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Les bureaux de sept ONG palestiniennes fermés par l’armée israélienne

Cécile Lemoine
18 août 2022
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Les bureaux de sept ONG palestiniennes fermés par l’armée israélienne
Les bureaux de l'Union des comités de travail agricole condamnés après le raid israélien contre six groupes palestiniens de défense des droits de l'homme à Ramallah, en Cisjordanie, le 18 août 2022 ©Flash90

L'armée israélienne a perquisitionné les bureaux de sept ONG de défense des droits de l'homme, dans la nuit du 17 août, à Ramallah, en Cisjordanie. Considérées comme "terroristes" par Israël, ces organisations dénoncent une volonté de museler la société civile palestinienne.


Ils ont retrouvé les portes de leurs locaux scellées avec de grandes plaques de métal. Dans la nuit du mercredi 17 au jeudi 18 août, l’armée israélienne a pénétré dans les bureaux de 7 organisations de défense des droits de l’homme, à Ramallah en Cisjordanie. Après avoir confisqué du matériel, des documents et détruit des équipements de bureau, les soldats ont soudé les portes et laissé des ordres militaires de fermeture, au nom de « la sécurité dans la région et pour combattre l’infrastructure du terrorisme », peut-on lire sur les documents.

En octobre dernier, six de ces ONG avaient été placées sur la liste des organisations considérées comme « terroristes » par Israël, le gouvernement les accusant de financer le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), un groupe de résistance palestinien d’obédience marxiste doté d’une branche armée, plus faible que les groupes islamistes Hamas ou Djihad islamique. Toutes ont nié l’accusation.

 

Les ONG visées sont issues de la société civile. Parmi elles, al-Haq, la plus ancienne organisation de défense des droits de l’homme en Palestine, qui documente les violations des droits individuels et collectifs en Territoires palestinien ;  Addameer, qui soutient les droits des prisonniers politiques ; l’Union des comités de femmes palestiniennes (UPWC), qui promeut les droits des femmes ; l’Union des comités de travail agricole (UAWC), le Centre Bisan pour la recherche et le développement , ou encore la section palestinienne de Défense des enfants, une ONG basée à Genève. La septième organisation perquisitionnée par l’armée est l’Union des comités de santé (UHWC).

Museler la société civile

Dans la foulée de la classification israélienne, plusieurs Etats européens avaient temporairement gelé le financement de ces ONG, le temps d’examiner les preuves alimentant l’accusation. Le mois dernier, neuf pays dont la France ont finalement annoncé que « aucune information substantielle n’a été reçue d’Israël qui justifierait de revoir [leur] politique envers les six ONG palestiniennes« , qu’ils poursuivaient donc leur coopération et leur « ferme soutien à la société civile dans les Territoires palestiniens« . Le ministre de la Défense israélien a malgré tout ratifié la décision pour trois de ces organisations le 17 août, l’armée fermant donc leurs bureaux de Ramallah dans la nuit.

Pour les concernés, ces raids ne sont qu’une tentative supplémentaire de museler des organisations qui dénoncent l’occupation israélienne : « Il n’y a pas de preuves, pas même d’accusations concrètes, juste une volonté de faire échouer les enquêtes de la Cour pénale internationale, a réagi Michael Sfard, l’avocat de l’ONG Al Haq sur Twitter. À cette fin, Benny Gantz abuse de la loi antiterroriste et est prêt à museler la société civile palestinienne et à cibler les défenseurs des droits humains. Une intervention internationale est nécessaire. » « Israël tente de nous faire taire, mais nous n’arrêterons pas notre travail pour la défense des droits humains« , assure Shawan Jabarin, le directeur général de Al-Haq.

Pendant son incursion à Ramallah, l’armée israélienne a endommagé le complexe de l’église anglicane/épiscopale St. Andrew, qui loue un de ses locaux à l’ONG Al-Haq. « Les soldats ont saccagé l’entrée de l’église, brisant le verre de la porte et en faisant tomber la serrure« , précise l’institution religieuse dans un communiqué condamnant les pratiques israéliennes.

Amer, le député Sami Abou Shahadeh ne peut s’empêcher de noter la temporalité de l’opération : « C’est la campagne électorale la plus complète jamais menée : du bombardement de Gaza, au meurtre de civils en passant par les démolitions de maisons et à la fermeture des principales organisations des droits de l’homme en Palestine… Yaïr Lapid sait que le monde lui a donné le feu vert », écrit-il sur Twitter en référence au Premier ministre israélien qui jouera son poste lors des prochaines élections législatives, prévues pour le 1er novembre.

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