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Les chefs d’Églises saluent la fin de la guerre à Gaza, mais s’inquiètent pour la Cisjordanie

Rédaction
14 octobre 2025
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A Gaza, quelques fruits et légumes réapparaissent sur les marchés. Ici Khan Yunes le 14 octobre 2025 © Abed Rahim Khatib/Flash90

Les Chefs des Eglises en Terre Sainte saluent la fin de la guerre à Gaza mais redoutent une paix incomplète : la Cisjordanie n’est pas mentionnée dans l’accord de Charm el-Cheikh, tandis que l’occupation s'y poursuit.


Les Patriarches et chefs des Églises de Jérusalem ont publié ce lundi une déclaration commune se réjouissant de « la récente entrée en vigueur du cessez-le-feu à Gaza » et de « la libération de ceux qui étaient détenus captifs ». Citant le psaume 45 – « Il détruit la guerre jusqu’au bout du monde, il casse les arcs, brise les lances » – les responsables ecclésiastiques placent leur prise de parole sous le signe de la paix retrouvée, tout en appelant à une « voie de guérison et de réconciliation » entre Israéliens et Palestiniens.

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Depuis le début du conflit, les chefs d’Églises ont multiplié les appels à la fin des hostilités et à la libération des captifs. Mais la tonalité de cette déclaration, signée collectivement, tranche par sa prudence. Le texte se félicite de la libération des « captifs » afin d’éviter la bataille sur la distinction entre otages israéliens et prisonniers palestiniens.

Une formulation destinée à préserver l’unité des signataires – orthodoxes, catholiques et protestants – mais qui contraste avec la parole plus directe du cardinal Pierbattista Pizzaballa, patriarche latin de Jérusalem, qui n’a cessé de réclamer « la libération immédiate des otages israéliens » et s’était même déclaré prêt, dès octobre 2023, à « se proposer en échange ».

Les Églises vigilantes face à l’accord de paix

Le communiqué salue « les efforts considérables de la communauté internationale » et la tenue du sommet de Charm el-Cheikh qui a permis la signature d’un accord de cessez-le-feu. Mais le texte ne cache pas certaines inquiétudes.
Tout en espérant que cet accord « ouvre véritablement la voie à la fin de la guerre », les Églises constatent que le plan de paix signé en Égypte ne mentionne jamais la Cisjordanie, où vivent environ trois millions de Palestiniens.

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Les signataires expriment donc leur « grande préoccupation face à la montée des violences contre les communautés locales en Cisjordanie dans le contexte de l’expansion des colonies ». Ils appellent à « élargir le champ des négociations actuelles afin d’y inclure la fin de l’occupation de la Cisjordanie et de Gaza, conduisant à la création d’un État palestinien vivant côte à côte en paix avec l’État d’Israël. Estimant. C’est d’après eux ainsi « qu’une paix juste et durable sera véritablement établie en Terre Sainte et dans tout le Moyen-Orient ».

Soutien aux communautés éprouvées

Les Patriarches adressent enfin une parole particulière aux chrétiens restés dans la bande de Gaza :

« Nous voulons donner un mot d’encouragement à ceux qui vivent à l’intérieur de l’église Saint-Porphyre, de la paroisse catholique de la Sainte-Famille ainsi qu’à ceux qui servent dans l’hôpital anglican Al-Ahli. Votre persévérance dans la foi au milieu des souffrances immenses de ces deux dernières années a été pour nous tous un exemple éclatant. »

Cette référence directe aux communautés chrétiennes de Gaza – encerclées, souvent privées d’eau et d’électricité – s’inscrit dans la continuité des multiples visites et messages d’appui adressés par les responsables religieux locaux.

Les Églises demandent qu’un vaste effort humanitaire international soit rapidement déployé : nourriture, eau, carburant, hôpitaux de campagne et reconstruction des habitations détruites.
Mais derrière les accents de gratitude et d’espérance, la déclaration rappelle aussi la lucidité des chefs d’Églises face à un processus de paix encore fragile :

« Nous réalisons que le travail de construction de la paix ne fait que commencer », écrivent-ils, priant pour que Dieu « nous conduise vers cet âge d’or de paix si longtemps annoncé par les prophètes ».

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