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Netanyahou le retour: Israël à droite toute

Christophe Lafontaine
3 novembre 2022
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Le chef du parti Likud, Benjamin Netanyahu, s'adresse à ses partisans la nuit des élections israéliennes, au siège du parti à Jérusalem, le 2 novembre 2022 ©Olivier Fitoussi/Flash90

Le parti de droite de l’ancien Premier ministre Benjamin Netanyahou est arrivé le 1er novembre en tête des législatives. De quoi lui permettre de former une coalition avec ses alliés ultra-orthodoxes et d’extrême droite.


Avec un taux de participation de 71,3 %, les Israéliens se sont largement mobilisés mardi pour le cinquième scrutin législatif en moins de quatre ans. Avec près de 93 % des bulletins de vote dépouillés, Benjamin Netanyahou, 73 ans, est sorti en tête des urnes, avec son parti de droite, le Likoud, qui aurait remporté 32 sièges sur 120. Loin devant les 24 sièges crédités à Yesh Atid (« il y a un avenir »), le parti du Premier ministre sortant Yaïr Lapid qui était jusque-là à la tête d’une coalition très hétérogène de la droite dure au centre gauche, intégrant pour la première fois un parti arabe et ayant pour dénominateur commun « Tous sauf Netanyahou ».

Mais malgré ses casseroles judiciaires pour corruption, trafic d’influence et détournements de fonds dans une série d’affaires, Benjamin Netanyahou devrait logiquement prendre la tête d’une coalition de droite dure avec à ses côtés l’extrême droite et les partis religieux. De fait, dans une petite semaine, le président israélien Isaac Herzog recevra les résultats officiels des élections certifiés par la commission électorale centrale.

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Et, selon la loi israélienne, le chef de l’Etat aura alors jusqu’au 16 novembre pour confier la tâche de former un gouvernement à celui qu’il estime avoir le plus de chance d’y parvenir. En l’occurrence, Benjamin Netanyahou qui serait en mesure de former avec ses alliés une coalition majoritaire de 65 députés sur 120 à la Knesset, soit quatre députés de plus que la majorité. Un résultat confortable qui mettrait fin à une crise politique qui dure depuis quatre ans après une série d’élections qui ont, soit échoué à déboucher sur la formation d’une coalition, soit vu deux coalitions fragiles péricliter rapidement.

Le nouveau gouvernement Netanyahu devrait être ainsi composé de partis de droite, dont le Likoud et à ses côtés un bloc constitué de l’extrême droite (a priori 14 députés) et de la droite ultraorthodoxe (a priori 19 députés). Cette coalition serait la plus à droite de l’histoire du pays.

Percée des ultra-nationalistes et gauche moribonde

Israël a compris depuis des années qu’il ne fallait jamais croire que Benjamin Netanyahou était mort politiquement. Chef du gouvernement de 1996 à 1999, puis de 2009 à 2021, il entamerait après une année et demi sur les rangs de l’opposition, son troisième mandat de Premier ministre d’Israël. Connu pour être opposé au processus de paix israélo-palestinien des années 1990, il défend une vision de l’Etat d’Israël comme « Etat juif » avec des frontières s’étendant jusqu’à la Jordanie, d’où ses déclarations en faveur de l’annexion de pans de la Cisjordanie occupée et de mesures favorisant les colonies.

Ensuite, il faut souligner la percée des ultra-nationalistes qui deviennent la troisième force politique du pays avec 14 sièges soit le double de l’assemblée sortante.  Bezalel Smotrich, chef du parti sioniste religieux, s’est réjoui de pouvoir former « un gouvernement nationaliste de droite, juif et sioniste ».  Bezalel Smotrich est ouvertement hostile aux Arabes (20 % des Israéliens) et aux LGBT.

Par ailleurs, « Force juive » (OtzmaYehudit), le parti d’Itamar Ben-Gvir, qui fait partie du même ticket que le parti sioniste religieux, sort aussi gagnant des élections et inquiète les membres de la minorité arabe d’Israël comme les Palestiniens. Inspiré par le rabbin suprémaciste juif Meir Kahane, assassiné en 1990, Ben Gvir admire en outre Baruch Goldstein qui, en 1994, assassina 29 Palestiniens priant au Caveau des patriarches de Hébron. Face à ces résultats, le quotidien libéral Haaretz a dit craindre une « révolution de droite religieuse et autoritaire, dont le but est de détruire l’infrastructure démocratique ».

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Les deux leaders radicaux pourraient réclamer des ministères régaliens ou de premier plan en exigeant par ailleurs des réformes judiciaires de grande envergure. Tout cela risque de compliquer les négociations de Netanyahu pour former sa coalition et de se répercuter sur la scène internationale, notamment dans les relations avec les américains ou les pays arabes avec qui la normalisation de relations diplomatiques est engagée ou envisagée.

Par ailleurs, le Parti travailliste est littéralement moribond avec 4 députés contre 44 sièges il y a 30 ans, et le Meretz (gauche radicale) ne franchirait pas le seuil d’éligibilité de 3,25 % des suffrages pour espérer entrer au parlement israélien. Autrement dit,« YeshAtid », le parti de YaïrLapid a siphonné une bonne partie des voix de la gauche.

Enfin, les partis arabes, hostiles au bloc de droite de Benjamin Netanyahu se sont présentés en ordre dispersé. Le parti arabe Balad ne franchirait pas le seuil des 3,25%. En revanche la Liste arabe unie et Hadash-Ta’al auraient chacun cinq sièges.

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