À Gaza, inscription en urgence de Saint-Hilarion sur la liste du patrimoine en danger
Aux dernières nouvelles, le site va bien. Situées sur les dunes de Nuseirat, au centre de la bande de Gaza, les ruines du monastère Saint-Hilarion sont pour le moment préservées des destructions et des bombardements israéliens qui touchent l’ensemble du patrimoine historique de l’enclave.
Conscient de la « menace » que représente le conflit en cours dans la bande côtière, le Comité du patrimoine mondial a eu recours à la procédure d’inscription d’urgence prévue par la Convention du patrimoine mondial : le 26 juillet dernier, le site de Saint-Hilarion (Tell Umm el-‘Amr) a rejoint la Liste du patrimoine mondial en même temps que celle du patrimoine mondial en péril. « Cette décision reconnaît à la fois la valeur du site et la nécessité de le protéger du danger », détaille le communiqué publié par l’UNESCO.
Seul monastère fouillé correctement à Gaza
Construit au IVe siècle, le monastère de Saint-Hilarion est l’un des premiers sites monastiques du Moyen-Orient. Fondé par Hilarion le Grand, né près de Gaza en 291 et premier moine palestinien, le monastère a jeté les bases de la vie monastique dans la région.
« C’est l’un des 16 monastères de la bande de Gaza répertoriés dans les sources byzantines. Le seul qui a été fouillé correctement, et c’est ce qui le rend important », détaille Jean-Baptiste Humbert, dominicain et archéologue de l’École biblique et archéologique française de Jérusalem, qui participé aux différentes campagnes de fouilles.
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Saint-Hilarion occupait une position stratégique, au carrefour des principaux axes de commerce et de communication entre l’Asie et l’Afrique. Un emplacement privilégié qui a facilité les échanges religieux, culturels et économiques, et illustre l’essor des monastères du désert pendant la période byzantine.
Bien conservé, le monastère était en cours de valorisation avant la guerre, avec la poursuite d’un programme de préservation, de médiation et de formation des étudiants récemment diplômés des universités de Gaza, initié par l’ONG Première urgence internationale.
« Symbole de ce qui aura survécu »
« L’inscription au Patrimoine n’est pas une récompense pour la beauté d’un site, estime Jean-Baptiste Humbert. Elle est surtout une mesure conservatoire pour le protéger, le garder pour la mémoire de l’humanité. »
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L’ajout sur la liste du patrimoine en péril ouvre automatiquement la porte à « des mécanismes internationaux renforcés d’assistance technique et financière pour garantir la protection du bien et, si nécessaire, pour aider à faciliter sa réhabilitation », explique l’UNESCO dans son communiqué.
« Vu le désastre culturel en cours, qui n’a de parallèle que la révolution culturelle chinoise, poursuit le frère Jean-Baptiste Humbert, le monastère de Saint-Hilarion doit être conservé au titre de symbole de ce qui aura survécu à la botte d’un état qui efface un patrimoine qui le gêne. »