dernière attaque a eu lieu dans la nuit de dimanche 27 à lundi 28. « Vers 2 h 30, des hommes masqués ont fait irruption dans la ville, incendiant des voitures et taguant des graffitis hostiles en hébreu. Comme lors du précédent incident, personne n’a été blessé ; si la dernière fois, ce sont des champs qui avaient été incendiés, cette fois, ce sont des voitures. »
« L’absence d’enquêtes et de sanctions alimente un climat d’impunité qui sape les bases mêmes de la coexistence pacifique », déplorent Chefs des Eglises dans leur communiqué. À leurs yeux, cette impunité ne menace pas seulement les chrétiens, mais fragilise l’État de droit et les fondements moraux d’une paix possible.
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Les Patriarches appellent une nouvelle fois les autorités israéliennes à « agir avec clarté morale » et à :
– poursuivre sans délai les auteurs de ces crimes,
– assurer une protection effective et constante pour les habitants de Taybeh,
– respecter le droit international et garantir l’égalité devant la loi.
Ils expriment leur « gratitude sincère » à l’égard des représentations diplomatiques qui ont visité Taybeh, soulignant que cette solidarité internationale « est une source d’espérance et de force morale » pour une communauté acculée mais non résignée.
Leur appel se conclut sur une exhortation à la vigilance et à la prière : « L’agression continue – notre vigilance aussi doit continuer, unie et enracinée dans la justice. »