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A Rome, le Pape a salué la famille de Shireen Abu Akleh

Christophe Lafontaine
27 octobre 2022
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Le Pape François saluant le 26 octobre au Vatican la famille de la journaliste palestino-américaine, Shireen Abu Akleh, tuée à Jénine le 11 mai dernier ©Vatican Media  

Six mois après la mort de la journaliste palestino-américaine Shireen Abu Akleh lors d’un raid israélien dans le camp de réfugiés de Jénine en Cisjordanie occupée, sa famille a pu saluer le 26 octobre le Pape au Vatican.


C’est une rencontre et un soutien que la famille de la journaliste palestinienne demandait depuis longtemps. L’Osservatore romano, le journal officiel du Vatican, a rapporté mercredi 26 octobre que les proches de la journaliste Shireen Abu Akleh, avait le même jour pu saluer le pape François au Vatican. 

La correspondante d’al- Jazeera dans les territoires palestiniens a été tuée le 11 mai dernier alors qu’elle couvrait un raid de l’armée israélienne dans le camp de réfugiés de Jénine en Cisjordanie occupée. Elle portait un casque et un gilet de protection marqué du mot « presse » lorsqu’elle a été abattue.

Agée de 51 ans et forte de 25 années de journalisme, elle était considérée comme l’une des reporters les plus chevronnées du Moyen-Orient et comme la « voix de la Palestine ». Sa mort il y a six mois a provoqué une véritable onde de choc dans la région. Le 5 septembre dernier, l’armée israélienne a admis timidement avoir pu la tuer. En juillet, les proches de Shireen Abou Akleh, détentrice également de la citoyenneté américaine, ont rencontré le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken.

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Le président palestinien Mahmoud Abbas en septembre a déclaré que les Etats-Unis devaient poursuivre Israël pour la mort de la journaliste. Aussi, à la fin du même mois, les proches de Shireen Abu Akleh ont déposé une plainte officielle auprès de la Cour pénale internationale (CPI) pour demander justice pour sa mort.

Et mercredi 26 octobre, à l’issue de l’audience générale du Pape sur la place Saint-Pierre au Vatican, ils ont pu rencontrer le Pape François et le Secrétaire d’Etat du Vatican, le cardinal Parolin en lui tendant une photo de Shireen Abu Akleh. Etaient présents le frère de la journaliste, Anton, avec son épouse et ses deux filles, accompagné du Père Ibrahim Faltas, vicaire de la Custodie de Terre Sainte. La famille Abu Akleh est de rite grec-melkite catholique.

Le soutien du Saint-Siège

Si la rencontre fut assez brève, pour le frère de la journaliste, cité par AsiaNews, elle était tout de même « importante et émouvante ». Une rencontre qui, selon ses mots, a donné encore plus de « force » à la lutte « pour la vérité et la justice (…) que nous menons au nom et pour le compte de tout le peuple palestinien », a-t-il ajouté auprès de l’agence de presse catholique.

« Pour notre famille, pour nous qui sommes chrétiens, la proximité du pontife et du cardinal est très importante. » Mais la solidarité « doit s’accompagner de justice et les responsables doivent répondre de leurs actes » devant un tribunal « pour que cela ne se reproduise plus ». Le frère de la journaliste a également déclaré avoir remercié le Pape et le cardinal Parolin d’avoir évoqué le mort de Shireen Abu Akleh à l’Onu.

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De fait, devant l’Assemblée générale des Nations Unies, qui s’est tenue à New York en septembre dernier, le Vatican avait condamné, par l’intermédiaire du cardinal Parolin, le meurtre de la journaliste et les violents troubles qui avaient eu lieu lors de ses funérailles à Jérusalem.

« Le Saint-Siège – avait alors affirmé le prélat – ne cesse de suivre avec préoccupation la question palestinienne et le conflit qu’elle engendre, et souhaite exprimer sa proximité avec le peuple palestinien pour les souffrances causées par l’assassinat de la journaliste Shireen Abu Akleh lors du conflit armé entre l’armée israélienne et certains Palestiniens le 11 mai à Jénine (Palestine), que la journaliste ne faisait que documenter. » Il avait également exprimé la préoccupation du Saint-Siège pour les tensions survenues lors des funérailles quand la police israélienne avait agressé les porteurs du cercueil et failli le faire tomber.

Une messe à Rome

« Le Saint-Siège – avait encore déclaré le Secrétaire d’Etat du Vatican – exprime non seulement ses vifs regrets pour ce meurtre [celui de Shireen Abu Akleh, ndlr], mais aussi pour les autres meurtres qui se sont intensifiés ces derniers mois, mais il ne peut pas oublier d’exprimer l’horreur face à ce qui s’est passé lors  [de ses] funérailles », soulignant que « la dignité et le respect du défunt précèdent toute considération de sécurité, et quiconque s’y soustrait ne saurait être responsable de l’ordre public. »

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En fin d’après-midi hier, après la rencontre au Vatican, une messe a été célébrée en mémoire de la journaliste chrétienne à Rome dans la basilique Santa-Maria in Cosmedin appartenant à l’Eglise grecque-catholique melkite.

La messe était à l’initiative du Patriarcat grec-catholique melkite d’Antioche et du Comité présidentiel pour les affaires ecclésiastiques en Palestine. Des envoyés près le Saint-Siège, des représentants du Vatican et des envoyés arabes en Italie ont assisté à la messe commémorative.

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