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Le nouveau Consul général de Jérusalem réaffirme l’engagement de la France auprès des chrétiens

Cécile Lemoine
12 janvier 2024
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Le Consul général, Nicolas Kassianides, entouré des représentants des Eglises grecque-orthodoxe et arménienne, dans le Saint-Sépulcre ©Cécile Lemoine

Cinq mois après sa prise de fonction, Nicolas Kassianides a effectué la traditionnelle visite au Saint-Sépulcre le 11 janvier. Ancrée dans l'histoire, la cérémonie incombe à tout nouveau Consul général de France à Jérusalem et rappelle sa mission de protection des communautés chrétiennes.


La pluie battante a donné le ton qu’il fallait à l’évènement. Jeudi 11 janvier, alors que la guerre fait rage depuis quatre mois en Terre Sainte, le nouveau Consul général de France, Nicolas Kassianides a fait son entrée officielle au Saint-Sépulcre, après la traditionnelle procession qui a vu les franciscains de la Custodie de Terre Sainte l’accompagner de la porte de Jaffa jusqu’à la basilique, au son du bâton des kawas et du crépitement de la pluie sur les parapluies.

Tout est réglé comme du papier à musique : devant le Saint-Sépulcre, le Consul général est accueilli par les représentants des trois Églises gardiennes de la basilique (Grecs-Orthodoxes, Arméniens et Custodie franciscaine) selon le Statu quo de 1852 qui a fixé les règles de vie et de liturgie de chaque communauté à l’intérieur de la Basilique.

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A la demande de l’Empire ottoman, la France est gardienne de ce statu quo avec les trois autres nations latines que sont l’Italie, l’Espagne et la Belgique, mais c’est le seul pays qui dispose du privilège d’être accueilli solennellement au Saint-Sépulcre.

Procession en tenue d’apparat et entouré d’une garde rapprochée de franciscains, de gendarmes et d’ecclésiastiques ©Cécile Lemoine

La tradition remonte à 1926, date à laquelle Aristide Briand, alors ministre des Affaires étrangères, a signé le protocole de la cérémonie d’intronisation du Consul général de France à Jérusalem avec le Saint-Siège. La cérémonie se tient habituellement dans les 30 jours qui suivent la prise de fonction du diplomate, mais celle de Nicolas Kassianides, arrivé en septembre à Jérusalem, a dû être reportée du fait du déclenchement de la guerre.

Responsabilités

Par cette journée, le Consul général réaffirme la protection que la France accorde aux communautés chrétiennes latines d’origine française depuis les Capitulations de 1535, signées entre François 1er et Soliman le Magnifique puis ratifiées par l’Empire Ottoman et l’Etat d’Israël ainsi que par l’Autorité palestinienne.

Après un chaleureux échange de poignées de main, le Custode de Terre Sainte accompagne le Consul général devant le tombeau du Christ où est proclamé l’Evangile de la Résurrection. “La France a accompagné, soutenu et parfois facilité notre mission auprès des chrétiens locaux, et c’est toujours le cas aujourd’hui, notamment grâce au financement de nos écoles et du musée Terra Santa”, a salué le frère Francesco Patton, Custode de Terre Sainte.

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Après une procession dans les ruelles de la vieille ville, la cérémonie s’est ensuite poursuivie à la basilique Sainte-Anne, un des quatre domaines nationaux français à Jérusalem, géré par les pères Blancs. Le Consul général s’y est exprimé devant une assemblée de quelques centaines de personnes : “A travers la cérémonie de ce jour, c’est la France qui s’engage à nouveau et marque sa fidélité inébranlable aux responsabilités que l’histoire et la diplomatie lui confèrent depuis plusieurs siècles à l’égard des églises chrétiennes et des communautés religieuses latines. »

Sur le parvis de la basilique Sainte-Anne, domaine national français à Jérusalem, géré par les pères Blancs ©Cécile Lemoine

Mur porteur

« La continuité du rôle protecteur de la France n’est pas rhétorique, a-t-il poursuivi. Elle n’est pas une commémoration tournée vers le passé. Elle s’inscrit pleinement dans les défis du présent et de l’avenir, alors que les chrétiens subissent des attaques et des pressions au quotidien, notamment à Jérusalem. Les chrétiens sont un mur porteur pour le futur de cette terre qui a toujours conjugué, et été façonnée, par des identités et des confessions multiples.”

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Ce sont 40 communautés religieuses françaises et 130 institutions éducatives, sociales et hospitalières qui sont ainsi accompagnées par la France. “Celles-ci œuvrent au plus près de la population, en particulier dans un contexte d’occupation”, souligne-t-on au Consulat général. Les écoles chrétiennes accueillent ainsi 18% des élèves scolarisés en Israël et en Palestine. La protection française se traduit par un appui direct et un rôle de conseil dans divers domaines, comme les problèmes liés à l’immobilier, à la fiscalité

Les communautés religieuses se sont dites particulièrement touchées par le mot manuscrit envoyé par le président Emmanuel Macron au moment de Noël. Ce dernier a également appelé le patriarche des Latins, le cardinal Pierbattista Pizzaballa, pour exprimer son soutien aux chrétiens de Gaza à la veille de Noël.

Le Consul général a conclu la cérémonie en invitant à former “le vœu que la paix revienne sur cette terre : parce qu’elle est sainte, elle doit pouvoir y aspirer. Parce qu’elle est sainte, elle doit pouvoir rejeter la violence et la guerre.”

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