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Le patriarcat grec-orthodoxe contraint par la crise de fermer une école

Rédaction
23 avril 2024
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Le patriarcat grec-orthodoxe contraint par la crise de fermer une école
L'école Mar Mitri - Saint-Dimitri - dans le paysage de la vieille ville de Jérusalem. ©Mar-Mitri FB Page

L’arrêt de l’industrie du tourisme n’est pas sans conséquences pour les institutions chrétiennes. Pour la première fois, une école est contrainte de fermer ses portes.


La communauté chrétienne de Jérusalem s’alarme sur la toile depuis 48 heures. L’annonce faite aux familles par le patriarcat grec-orthodoxe de la fermeture,  à la fin de l’année scolaire, de l’école Mar Mitri (Saint-Dimitri), porte de Jaffa, suscite un tollé.

Une manifestation s’est tenue ce matin devant l’entrée du patriarcat demandant l’annulation de cette décision.


Le patriarcat grec-orthodoxe fait falloir dans le courrier envoyé aux familles ses difficulté à en couvrir les frais de fonctionnement. « Nous avons décidé de fermer l’école en raison des coûts de fonctionnement élevés et de la grande pression financière qui pèse sur l’école. »

Contacté par Terre Sainte Magazine, le patriarcat fait explique que la crise économique de l’école couvait depuis plusieurs années. Le covid et aujourd’hui la guerre ont aggravé une situation difficile.

Cette crise ne touche pas seulement le patriarcat grec.  Elle illustre les difficultés de toutes les institutions chrétiennes de Jérusalem, Israël et Palestine pour couvrir les frais de leurs services à la communauté chrétienne, sachant que les Ecoles sont partout le poste de dépense le plus important. Jusqu’ici pourtant, les Eglises ont toutes tenu à bout de bras le système éducatif qu’elles tiennent pour capital dans l’éducation des jeunes chrétiens.

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“C’est un cercle vicieux, estime une personne proche du dossier. La plupart des familles chrétiennes estiment que les Eglises doivent couvrir les frais de scolarité de leurs enfants, tout ou partie, si elles veulent freiner l’émigration. Mais les Eglises ne peuvent pas tout assumer surtout pas quand elles-mêmes n’ont plus d’entrées financières à cause de la crise et l’absence de pèlerinages.”

A Jérusalem, 40% de la communauté chrétienne travaille dans l’industrie du tourisme qui est à l’arrêt depuis le début de la guerre début octobre 2023. Même si les employés touchent un chômage partiel, les négociants et auto-entrepreneurs sont eux sans ressource. Pour les Eglises aussi les pèlerinages sont une source importante de revenus, entre les dons, la vente d’objets religieux dans leurs magasins et surtout leurs hôtelleries qui non seulement leur permettent d’employer du personnel mais dont les bénéfices financent certaines de leurs activités dont les écoles.

“La fermeture de l’école Mar Mitri est temporaire, assure-t-on au patriarcat grec-orthodoxe. Elle sera effective à la fin de l’année scolaire.” Durant ce temps, l’école, ouverte en 1982, devraient connaître quelques aménagements.

« Les rumeurs de vente des locaux à la municipalité de Jérusalem sont infondées, assure-t-on au patriarcat. Les bâtiments font corps avec les nôtres. »
Les aménagements prévus préludent à une évolution de l’école. « Nous avons décidé de transformer l’école en une école pour les enfants en difficultés d’apprentissage scolaire à partir de l’année académique 2025/2026. Ce type d’école manque dans le panorama éducatif des écoles chrétiennes de la ville. »

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Mar Mitri est la seule école grecque-orthodoxe de Jérusalem. Le patriarcat compte en revanche plusieurs autres école en Cisjordanie et en Israël. Les parents d’élèves de Saint-Dimitri sont invités à trouver une autre école pour la prochaine rentrée scolaire. Mais pour eux l’annonce constituent un choc.

Sur un peu moins de 300 élèves, 40% sont chrétiens et peuvent espérer trouver une place dans une des cinq autres écoles de la vieille ville (il y en a deux autres dans le quartier de Beit Hanina). Les 60 % d’enfants musulmans bénéficient d’un choix d’écoles beaucoup plus important à Jérusalem, mais nombre de familles musulmanes préfèrent les écoles chrétiennes, réputées pour leur niveau d’enseignement et leur bonne tenue.

Les familles espèrent voir le patriarcat grec-orthodoxe revenir sur sa décision, l’avenir le dira, mais cette fermeture laisse entrevoir les difficultés présentes pour l’ensemble des Eglises dans un temps de crise pour elles toutes.

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