A été publiée avant-hier en Turquie la nouvelle de l’enlèvement dans le nord de la Syrie du jésuite d’origine romaine Paul Dall’Oglio. Cette nouvelle doit être prise avec prudence. Le ministère des Affaires étrangères italien n’a toujours pas de confirmation. Le jésuite italien est connu pour avoir relevé l’antique monastère de Mar Musa. Pendant ce temps, le sort des deux évêques enlevés en avril dernier à côté d'Alep reste incertain.
(Milan/g.s.) – A été publiée avant-hier en Turquie la nouvelle de l’enlèvement dans le nord de la Syrie du jésuite d’origine romaine Paul Dall’Oglio. Cette nouvelle doit être prise avec prudence. Le ministère des Affaires étrangères italien n’a toujours pas de confirmation. A la nonciature apostolique de Damas, le fait que le père Paul (59 ans) n’est pas joignable depuis avant-hier sur son téléphone mobile est considéré avec préoccupation mais ne donne pas lieu à des conclusions inquiétantes. Avec la guerre civile en cours et le morcellement du territoire entre les différentes factions, il est difficile de tester la fiabilité des informations.
Reste le fait qu’on a perdu la trace du père Dall’Oglio avant-hier, alors qu’il se trouvait dans la ville de Ar-Raqqah, une ville syrienne à l’est d’Alep et un peu sud de la frontière avec la Turquie. Expulsé de Syrie en juin 2012, le religieux est revenu à plusieurs reprises ces derniers mois, comme ces jours-ci, en passant par des postes frontières contrôlés par les insurgés.
Le jésuite italien est connu dans le pays aussi bien qu’à l’étranger pour épouser les idéaux de l’insurrection contre le président Bachar el Assad mais aussi pour avoir relevé l’antique monastère de Mar Musa, qu’il a commencé à restaurer en 1982.
Depuis 1991, le bâtiment, installé sur les sommets d’une montagne escarpée non loin de Damas, abrite une communauté monastique, des hommes et des femmes, dédiés au travail, à la prière et à l’hospitalité et, en particulier, au dialogue avec les musulmans.
Pendant ce temps, on n’a pas d’information précise sur le sort des deux évêques orthodoxes enlevés dans la ville syrienne d’Alep en avril dernier.
De temps à autre, des soupçons filtrent mais sans confirmation. Le 23 juillet par exemple, le quotidien turc Hürriyet, a rapporté l’arrestation et la libération de trois personnes dans la province anatolienne de Konya. Ils étaient soupçonnés d’avoir tué les deux métropolites d’Alep, Boulos Yaziji (grec orthodoxe) et Yohanna Ibrahim (syriaque orthodoxe).
Le neveu de l’un des deux prêtres enlevés a cependant réfuté la thèse selon laquelle son oncle aurait été tué. La rumeur s’est propagée après la sortie sur internet d’une vidéo non datée où l’on peut voir deux chrétiens (dont un évêque) brutalement tués.
Fadi Hurigil, directeur de la Fondation de l’Eglise orthodoxe d’Antioche, nous a dit que dans cette vidéo aucun des deux chrétiens ne semble être l’évêque Boulos Yaziji (qui est le frère du patriarche grec-orthodoxe d’Antioche) ou Yohanna Ibrahim.
Les deux prélats ont été enlevés le 22 Avril, aux portes d’Alep, par des hommes armés. Ils ont été interceptés à bord de la même voiture, venant de la frontière avec la Turquie. Le conducteur de leur véhicule a été tué.
Le mois dernier, l’hebdomadaire catholique britannique The Tablet, citant des sources dans la région, avait suggéré que les deux ecclésiastiques étaient «probablement morts», et qu’ «ils auraient été tués le jour de l’enlèvement. »
Certains observateurs estiment toutefois que si les deux évêques étaient bien morts, la nouvelle aurait désormais filtré. En tout cas, pour soutenir la thèse de l’assassinat, il faudrait des preuves.
Avec la conviction que les métropolitains sont encore en vie, certains voudraient obtenir la pression internationale des gouvernements et en particulier de celui de la Turquie. Dans le cadre de négociations de paix, les émissaires de ce gouvernement n’auraient pas de difficulté à savoir si les deux évêques sont toujours en vie.
Pour notre part, nous invitons nos lecteurs à se joindre à nous dans la prière pour la santé et la liberté des métropolites enlevés et pour tous ceux qui souffrent à cause du conflit en Syrie.