Des vandales ont saccagé une synagogue à Jérusalem, nommée en mémoire de Jonathan Sandler, assassiné en 2012 à Toulouse (France). Indignation et consternation du monde politique et religieux.
C’est une synagogue sens dessus-dessous que les fidèles du quartier de Kiryat Yovel, dans le sud-ouest de Jérusalem, ont découverte le 29 janvier au matin. Porte enfoncée, mobilier endommagé d’acide et de javel, livres de prières et rouleaux de Torah salis et jetés au sol après que l’arche sainte qui les conservait, pourtant en acier, a été découpée sur le côté. Le spectacle qu’a rapporté la presse israélienne est désolant. Des vandales ont pénétré par effraction dans la synagogue probablement dans la nuit de lundi à mardi, a fait savoir la presse israélienne. La profanation intervient deux jours après la découverte de graffitis sataniques tagués sur les murs d’une synagogue de la ville côtière de Netanya. Dans les deux cas, une enquête a été ouverte. Le Jerusalem Post a rapporté qu’une deuxième synagogue à Netanya – Netan Ya Reform – avait aussi été la cible de vandales, le week-end dernier. Des inconnus ont glissé un tuyau d’arrosage par la fenêtre qu’ils ont brisé, laissant couler l’eau pendant à peu près 14h, inondant la synagogue jusqu’à la hauteur des chevilles, abîmant le mobilier et des livres de prières. La facture s’élève à 14 000 shekels.
La communauté juive francophone de Kiryat Yovel, à Jérusalem dont la majorité des membres a fait son alya (montée en Israël) depuis la France, est particulièrement secouée. Car la synagogue (et le centre d’étude qu’elle abrite), logée dans un abri souterrain et née de la volonté d’Eva Sandler, a été nommée en mémoire de son mariJonathan Sandler. Cet enseignant franco-israélien, assassiné avec deux de ses enfants (Arié et Gabriel) et une petite fille, Myriam Monsonégo, par le terroriste islamiste Mohamed Merah au sein de l’école juive Otzar Hatorah de Toulouse en France, le 19 mars 2012. C’est pourquoi l’ambassadrice de France, Helen Le Gal, a publié un tweet dans lequel elle dit être « choquée » face à cet acte de vandalisme. Estimant que « le saccage de la salle dédiée à la mémoire de Jonathan Sandler, une des victimes de l’attentat antisémite de Toulouse en 2012, est une honte. »
« Il n’y a pas de cœur juif qui n’ait pas peur de telles scènes »
Egalement, dans un tweet, le président de l’Etat d’Israël, Reuven Rivlin a déploré les images « dures et douloureuses » de la synagogue vandalisée.
Le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, a déclaré dans un communiqué qu’il était « choqué » par l’attaque, espérant que les coupables seraient bientôt arrêtés et traduits en justice.
Pour le ministre de l’Intérieur et chef du parti ultra-orthodoxe Shas, Aryeh Deri, cité par i24News, « il n’y a pas de cœur juif qui n’ait pas peur de telles scènes qui rappellent des événements difficiles de l’histoire juive. » Et d’ajouter qu’« il est difficile de croire qu’un pogrom antisémite aussi scandaleux se déroule dans une synagogue en Israël, nommée en l’honneur de Jonathan Sandler, assassiné avec ses deux enfants lors du massacre choquant de Toulouse en France. »
Le nouveau maire de Jérusalem, Moshe Lion, a quant à lui condamné la profanation dans un communiqué, qu’il a décrit comme « un évènement grave, qui nous rappelle des périodes sombres de l’histoire du peuple juif », et s’est dit lui aussi confiant dans le travail de la police. Des propos tenus à l’ombre de la Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste, fixée au 27 janvier.
« Rétablir l’honneur de la Torah bafoué »
Côté religieux, le Grand rabbin séfarade d’Israël, rav Itshak Yossef a exprimé sa profonde émotion : « Tout cœur juif ne peut que se briser en voyant ces rouleaux de la Torah ainsi profanés par des êtres immondes au sein d’une synagogue. Les autorités doivent soulever chaque pierre pour retrouver ces criminels et les traduire en justice pour qu’ils soient punis de la manière la plus sévère. Tous ceux qui ont vu la scène doivent entamer un jeûne ou le convertir en acte de charité, et tous les autres doivent étudier ou procéder à un jeûne de parole afin de rétablir l’honneur de la Torah ainsi bafoué.»
Le grand-rabbin ashkenaze d’Israël, David Lau, cité dans le Jerusalem Post a qualifié mardi de « matinée difficile pour tous les Juifs. » Avant de poursuivre : « nous devons réfléchir à la manière dont nous sommes arrivés à une telle situation dans la ville sainte de Jérusalem. »
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