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Annexion israélienne de zones en Cisjordanie : réactions de la communauté internationale

Claire Riobé
24 avril 2020
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Annexion israélienne de zones en Cisjordanie : réactions de la communauté internationale
Des manifestants palestiniens tiennent des photos de Donald Trump, Mike Pompeo et Benjamin Netanyahu lors d'une manifestation à Naplouse (Cisjordanie), le 26 novembre 2019. ©Nasser Ishtayeh/Flash90

L'accord de coalition de Netanyahu et Gantz stipule que l'annexion de la vallée du Jourdain et des implantations en Cisjordanie pourra faire l'objet d'un vote dès le 1er juillet. L’Union Européenne et l’Onu ont réagi ces derniers jours. 


Le nouveau Gouvernement israélien a désormais le champ libre, et en profite. Quelques jours seulement après l’accord de coalition passé entre le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et le chef du parti Bleu et Blanc, Benny Gantz, le très débattu sujet de l’annexion du Jourdain en Cisjordanie revient mystérieusement sur la scène politique israélienne. Et n’a jamais semblé aussi près d’être mis en oeuvre.

Souvenez-vous : c’était le 28 janvier dernier, à la Maison Blanche. Donald Trump, dans une allocution en direct diffusée sur des dizaines de chaînes télévisées, dévoilait au monde entier son plan de paix pour le Moyen-Orient (aussi appelé “Accord du siècle”). Un plan dont le contenu a été immédiatement salué par Israël, et rejeté par les Palestiniens. Parmi les mesures annoncées, l’annexion de la vallée du Jourdain et de toutes les colonies de Cisjordanie cristallisait en particulier les tensions. L’action, illégale au regard du droit international, n’a pas empêché Benjamin Netanyahu comme Benny Gantz, en pleine campagne pour les élections législatives israéliennes, d’annoncer leur ferme soutien au plan de paix américain.

1er juillet 2020 ?

Trois mois plus tard, les deux hommes se sont mis d’accord pour former un nouveau gouvernement “d’urgence nationale”, dans le cadre de la crise du coronavirus. Les premières complications sanitaires passées (le gouvernement doit annoncer ce vendredi des premières mesures de déconfinement), la question de l’annexion de la Cisjordanie a vite été remise sur la table. 

Parmi les clauses paraphées dans l’accord du 20 avril 2020, l’une stipule que l’annexion de la vallée du Jourdain et de toutes les implantations en Cisjordanie pourra faire l’objet d’un vote au sein du cabinet, ou de la Knesset, dès le 1er juillet. Le gouvernement israélien doit cependant obtenir d’ici)là le feu vert du gouvernement américain. Toujours selon les termes de l’accord, la formation centriste Bleu et Blanc n’est pas autorisée à faire obstruction à un vote sur le sujet, mais ses députés ne sont pas obligés de voter en faveur de l’annexion de la vallée du Jourdain.

Réactions à l’international

De nombreuses réactions se sont faites entendre ces jours-ci. Le ministre irlandais des Affaires étrangères, Simon Coveney, a mis en garde le nouveau gouvernement israélien contre l’application de la souveraineté israélienne à certaines parties de la Cisjordanie.

“[…] Je pense qu’il est important, en tant qu’ami et partenaire d’Israël, d’être très clair sur la gravité d’une telle mesure. L’annexion de territoires par la force est interdite par le droit international, y compris la Charte des Nations unies […]. C’est un principe fondamental dans les relations entre les États et l’État de droit dans le monde moderne. Aucun État ne peut ignorer ce principe à sa guise », a-t-il indiqué dans sa déclaration. 

« L’annexion constituerait une violation grave au droit international »

De son côté, l’Union européenne a de nouveau exprimé hier, jeudi, son opposition à l’annexion de la Cisjordanie. “L’Union européenne réitère que toute annexion constituerait une violation grave du droit international. [Elle] continuera à suivre de très près la situation avec ses répercussions plus larges, et agira en conséquences”, a déclaré le ministère des Affaires étrangères de l’Union européenne, Josep Borrell, dans un communiqué.

Tout en soulignant que l’UE ne reconnaissait pas la souveraineté israélienne en Cisjordanie, M. Borrell a également déclaré que la communauté travaillerait étroitement avec le nouveau gouvernement israélien pour lutter contre le coronavirus. Une déclaration dénoncée le ministère israélien des Affaires étrangères, dans les heures qui ont suivies. 

Le même jour, l’Onu a également réagi à travers son coordinateur spécial pour le Proche-Orient, Nickolay Mladenov. Ce dernier a mis en garde contre une annexion par Israël de zones en Cisjordanie, qui représenterait un “coup dévastateur à la solution à deux États” préconisée par la communauté internationale. 

« Un coup dévastateur à la solution à deux Etats »

Il a également affirmé : “La perspective dangereuse d’annexion par Israël de parties de la Cisjordanie occupée est une menace croissante. Si une telle décision était mise en oeuvre, elle constituerait une violation grave du droit international, porterait un coup dévastateur à la solution à deux États, fermerait la porte à un renouvellement des négociations et menacerait les efforts visant à faire avancer la paix régionale”. 

« J’engage fermement les dirigeants israéliens et palestiniens à prendre des mesures vers la paix, à rejeter les mouvements unilatéraux qui ne feront qu’approfondir le fossé entre les deux peuples et saper les chances de paix », a-t-il ajouté.

Mercredi, le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo s’en était remis à l’Etat hébreu pour décider “en dernier ressort”  d’annexer ou non des pans entiers de la Cisjordanie, explique le Times Of Israël dans un récent article.

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