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A Nazareth, les communautés chrétiennes prises à partie par des musulmans

Cécile Lemoine
27 mars 2023
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Le sanctuaire musulman Shihab Al-Din sur la place qui jouxte la Basilique de l'Annonciation. Sur les panneaux : "Il n'y a de dieu que Dieu, Dieu est son messager Mohammed" ©Nati Shohat/Flash90

Trois actes d'intimidations se sont produits à l'égard des communautés chrétiennes de Nazareth en l'espace d'une semaine, alors que le Ramadan vient de commencer.


Il est un peu moins de 8 heures du matin, dimanche 26 mars, quand un jeune homme d’une trentaine d’années se présente dans l’église maronite de Nazareth (sanctuaire de Saint-Antoine). Kheffieh sur la tête, manteau sur les épaules et livre à la main, il demande à parler au prêtre. En plein préparatifs pour la messe, celui-ci refuse. Le trentenaire se poste alors sur le parvis et « commence à lire des passages du Coran parlant des infidèles et de leur châtiment » en parlant de plus en plus fort, raconte le communiqué de l’Eglise maronite publié peu après l’incident qui se terminera sur le départ du jeune homme, repoussé par un des fidèles présent, et une plainte à la police.

Cet évènement suit de quelques jours un autre incident, au monastère des soeurs Salésiennes de Nazareth. Directrices du lycée Don Bosco, les religieuses ont fait face à l’intrusion, jeudi 23 mars de « cinq personnes masquées non identifiées armées de bâtons », aux alentours de 20h15. « Ils ont sonné plusieurs fois. L’une des religieuses leur a ouvert la porte principale du monastère. Elle a été surprise par leur apparence. Ils portaient des masques noirs », écrivent les soeurs dans un communiqué.

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« Après être entré, l’un d’eux lui a demandé de dire « Ramadan Kareem » (« Joyeux Ramadan », le mois de jeûne musulman a débuté le 23 mars, ndlr) ». La soeur obtempère. L’homme lui ordonne ensuite : « Convertis-toi à l’Islam ». « Je suis née chrétienne et je mourrai chrétienne », lui répond alors la soeur, toujours selon le communiqué. En frappant sur la porte pour effrayer la religieuse, les hommes alertent le reste de la communauté qui finit par arriver. « Ils ont prononcé des paroles obscènes et faits des gestes immoraux, et après que les religieuses les ont suppliés de partir, ils sont partis. » La police a été appelée dans la foulée.

Le lycée Don Bosco des sœurs salésiennes domine la ville de Nazareth ©Cécile Lemoine/TSM

La semaine précédente, jeudi 16 mars, c’est l’école et le couvent des soeurs franciscaines de Nazareth qui ont été la cible de probables balles perdues, non loin de la Basilique de l’Annonciation. Les tirs se sont produits aux alentours de 18h30, alors que les religieuses étaient en prière dans l’église. Personne n’a été blessé. Le mystère demeure quant aux raisons de ces tirs, les coupables n’ayant été ni recherchés ni arrêtés par la police.

Lignes rouges

« C’est un précédent très dangereux. Cest la première fois qu’un tel incident se produit contre une école chrétienne en Israël. Nous prenons cet incident très au sérieux, car les monastères et nos écoles ont toujours été en dehors du cycle de violence qui se produit dans la société arabe », a condamné Mgr Rafic Nahra, vicaire patriarcal en Israël dans une lettre en hébreu rédigée à l’attention du ministre de l’Education israélien demandant une enquête approfondie.

La multiplication de ces violences inquiète les Eglises locales. Présents à Nazareth à l’occasion de la fête de l’Annonciation, le patriarche Latin de Jérusalem, Mgr Pierbattista Pizzaballa s’est rendu chez les soeurs salésiennes le 25 mars dans une visite de soutien, accompagné de Mgr Rafiq Nahra et de Mgr Yousef Matta, l’archevêque Grec-catholique d’Acre.

Visite de soutien des chefs des Eglises de Terre Sainte chez les sœurs salésiennes de Nazareth, le 25 mars ©LPJ

« Ces attaques franchissent toutes les lignes rouges, réagit frère Abdel Masih Fahim, secrétaire général de l’Office des écoles chrétiennes en Israël, d’autant plus que nos écoles œuvrent depuis leur création au service de toute la société, quelle que soit l’origine ou la religion des enfants. » Pour dénoncer « toutes les pratiques violentes de notre société », une journée de grève a été décrétée lundi 27 mars dans toutes les écoles chrétiennes de Nazareth.

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Le lendemain devrait être marqué par des activités éducatives spéciales : « Nous allons impliquer nos étudiants et notre personnel dans un dialogue où nous échangerons des idées sur la façon de purifier notre société, de la libérer du fléau de la violence, car les trésors du mal sont inutiles, mais la justice sauve de la mort », a indiqué le frère Abdel Masih Fahim dans un communiqué.

Nazareth est la plus grosse ville arabe du nord d’Israël. Parmi ses 78 000 habitans, 69% sont musulmans et 31% sont chrétiens. La criminalité, la violence et le trafic de drogue gangrènent une ville, qui, d’avis d’habitants, a été négligée par une municipalité corrompue ces 10 dernières années. Le parti arabe Balad a dénoncé le 25 mars des « attaques répétées » qui « reflètent la négligence et la complicité de la police avec la propagation de la violence et de la criminalité », soulignant que « ces crimes visent à fragmenter la société et à répandre un sentiment d’insécurité, même dans les lieux saints. »

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