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La Palestine fait son cinéma

Cécile Lemoine
13 novembre 2020
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La 6e édition du festival Ciné-Palestine prendra fin dimanche, après trois journées de projection de films d’auteurs palestiniens. Une immersion, gratuite et en ligne, dans un cinéma « engagé, indépendant et intime »


C’est un rescapé du confinement. Le festival Ciné-Palestine, incontournable rendez-vous parisien des amateurs de cinéma palestinien du mois de mai, est parvenu à sauver les meubles de sa 6e édition grâce à la magie du numérique. Depuis le mardi 10 et jusqu’au dimanche 15 novembre, une sélection de films est visible non pas dans les salles noires, mais depuis vos canapés, grâce à un système de projection en ligne. Il sera également possible de rencontrer les réalisateurs grâce à des réunions Zoom.

L’ambition de l’évènement est la même depuis sa création, en 2015 : permettre la diffusion d’œuvres d’artistes palestiniens ou évoquant la Palestine, pour mettre en valeur la qualité du cinéma palestinien et sa diversité. « L’objectif est de dépasser les restrictions imposées par les frontières, d’offrir aux artistes la possibilité de rencontrer leurs publics et de créer un espace de discussions autour du cinéma palestinien, peu diffusé en France », explique Rawan Odeh, co-fondatrice du festival.

Un cinéma singulier, « engagé, indépendant, intime »

Chaque année, une sélection très qualitative de films, anciens ou plus récents permet de se plonger dans un cinéma singulier, « engagé, indépendant, intime », selon l’expression de Riccardo Bocco, spécialiste de la représentation cinématographique du conflit israélo-palestinien. La cause palestinienne a longtemps été le moteur des premiers films produits dans la région.

« Dans les années 1970, l’Organisme de cinéma palestinien (OCP), fondé par Hani Jawhirriya entendait mettre le cinéma tout entier au service de la révolution palestinienne. Le style a évolué avec la décennie suivante pour aller vers un langage plus esthétique », expose le documentaliste Benjamin Bibas dans le Monde Diplomatique. Michel Khleifi reste l’un des réalisateurs les plus emblématiques de cette période, avec des films comme Noces en Galilée, grand classique du cinéma palestinien.

« Aujourd’hui, c’est un cinéma qui gagne beaucoup de prix alors même que les territoires n’ont pas d’écoles de cinéma », s’enthousiasme Rawan Adeh qui perçoit une nouvelle évolution ces dernières années : « Il y a une forme de maturité du secteur, qui commence à s’éloigner du documentaire pour raconter la Palestine avec de la fiction. »

Si l’édition 2019 était tournée vers la production cinématographique de la bande de Gaza, le festival propose cette année un focus sur Jérusalem. « Nous voulions mettre en lumière les bouleversements politiques et sociaux qui ont frappé la ville ces dernières années, raconte la co-fondatrice du festival. Il s’agit de dépasser cette image de lieu saint des trois grandes religions monothéistes et d’en présenter une vision alternative, en faisant parler son histoire, son architecture et ses habitants. »

Arcanes inconnues de Jérusalem

Covid oblige, les organisateurs ont dû resserrer leur sélection de films. La découverte de ces arcanes inconnues de Jérusalem se fera grâce à un film : « Song of a narrow path », (La chambre noire de Jérusalem, en français), documentaire de Akram Safadi réalisé en 2000. Visible en ligne dimanche 15 novembre à partir de 12h, le film esquisse le portrait d’une Jérusalem disputée, déchirée et divisée. « Loin de la clameur des médias et de la politique, le film s’appuie sur le vécu de trois personnages palestiniens — leurs passions, souvenirs et renoncements douloureux », résume le synopsis. Un débat avec le réalisateur, photographe palestinien vivant à Jérusalem, aura lieu sur Zoom à 17h le même jour, pour approfondir les histoires racontées.

Le traditionnel concours de court-métrage « New Generation », qui permet de soutenir les étoiles montantes du cinéma palestinien, s’est tenu mardi 10 novembre. Le jury a récompensé, Mohammed Almughanni pour son film « Son of the Streets ». Dans un documentaire de 30 minutes, le jeune réalisateur retrace le parcours d’un jeune Palestinien, né dans un camp de réfugiés au Liban, et qui n’arrive pas à obtenir une carte d’identité prouvant son existence.

Le prix du public est quant à lui revenu à Mahmoud Salameh pour « Freedom is mine », un petit film d’animation de 3 min qui illustre la tentative de fuite d’un homme par la mer. Perdu sur son radeau de fortune, il est sauvé par une patrouille côtière.

Les cinq court-métrages en compétition sont à revoir librement sur le blog de Médiapart, partenaire de l’évènement.

La programmation du 6e Festival Ciné-Palestine en détail : www.festivalpalestine.paris/programmation

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