Actualité et archéologie du Moyen-Orient et du monde de la Bible

À la recherche des fontaines

Rédaction
29 mai 2011
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Combien de pèlerins et de touristes, voire d’habitants de Jérusalem passent devant elles en les ignorant souverainement. Dans l’enceinte de la Vieille Ville on en a compté jusqu’à quinze : six sur l’esplanade du Temple devenue des mosquées, et neuf en dehors.


Combien de pèlerins et de touristes, voire d’habitants de Jérusalem passent devant elles en les ignorant souverainement. Dans l’enceinte de la Vieille Ville on en a compté jusqu’à quinze : six sur l’esplanade du Temple devenue des mosquées, et neuf en dehors.
Treize sont encore visibles. Sur la couverture, figure celle appelée la fontaine de la Porte des Lions, ou encore la fontaine de Notre Dame Marie. En arabe, Sabil Bab al-Asbat ou Sabil Bab Sitti Maryam.
Le mot sabil ne saurait se traduire seulement par « fontaine publique ». Comme souvent dans les langues sémites un mot recèle des trésors et traduire Sabil au plus près donnerait « fontaine d’eau potable, approvisionnement public en eau fourni par la munificence d’une personne privée et de sa charité. » Dans la mesure où fournir de l’eau à qui a soif est un précepte du Coran, les fontaines n’étaient pas seulement tenues pour être des lieux publics mais aussi des espaces religieux, d’autant plus que l’eau avait aussi un usage rituel.
Elles sont un élément déterminant de l’art ottoman dans les villes de la région. Leurs décorations varient selon les traditions régionales.
La plupart des fontaines publiques de la Vieille Ville, que nous pouvons voir de nos jours, ont été construites ou rénovées par Soliman le Magnifique (1494-1566).
La fontaine de Notre-Dame Marie se trouve sur la droite aussitôt passée la Porte dite aussi Saint-Étienne. Elle a été construite en 1536-1537. Alors que nombre de fontaines de la ville ne sont que des réservoirs, celle-ci aurait été alimentée par un système de canalisation connecté à une source.
C’est la citerne la plus simplement décorée parmi celles réalisées par Soliman le Magnifique.
Comme les autres sabils construites par lui, elle se compose d’une niche encastrée avec un arc en pointe soutenu de chaque côté par un pilier de pierre. L’arc et les piliers sont intégrés dans une maçonnerie rectangulaire adossée à un mur. Le bassin de la fontaine a disparu et le tout est hélas en assez mauvais état.
Il faut pourtant imaginer le lieu sans cesse pris d’assaut par les habitants de la ville. Lieu de convivialités, de partages et de bagarres, de rires et de secrets.
Pourtant, ici comme ailleurs en Vieille Ville, la restauration de ce patrimoine ne peut se faire sans polémique. Il reviendrait au waqf toujours dans les mains de l’administration jordanienne d’en payer les travaux. Mais voilà, cela coûterait cher. Et si l’État d’Israël ou la municipalité s’en chargeait, ce serait un drame. Jérusalem est une ville occupée et au regard du Droit international, ce serait une violation des conventions de Genève. Pendant que le chien se mord la queue les fontaines se détériorent.

Dernière mise à jour: 29/12/2023 21:37