Vendredi 27 juin, la Custodie de Terre Sainte a publié sur son site internet un communiqué de la professeure Francesca Stasolla. La directrice des fouilles lève un coin du voile sur les travaux archéologiques en cours dans la basilique du Saint-Sépulcre. On en sait un peu plus sur l’histoire du Tombeau vide de Jésus.
Du 27 juin aux premières heures du 3 juillet, le tombeau de Jésus était non seulement inaccessible aux pèlerins mais également aux religieux et moines qui assurent la prière quotidienne et continue dans le lieu le plus saint du christianisme.
Au lieu des prières et de processions, derrière les palissades de contreplaqués, s’activaient le balais des restaurateurs et des archéologues(Gig.1 ).
A l’occasion de la restauration du pavement de la basilique, les trois Eglises majeures gardiennes du Tombeau, ont donné la permission de conduire des fouilles archéologiques. Alors que les dalles autour de l’édicule ont déjà toutes été soulevées et les fouilles opérées, les travaux se poursuivaient ces dernières semaines dans le déambulatoire nord.
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Profitant d’une relative accalmie dans le flot ininterrompu des pèlerins, les équipes, en accord avec les Eglises, ont fermé l’accès au tombeau pour en enlever le dallage. Tandis que les restaurateurs s’occupaient à nettoyer les pierres qui seront replacées à l’identique, les archéologues s’affairaient à creuser et découvrir ce qui pouvait l’être.
Dans le quatrième communiqué de la professeure Stasolla publié sur le site la Custodie de Terre Sainte qui supervise les opérations, on apprend que « la fouille a révélé l’aménagement paléochrétien de l’édicule, auquel on accédait par deux marches de marbre blanc (Fig. 3). Devant lui s’étendait un sol de dalles de pierres dont des traces ont été retrouvées dans le mortier. Leurs dimensions et leur tracé peuvent être reconstitués. Ce sol se poursuit sur environ 6 mètres vers l’est (vers le catholicon grec NDLR), jusqu’à rejoindre un plan de grands blocs de pierres blancs bien lissés, disposés dans le sens nord-sud (Fig. 4). »
D’après la professeure Stasolla ce pavement est celui de la rotonde à la fin du IVe siècle, « comme l’atteste le trésor de monnaies trouvé » sous les dalles de pierres. Ce trésor est constitué de pièces dont les plus anciennes ont été émises par l’empereur Valens (364-378).
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D’autres éléments de maçonnerie « d’avant la fin du IVe siècle » permettent d’envisager d’autres stades de l’aménagement de la rotonde, mais doivent encore être étudiés pour permettre une hypothèse de reconstitution intégrale.
Toujours devant l’édicule, les archéologues ont retrouvé « des vestiges de la base de la balustrade de l’enceinte liturgique du XVIe siècle restés en usage jusqu’aux rénovations du XIXe siècle. » C’est l’édicule construit en 1555 par les Franciscains à l’époque du Custode Boniface de Raguse.
A la différence des travaux de restauration de l’édicule en 2016, les archéologues ont également pu travailler à l’intérieur du tombeau et découvert que « dans la chapelle de l’Ange, un sol en dalles de marbre gris reposait directement sur la paroi rocheuse » quand bien même on n’en retrouve que des fragments.
A l’état fragmentaire également des morceaux de murs orientés nord-sud. « Il doit s’agir, précise le communiqué, des bases des enceintes liturgiques mentionnées également par la pèlerine Egerie à la fin du IVe siècle (Fig. 6) ».
Au centre de la chapelle ont été retrouvé « des entailles dans la roche marquant l’emplacement du petit autel qui supportait une partie de la pierre fermant le tombeau ». De nos jours encore, un morceau de cette pierre est visible sous le verre, enchâssé dans un petit autel.
Les fouilles ont également permis d’en savoir plus sur l’aménagement médiéval, avec la découverte des restes d’un dallage en marbre présentant « des traces de fréquentation intense qui l’ont rendu extrêmement lisse ». Mais les archéologues ont également constaté que des aménagements avaient été fait dès l’époque paléochrétienne pour faciliter la visite de la tombe.
Le temps de l’archéologie n’est pas celui des scoops. On sait que la professeur Francesca Stasolla ne livre que la fleur de ses découvertes et qu’il faudra patienter quelques années avant que ne soit publié un rapport complet.
Sûrement fallait-il expliquer le désagrément causé à quelques milliers de pèlerins qui n’ont pu entrer dans le tombeau.
C’est la deuxième fois à l’époque moderne que l’édicule était fermé pour cause de travaux. La dernière fois, en octobre 2016, cela n’avait duré que 60 heures, dans le cadre des travaux de consolidation de l’édicule. A cette occasion, la dalle de marbre qui protège le banc funéraire sur lequel, selon la tradition, le corps de Jésus a été déposé avait été déplacé donnant lieu à ce que la presse avait titré « la découverte du tombeau ».