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«C’était impressionnant de voir monter le niveau du lac»

Beatricie Guarrera
8 juillet 2020
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«C’était impressionnant de voir monter le niveau du lac»
Il y a des années qu’on ne voyait plus d’eau dans le petit aménagement portuaire de Capharnaüm.© Nizar Halloun/TSM

Les deux sites de pèlerinage chrétien que sont Tabgha et Capharnaüm témoins de la montée des eaux.


Il y a eu des nuits où le niveau du lac de Tibériade est monté de plusieurs mètres en quelques heures et où, en cas de fortes vagues, l’eau cinglait aux fenêtres du couvent”. Frère Tymoteusz Marsałek, supérieur du monastère de Tabgha, sur les rives du lac de Tibériade, raconte ces jours critiques de janvier 2020. À partir du 25 décembre, les fortes pluies en Galilée ont soudainement fait monter le niveau d’eau du lac, semant la peur parmi les riverains. “C’était impressionnant, à la fois beau et inquiétant, partage le frère franciscain de la custodie de Terre Sainte. La crainte était que le niveau de l’eau ne monte trop haut et n’endommage alors les fondations de l’église.”

“Aujourd’hui, la plage qui se trouve devant l’église et accueille depuis des années les pèlerins et les touristes désireux de s’approcher du lac, est entièrement sous l’eau. Nous avons perdu l’un de nos deux eucalyptus, qu’un vent violent a fait tomber – poursuit frère Tymoteusz. Pour l’instant, nous devons laisser l’arbre en l’état afin qu’il retienne l’eau, et nous ne pourrons penser aux interventions nécessaires d’entretien qu’une fois que la situation aura changé”. Avec l’arrivée de l’été et la fin des pluies, le niveau de l’eau a déjà baissé de quelques centimètres, mais le phénomène de la montée a de lourdes conséquences. Les fondations du couvent de Tabgha sont sous l’eau, le terrain devant le couvent, bien qu’il soit actuellement sous eau aussi, est plus élevé à cause des vagues qui ont entraîné avec elles des pierres et des débris. À l’intérieur du lac, des petites fosses ont également été créées, qui seront comblées.

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Frère Tymoteusz, de nationalité polonaise et en Terre Sainte depuis 2007, n’avait jamais rien vu de tel, surtout depuis septembre 2019, où il est devenu supérieur du couvent de Tabgha, lieu où sont commémorées la multiplication des pains, l’apparition de Jésus ressuscité aux Apôtres et les Béatitudes. “Avec toute cette eau Dieu nous bénit et nous aide, car l’eau est toujours un bien essentiel pour tout être vivant – a déclaré le frère. Nous expliquons toujours aux groupes de pèlerins que le lac est un don de Dieu et beaucoup sont étonnés que les franciscains aient cet amour de la nature qui fait aussi partie de l’enseignement de saint François”.

Sur les rives du lac de Tibériade se trouve également un autre sanctuaire gardé par les franciscains de Terre Sainte : Capharnaüm, où Jésus a prêché la conversion et appelé les apôtres Pierre, André, Jacques et Jean, où il a prononcé le discours du pain de vie annonçant l’eucharistie et où il a accompli plusieurs miracles. “Le niveau de l’eau diminue lentement, mais ce n’est pas le niveau habituel – déclare frère Luca Panza, supérieur du monastère franciscain de Capharnaüm. L’eau est entrée dans certaines pièces du rez-de-chaussée de notre couvent, mais nous avons des pompes qui fonctionnent 24 h/24. L’eau arrive par en-dessous, et s’il n’y avait pas de pompes, cela aurait pu tout ruiner”, explique-t-il. C’est probablement l’année prochaine que surviendront les plus grandes difficultés, si une nouvelle montée des eaux devait se reproduire.

Nous expliquons toujours aux groupes de pèlerins que le lac est un don de Dieu et beaucoup sont étonnés que les franciscains aient cet amour de la nature qui fait aussi partie de l’enseignement de saint François.

“Hormis les dégâts causés, c’est beau de voir le lac si haut, sans avoir à marcher sur les pierres pour l’atteindre – poursuit frère Luca. L’eau est toujours une bénédiction. Cependant, nous avons eu des problèmes dans la partie archéologique et c’est déjà un miracle que rien ne soit arrivé au mur de clôture”. C’est la première fois que le franciscain a vu autant d’eau inonder les fouilles archéologiques, y compris le mémorial de saint Pierre. “C’était dans les premières semaines de l’année – raconte-t-il. Il y a eu un vent de panique, mais ensuite nous avons mis les pompes en marche et elles ont fonctionné”.

Frère Timoteusz Marsalek le supérieur de la fraternité franciscaine de Tabgha se souvient de la tempête de cet hiver quand les flots battaient les vitres du couvent. Et le jour où l’eucalyptus s’est déraciné.© MAB/CTS

 

Maintenant, les deux frères et les deux religieuses présents étudient de quelle manière accueillir les locaux, en attendant le retour des pèlerins, mais en évitant que ceux qui ne sont pas intéressés par le sanctuaire n’entrent dans la zone du couvent. Frère Luca garde espoir : “Peut-être qu’aux alentours de septembre, de nouveaux pèlerins arriveront et qu’il y aura un retour à la normale.” Dans le même esprit d’attente et de confiance, frère Tymoteusz renchérit : “Nous prenons ce que Dieu nous donne avec un esprit franciscain. Si les pèlerins reviennent, ils seront les bienvenus, si nous devons encore être fermés, nous rendrons quand même grâce au Seigneur, car nous nous consacrerons davantage à la prière. Tout est entre les mains du Seigneur”.

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