En ce “château du juif” on peut évoquer de nombreux épisodes bibliques, de Josué à Jésus, en passant par les prophètes. Et faire un geste lié à l’eau et à la fraternité.
Pendant des années, lorsqu’en pèlerinage on évoquait le baptême de Jésus, on le faisait au nord du lac de Tibériade, ou à son débouché sud au lieu appelé Yardénit (site aménagé par les protestants “évangéliques”). C’étaient les seuls lieux pour s’approcher du Jourdain.
Mais en 2011 l’État d’Israël a redonné accès à Qasr al-Yahoud : c’est là que les pèlerins, avant 1968 et depuis le IIIe siècle, se rendaient pour évoquer le baptême de Jésus par Jean Baptiste. Ils le faisaient sur ce côté du Jourdain ou sur la partie est, en Jordanie, “Béthanie au-delà du Jourdain” -Jn 1, 28- quand ils pouvaient s’y rendre. C’est d’ailleurs en Jordanie que trois papes sont venus prier. Benoît XVI et François n’ont visité que le site jordanien lors de leur pèlerinage en Terre Sainte, ce que les Jordaniens et les responsables de l’Église locale ont considéré comme une reconnaissance et une confirmation par le Vatican de l’authenticité du site.
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On s’attend à voir le fleuve Jourdain large comme le Nil ou l’Euphrate, alors que dans cette partie à l’est de Jéricho et à quelques kilomètres de la mer Morte, c’est un simple cours d’eau rempli de limon. Le lieu est certes bien différent de ce qu’il était à l’époque de Jésus, et peut paraître décevant, pourtant, il porte une symbolique bien plus riche, comme une “invitation”.
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De la Parole
Invitation à traverser les passages bibliques qui se situent ici, dans cette région, la plus basse du monde (-400 m sous le niveau de la mer).
C’est à cet endroit que les tribus israélites, sous la conduite de Josué, après le long exode dans le désert, franchirent le fleuve pour entrer en Terre promise (Jos 3-4). C’est là qu’ils reçurent aussi la circoncision (Jos 5, 2-12). Ici les gués seront empruntés par des fugitifs, comme David poursuivi par Saül (2 Samuel 17, 22).
Ici encore, les gestes des prophètes Élie et Élisée, venant de Jéricho, illustrent le caractère sacré du fleuve. C’est de là qu’Élisée vit son maître s’envoler sur un char de feu (2R 2, 1-18). Quelques années plus tard, Élisée invitera le général syrien Naaman, frappé de lèpre, à aller se purifier sept fois dans les eaux du Jourdain (2R 5).
Le lieu est certes bien différent de ce qu’il était à l’époque de Jésus, et peut paraître décevant, pourtant, il porte une symbolique bien plus riche, comme une “invitation”.
C’est enfin dans le Jourdain (Nahar ha-Yarden en hébreu et Nahr al-Urdun en arabe, selon le même verbe descendre) que le fils de Zacharie prêchera, au plus bas de la terre, un baptême de conversion. Baptisant Jésus, ils traversent ensemble l’histoire du Salut, avec tous leurs prédécesseurs, (Lc 3, 1-38 ; Jn 1, 19-51), confirmant que tout homme, toute femme à son tour, a à se purifier, à passer, traverser, se convertir.
Au geste
Invitation à poser un acte. Bien sûr, nous pouvons renouveler les promesses de notre baptême, en nous rappelant que nous sommes passés par le baptême dans la mort et la Résurrection avec le Christ, mais nous pouvons aussi nous porter les uns les autres dans les passages, les conversions, que chacun doit faire. Invitation à nous inscrire nous aussi, ici et maintenant, dans l’histoire du Salut, et non pas seulement à regarder les évènements bibliques comme une histoire ancienne sans incidence pour nous aujourd’hui.
A l’issue de cette célébration, si les prêtres accompagnateurs l’acceptent, les pèlerins pourraient prier pour eux, étendre la main sur eux, dans une prière de frères. Sur ce lieu de la manifestation trinitaire de Dieu, sur ce lieu de tant de passages, prier sur nos prêtres, sur leur sacerdoce ministériel comme au jour de leur diaconat, où ils ont accepté le service du peuple de Dieu, afin de nous accompagner dans nos Pâques.
Dernière mise à jour: 22/04/2024 10:16
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