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Daniel Seidemann: « L’idée de protéger le Mont des Oliviers avec un parc national ne tient pas »

Interview par Karine Eysse
12 juillet 2022
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Daniel Seidemann: « L’idée de protéger le Mont des Oliviers avec un parc national ne tient pas »
Daniel Seidemann, avocat israélien spécialisé dans les litiges territoriaux à Jérusalem-Est ©DR

Avocat spécialisé dans les litiges territoriaux à Jérusalem-Est, Daniel Seidemann explique comment le projet de nationalisation du Mont des Oliviers, annoncé en février 2022, vise à "ceinturer la Vieille ville de Jérusalem en y imposant une présence et une histoire exclusivement juives".


En février 2022 était dévoilé un projet israélien de classer le mont des Oliviers comme Parc National, officiellement au nom de la protection des lieux. L’argument laisse sceptique la Custodie de Terre Sainte, le patriarcat grec-orthodoxe et le patriarcat arménien de Jérusalem, tous présents sur le mont, et qui y voient plutôt l’influence d’associations de colons juifs religieux cherchant à s’étendre sur Jérusalem-Est. Une lettre de protestation conjointe, ferme et médiatisée, des trois Églises a amené l’Autorité Israélienne des Parcs Nationaux à suspendre le projet. Mais celui-ci est-il oublié pour autant ? Pas du tout, selon Daniel Seidemann.

Eclairage avec cet avocat israélien spécialisé dans les relations israélo-palestiniennes à Jérusalem. Daniel Seidemann est aussi le fondateur de Terrestrial Jerusalem, une ONG qui œuvre en faveur d’une résolution de la question de Jérusalem qui soit cohérente avec la solution des deux États.

TSM : L’Autorité des Parcs Nationaux affirme ne pas vouloir avancer sur ce projet « sans discussion et échange avec les parties prenantes appropriées, y compris les autorités locales religieuses ». Pourtant vous pensez qu’il est toujours sur les rails. Pourquoi ?

Daniel Seidemann : Parce que la mairie de Jérusalem est également partie prenante dans le processus, or elle n’a pas suspendu le projet pour sa part. Une première évocation du dossier devait avoir lieu en mars dernier devant un comité municipal. Face à la levée de boucliers des Églises, cette audience n’a pas eu lieu : mais elle a juste été reportée, pour être désormais programmée au 24 août prochain. Donc, contrairement à ce qu’affirme officiellement l’Autorité des Parcs Nationaux, le projet continue sa route.

Au total, 24 propriétés appartiennent à des communautés chrétiennes sur le mont des Oliviers ©MAB/CTS

L’idée d’une protection d’un lieu aussi emblématique que le mont des Oliviers n’apparaît pas aberrante en elle-même. Pourquoi ce projet vous parait-il – ainsi qu’aux Églises – dangereux ?

Parce que l’idée de protection ne tient tout simplement pas ! Le mont des Oliviers est un endroit unique à Jérusalem, déjà l’un des mieux préservé et entretenu par les diverses communautés religieuses qui y coexistent. Un exemple : les sœurs bénédictines présentes sur le mont, vous les imaginez une seconde vouloir y ouvrir un Mac Do ? Sérieusement, le mont des Oliviers n’a pas besoin de protection supplémentaire, et l’argument officiel de préservation ne tient donc absolument pas.

Quel est alors le but véritable du projet, selon vous ? Et qui y a intérêt ?

Le projet de Parc National sur le mont des Oliviers n’est pas récent. Il s’inscrit dans un programme clairement imaginé et mis en œuvre, ces dernières années, par des associations de colons juifs religieux, visant à ceinturer la Vieille ville de Jérusalem en y imposant une présence et une histoire exclusivement juives, au détriment de la présence et de l’héritage chrétien et musulman.

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On parle ici notamment de l’association EL-AD, dont le but est de perpétuer « l’héritage du roi David » dans la Jérusalem ancienne. EL-AD a créé et gère le site Cité de David, sur le territoire palestinien de Silwan (Siloé), au sud de la Vieille ville et du mont des Oliviers. Ce lieu est devenu l’un des sites touristiques les plus visités du pays, il met en avant des fouilles archéologiques présentées uniquement comme témoin de la présence juive. Les habitants de Silwan, palestiniens, n’ont aucune place dans ce récit.

L’Autorité des Parcs Nationaux affirme que le fait de classer une zone en Parc National n’affecte en rien les droits des propriétaires. A-t-elle raison ?

C’est faux ! (…)


L’interview complète se lit dans le numéro 680 de Terre Sainte Magazine (Juillet-Août 2022)

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