Le pape François: un testament spirituel pour les habitants de Terre Sainte
Lors de la messe de Requiem pour le pape François présidée
par le cardinal Pizzaballa devant une foule nombreuse, le custode de Terre Sainte prononça une homélie. À cet instant, devant le tombeau vide, il relisait ce qu’il a présenté pour être le testament spirituel du pape pour les habitants de Terre Sainte.
Nous tous qui vivons en Terre Sainte ressentons une profonde reconnaissance envers le pape François. Il s’est soucié de nous jusqu’au bout. Il nous a portés dans son cœur jusqu’à son dernier jour. Il a prié en invoquant la paix pour nous jusqu’à son dernier souffle. Bouleversantes sont les paroles qu’il a adressées au monde entier en pensant à nous, le jour de Pâques : “Je voudrais que nous retrouvions l’espérance que la paix est possible ! Depuis le Saint-Sépulcre, église de la Résurrection, où cette année Pâques est célébrée le même jour par les catholiques et les orthodoxes, que la lumière de la paix se répande sur toute la Terre Sainte et sur le monde entier. »
« Je suis proche des souffrances des chrétiens en Palestine et en Israël, comme de tout le peuple israélien et palestinien. Le climat croissant d’antisémitisme qui se répand dans le monde m’inquiète. En même temps, je pense à la population, et en particulier à la communauté chrétienne de Gaza, où le terrible conflit continue de semer la mort et la destruction et de provoquer une situation humanitaire dramatique et indigne. J’en appelle aux parties en guerre : que le feu cesse, que les otages soient libérés, que de l’aide soit apportée au peuple affamé qui aspire à un avenir de paix !” (Urbi et Orbi -Dimanche, 20 avril 2025)
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Le pape François n’a jamais oublié aucun d’entre nous qui vivons en cette Terre Sainte tourmentée, surtout pas les plus vulnérables et les plus souffrants. Il n’a jamais choisi la voie facile d’une équidistance salomonique, mais celle de l’empathie et de la compassion, en faisant siennes les souffrances de chacun : celle de celui qui a perdu un proche, de l’otage, de l’enfant frappé par des bombes “pas très intelligentes”, de la mère qui n’a plus de larmes pour pleurer un enfant qu’elle ne pourra plus jamais revoir, ni étreindre, ni nourrir.
Lumière de Pâques
Nous pouvons et devons tous recueillir, chacun selon son rôle et ses responsabilités — des plus grands aux plus humbles, des chefs religieux aux responsables politiques — les paroles que le pape François nous a léguées comme testament spirituel : “Aucune paix n’est possible là où il n’y a pas de liberté religieuse, de liberté de pensée et d’expression, ni de respect des opinions d’autrui. Aucune paix n’est possible sans un véritable désarmement ! Le besoin légitime de chaque peuple d’assurer sa défense ne peut se transformer en une course générale à l’armement. La lumière de Pâques nous pousse à faire tomber les barrières qui créent les divisions et qui ont de graves conséquences politiques et économiques. Elle nous pousse à prendre soin les uns des autres, à accroître la solidarité mutuelle, à travailler pour le développement intégral de chaque personne humaine.” (Urbi et Orbi – Dimanche, 20 avril 2025)
La Pâque que nous célébrons ne porte pas seulement une dimension religieuse, mais aussi politique. Et nul ne peut nous dire qu’il ne s’agit que de belles paroles d’un idéaliste naïf qui ne comprend pas le monde. Non ! Ce sont les paroles d’un homme qui croit à la puissance transformatrice de Pâques, à la résurrection de Jésus-Christ, qui vainc le mal à sa racine, qui triomphe de la mort et de tous les instruments que la mort utilise pour ruiner le projet de Dieu. Qui est celui d’une humanité pacifiée et fraternelle, dans laquelle chaque personne est reconnue et respectée dans sa dignité irréductible d’enfant de Dieu.
Redevenir humain
Le pape François a souvent dit à nous, prédicateurs, de ne pas ennuyer les fidèles avec des homélies trop longues, mais de nous concentrer sur une idée, un sentiment, une image. Je me suis permis de vous reproposer l’idée centrale de l’Évangile et de Pâques : celle que le Christ ressuscité vainc la mort et le mal sous toutes ses formes, et réalise une paix qui est réconciliation et promotion de la vie.
J’aimerais que nous apprenions de lui ce sentiment de miséricorde qui a marqué sa prédication et ses gestes. Dans notre contexte, cela signifie redevenir humains, savoir éprouver de la compassion. Car sans cela, nous ne trouverons même pas la paix.
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L’image que je veux vous laisser est celle du tombeau vide — l’image de la mort enfin vaincue — que le pape François nous a laissée dans son dernier message : “Dans la Pâque du Seigneur, la mort et la vie se sont affrontées dans un duel prodigieux, mais le Seigneur vit désormais pour toujours (cf. Séquence pascale) et nous donne la certitude que nous aussi sommes appelés à partager cette vie qui ne connaît pas de crépuscule, où l’on n’entendra plus le fracas des armes ni les échos de la mort. Confions-nous à Lui, Lui seul peut faire toutes choses nouvelles (cf. Ap 21, 5) !” (Urbi et Orbi – Dimanche, 20 avril 2025)
Joyeuses Pâques, frères et sœurs ! Joyeuses Pâques éternelles, pape François.