Ramallah est devenu, à défaut de Jérusalem, la capitale économique et administrative de l’Autorité palestinienne. Je ne connais pas trop la ville en elle-même, il faut dire qu’il n’y a pas grand-chose à visiter à part la tombe d’Arafat à côté du palais présidentiel palestinien dont le nom, Mouqhata’a, est l’air de rien assez difficile à prononcer.
Je me souviens y être allée avec un groupe de prêtres italiens, tous joueurs de la même équipe de foot et en visite officielle auprès de l’Autorité palestinienne. Ils venaient de déposer une gerbe sur la tombe du défunt Président. Ils observèrent une minute de silence puis le capitaine, ouvrant ses mains en offrande, entonna un Notre Père à voix haute et l’équipe enchaîna devant les policiers de faction qui ne comprenaient pas un traître mot. C’était cocasse.
Vraiment à part quelques vieilles maisons, dont certaines sont en cours de restauration, il n’y a pas grand-chose à voir à Ramallah. Du point de vue occidental, ça ne ressemble guère à une capitale. C’est construit de bric et de broc ; tout ce qui ressemble à un tuyau ou à un fil électrique est forcément tout emberlificoté ; les façades des immeubles sont couvertes de publicités, en fait tout le centre-ville n’est plus fait que de publicités qui traduisent le boum économique dont jouit la ville. C’est un peu le miroir aux alouettes de la Cisjordanie et de la politique de l’Autorité palestinienne, encore qu’il y ait de beaux développements aussi à Naplouse ou à Djenin, ainsi qu’à Gaza.
En fait, l’intérêt de Ramallah c’est son atmosphère, sa vie culturelle et politique. Si à Jérusalem-Est tout est à peu près mort à 19 heures, Ramallah, elle, vit, se distrait, s’amuse. Il y a beau y avoir une colonie israélienne qui la surveille, ici on en oublierait presque les Israéliens. On est palestinien et on ne demande qu’à vivre de préférence tranquille.
Ramallah c’est le passage obligé de toutes les délégations en visite dans les Territoires. Aussi Ramallah aime-t-elle particulièrement se parer des atours de la souveraineté. Il y flotte toujours des drapeaux palestiniens, on y assiste régulièrement à des défilés de militaires ou de scouts ou des deux.
Depuis septembre, sur la grande place, grande comme un rond-point breton (qui sont parfois larges) trône une grande chaise de bois aux couleurs de l’ONU : bleu et logo, placée là pour symboliser la demande d’adhésion de la Palestine aux Nations Unies. Elle symbolise l’espoir d’un peuple, l’espoir d’en finir avec l’occupation, avec le déni, avec la précarité, la pauvreté, l’enfermement. L’espoir d’être une Nation à part entière avec des droits et des devoirs.
Le jour où la photo a été prise, c’était l’effervescence, Mahmoud Abbas rentrait de New-York après y avoir plaidé le cas de la Palestine. Les shebabs (jeunes gens) avaient le sourire de ceux qui ont entrevu un avenir, les cars de polices ramassaient des escouades de militants (policiers ou soldats en civils) apportant les portraits d’Abou Maazen. Tous sont allés accueillir le raïs, le patron, le chef soit pour célébrer le tour pendable qu’il venait de jouer à la face du monde, soit parce que c’est cela la vie de militants du Fatah. En tous les cas. il plane sur Ramallah depuis ce jour-là, un autre accent de souveraineté, au-delà du réel.
Dernière mise à jour: 31/12/2023 18:05
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