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Israël : vers un 5e scrutin législatif en trois ans et demi

Christophe Lafontaine
21 juin 2022
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Le Premier ministre israélien Naftali Bennett et le ministre des Affaires étrangères Yair Lapid lors une conférence de presse conjointe au parlement israélien à Jérusalem, le 20 juin 2022 © Yonatan Sindel/Flash90


Les deux chefs de la coalition au pouvoir en Israël depuis un an, ont déclaré le 20 juin qu'ils voulaient présenter un projet de loi pour dissoudre le Parlement. De nouvelles élections devraient être organisées cet automne.


C’est reparti pour un tour. En tenant compte des contraintes légales et des fêtes du nouvel an juif, de nouvelles élections législatives en Israël ont de forte chance de se tenir le 25 octobre prochain, selon les médias israéliens. La 24e Knesset, la chambre parlementaire israélienne, devrait ainsi bientôt tirer sa révérence après un an d’existence.

« Mon ami, le ministre des Affaires étrangères, et moi-même avons décidé ensemble de dissoudre le Parlement et de nous entendre sur une date pour la tenue de nouvelles élections », a déclaré dans un discours diffusé hier sur toutes les chaînes israéliennes, le Premier ministre Naftali Bennett aux côtés de Yaïr Lapid, le chef de la diplomatie israélienne.

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Un projet de loi en ce sens sera présenté à la Knesset la semaine prochaine. Si la dissolution de la Knesset est à terme validée par le Parlement, ouvrant la voie à des élections anticipées, l’Etat hébreu connaîtra son cinquième scrutin législatif en trois ans et demi depuis les élections de la 21e Knesset en avril 2019.

Alliance disparate

Un bousculement politique qui intervient quelques semaines avant la visite, le mois prochain, du Président américain, Joe Biden…

Pour Yohanan Plesner, président de l’Institut démocratique d’Israël, un centre d’analyse basé à Jérusalem, la décision de dissoudre la Knesset témoigne d’une chose, a-t-il confié à l’AFP, à savoir : « la pire crise politique de l’histoire politique d’Israël n’a pas pris fin avec l’arrivée au pouvoir » de la coalition. 

En juin 2021, après plusieurs scrutins n’ayant débouché sur aucune formation gouvernementale, le nationaliste Nafatli Bennett et le centriste Yaïr Lapid avaient réussi in extremis à former la coalition la plus diversifiée de l’histoire du pays rassemblant huit partis – dont une formation arabe – idéologiquement mixtes, venus de la droite, du centre, et de la gauche.

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L’alliance disparate avait pour dénominateur commun le désir d’empêcher Benjamin Netanyahu – dont un procès pour corruption a commencé en mai 2020 – de rester au pouvoir. Avec ses alliés des partis ultra-orthodoxes et de l’extrême droite, ce dernier a occupé le poste de Premier ministre pendant 12 ans de suite.

Une coalition instable 

Mais la coalition Bennett/Lapid n’aura duré finalement qu’un an. Elle peut se targuer d’avoir réussi dans ce laps de temps, en novembre 2021, à faire adopter le budget de l’Etat pour 2022. Ce qui fut une première en près de quatre ans d’impasse politique. Mais les deux chefs de l’actuelle coalition agonisante ont expliqué dans un communiqué publié avant leur déclaration hier au Parlement, « avoir épuisé toutes les tentatives de stabiliser la coalition ».

Cette dernière, depuis plusieurs semaines, était divisée sur des questions politiques majeures telles que le conflit israélo-palestinien et les questions d’Etat et de religion.

Disposant d’une seule voix de majorité à la Knesset, la coalition avait déjà pris un sacré coup dans l’aile après le départ officiel en avril d’une députée du parti Yamina de Naftali Bennett et les menaces répétées de défection de la part de Nir Orbach, lui aussi député issu du même parti, n’ont rien arrangé.

Une loi fatale

Aussi, le 6 juin, le coup final porté au gouvernement a été l’expiration imminente d’une loi accordant aux 475 000 colons israéliens en Cisjordanie occupée, l’application des lois israéliennes. En vigueur depuis 1967, soit depuis le début de l’occupation israélienne de la Cisjordanie, cette loi est automatiquement ratifiée tous les cinq ans par le Parlement.

Toutefois, deux députés de la coalition se sont rebiffés et ont apporté leurs voix à celles de l’opposition pour faire échouer le vote en première lecture. L’opposition soutient pourtant en grande partie cette loi mais elle avait formé stratégiquement l’espoir de voir éclater au grand jour les tensions internes régnant dans la coalition, afin de l’embarrasser au plus haut point et de hâter ainsi la fin du gouvernement.

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La loi en question devait être renouvelée d’ici le 30 juin. Ce qui ne pouvait plus être le cas à l’issue du vote des parlementaires. Toutefois, en cas de dissolution de la chambre, la loi est automatiquement prorogée jusqu’à la formation d’un nouveau gouvernement. C’est donc ce blocage législatif qui aura poussé la coalition Bennett/Lapid à décider de dissoudre le parlement. « Avec l’expiration de cette loi, Israël risquait de sérieux problèmes sécuritaires et un chaos légal. Je ne pouvais admettre cela », a justifié Naftali Bennett. 

On reprend les mêmes et on recommence ?

Si des élections se confirment, elles se concentreront probablement sur la question de l’éventuel retour de Benjamin Netanyahu au pouvoir. Pour Benjamin Netanyhau qui a réagi après la déclaration de Bennett et Lapid, « il est clair pour tous que le gouvernement le plus défaillant de l’histoire a terminé son parcours ». L’ex-Premier ministre n’a pas caché son ambition de vouloir réunir « une majorité de droite » dans un « gouvernement stable et fort » plutôt que chercher à rallier un parti arabe.

Pour autant, l’issue du scrutin reste incertaine. D’après les derniers sondages d’opinion, le Likoud de Benjamin Netanyahu sortirait vainqueur des urnes, mais il loin d’être certain que le parti de droite puisse dépasser le seuil de la majorité de 61 députés sur 120, requise pour former un nouveau gouvernement. Et ce, même avec les partis ultra-orthodoxes et de l’extrême-droite.

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Pour l’heure, si le projet de loi visant à dissoudre le Parlement est bien adopté par les députés, Yaïr Lapid endossera le costume de Premier ministre d’Israël par intérim pour expédier les affaires courantes jusqu’à l’assermentation d’un nouveau gouvernement, selon les termes prévus dans l’accord de coalition Bennett/Lapid qui prévoyait une rotation entre les deux hommes à la tête du gouvernement en cas d’une telle dissolution.

Mais le provisoire pourrait durer, tant former une coalition s’avère un exercice compliqué quand les sondages prêtent quasiment les mêmes intentions de vote que ces dernières années et qu’Israël a déjà connu ces trois dernières années des scénarios d’impasse politique prolongée de ce type.

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