Actualité et archéologie du Moyen-Orient et du monde de la Bible

Les harmonies du chant, la musique du dialogue

Fr. Alberto Pari Chargé du dialogue œcuménique et interreligieux, custodie de Terre Sainte, Jérusalem
30 septembre 2019
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Depuis à peu près quatre ans, j’ai le privilège de faire partie de l’univers de l’Institut Magnificat, l’école de musique de la custodie de Terre Sainte à Jérusalem. L’Institut est né en 1995 du désir d’un frère musicien de créer un petit groupe de chanteurs ; les premiers à bénéficier de leçons de chant et de piano étaient des enfants de la vieille ville, chrétiens catholiques. Autour d’un piano légèrement désaccordé, les voix se sont croisées avec la curiosité de découvrir les noms des notes, les harmonies du chant et le monde mystérieux et fascinant de la musique. Rapidement la nouvelle qu’un frère offrait gratuitement des leçons de musique et de chant se répandit et le nombre de familles intéressées augmenta, tout comme le nombre d’élèves. Bientôt, il apparut clairement à tout le monde qu’il était nécessaire de disposer d’un espace où il serait possible de mettre d’autres pianos, de recruter des professeurs et de structurer le calendrier et les horaires de cours. Le manque de professeurs de musique issus du monde arabo-chrétien a immédiatement ouvert la possibilité, plus que jamais, d’une collaboration avec des personnes d’autres religions, en particulier du judaïsme.
On se demandait s’il était possible d’ouvrir les portes aux professeurs juifs, en particulier aux femmes, qui viendraient dans les locaux d’un couvent franciscain de la custodie pour enseigner aux enfants palestiniens chrétiens de la vieille ville. Très naturellement, les portes s’ouvrirent à tous, chrétiens de toutes confessions, juifs, musulmans, qu’ils fussent étudiants ou professeurs, et le Magnificat devint un laboratoire de coexistence pacifique, sans étiquette ni discrimination. Il n’y a de place que pour la musique et la beauté.

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La musique œuvre au cœur

L’authenticité des relations assure un accueil parfois surprenant ; l’émerveillement est si grand, par exemple, lorsqu’en traversant les couloirs de l’école, je vois un professeur juif israélien enseigner à un Palestinien musulman de Ramallah et qui créent ensemble une harmonie surprenante. De même, lorsque les familles attendent dans le hall de l’école la fin des cours de leurs enfants, elles tissent de nouvelles amitiés et organisent rencontres et invitations à dîner, sans aucun préjugé. Aujourd’hui, l’Institut Magnificat compte plus de 220 étudiants, 28 enseignants et 2 secrétaires. Depuis quelques années, il est officiellement devenu une annexe du conservatoire A. Pedrollo de Vicence en Italie et, grâce à une convention approuvée par le ministère italien de l’Éducation, de l’Université et de la Recherche, il délivre des diplômes reconnus au niveau européen. La particularité d’être une école ouverte au dialogue œcuménique et interreligieux et un centre d’éducation artistique de haut niveau, fait que de nombreuses représentations diplomatiques nous invitent à animer musicalement des conférences, des congrès et des réceptions. Récemment, nous sommes allés au consulat italien. L’ensemble vocal du Magnificat a eu aussi le plaisir d’être invité à la réception de la délégation apostolique de Jérusalem avec un orchestre de musique de chambre pour cordes à l’occasion de la fête des saints Pierre et Paul. Parmi les prochains rendez-vous le concert d’ouverture du festival du film religieux à Trente (Italie) début octobre.
La musique comme outil de dialogue est la langue enseignée au Magnificat et nous sommes certains que le nom de l’Institut ne saurait être autre que celui-ci : le chant de la Vierge qui, pour exalter la grandeur du Tout-Puissant, éclate en un poème de louange et d’actions de grâce. Ce sont les sentiments qui chaque jour animent nos activités. ♦

Dernière mise à jour: 08/04/2024 11:36

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