Depuis 11 heures du matin, ils n’ont pas eu une minute de repos. Le père Benedetto di Bitonto, connu sous le diminutif de Beni, et sœur Mouna Totah des sœurs de Saint-Joseph de l’Apparition sont assis sur l’estrade. Le premier en hébreu, la seconde en arabe, les deux en anglais, ont passé leur journée à animer le festival du jour.
À l’invitation du Vicariat Saint-Jacques pour les catholiques de langue hébraïque et du Secrétariat général des jeunes de Galilée, près de 150 jeunes et trente animateurs se sont réunis au sanctuaire de Notre-Dame de Deir Rafat pour une retraite spirituelle sur le thème : « Be happy – Soyez heureux ».

Venus de neuf paroisses de Galilée et de Jérusalem, ils ont partagé une journée rythmée par la prière, la réflexion et des moments fraternels, qui s’est conclue par une messe présidée par le cardinal Pierbattista Pizzaballa. À ses côtés concélébraient Mgr Rafiq Nahra, vicaire patriarcal pour la Galilée, le P. Piotr Żelazko, vicaire du Vicariat Saint-Jacques, et le P. Ramez Twal, aumônier général des jeunes.
Un pèlerinage intérieur
Dès le matin, les jeunes ont reçu une bénédiction inaugurale, symbole de leur marche intérieure vers Dieu. Munis du sac du pèlerin, en cette année jubilaire de l’espérance, ils ont été divisés en différents groupes : « Nous avons fait en sorte qu’ils se retrouvent de Beer-Shev’a à la Galilée, qu’ils soient filles et garçons et locuteurs de langues différentes. » explique sœur Mouna.
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Leurs échanges ne sont pas partis de grands concepts. Pour apprendre à être ensemble, partager, réfléchir et rire, ils ont réalisé diverses activités manuelles. Tandis qu’ils tissaient des bracelets d’amitié, ils pouvaient échanger sur le verset de l’Ecclésiaste : « Une corde à trois brins n’est pas facile à rompre. ». Chacun a aussi dessiné un signe sur une pierre, rappel que le Christ est le Roc qui ne déçoit pas.
Un texte, lu collectivement, racontait le chemin spirituel d’un jeune en quête d’espérance au cœur de la guerre. Les paroles de saint Paul, « Réjouissez-vous sans cesse dans le Seigneur », ont servi de fil conducteur à cette méditation.
Avant la messe, plusieurs prêtres se sont tenus disponibles pour les confessions, rappelant que la miséricorde de Dieu les accueillera toujours.

« L’unité dans le Christ est notre vocation »
Pami les confesseurs, le cardinal Pizzaballa. Arrivé en avance, il avait pris le temps de se laisser interpeller personnellement par ceux qui osaient l’approcher. Il avait l’air détendu et il en donna la raison dans son homélie : « Je suis heureux de ce jour, car il reflète ce que notre Église devrait être, unie en Christ, quelles que soient nos différences et nos désaccords ».
Heureux, il l’était aussi parce que cette rencontre qui se déroulait alors que le cessez-le-feu apportait à tous quelque soulagement, avait « été décidée et organisée bien avant. Vous l’avez voulue dans des moments difficiles, et c’est un signe d’espérance. Ce qui nous unit, au-delà de nos différences de langue, d’origine ou de culture, c’est le Christ. »

« Je suis heureux du signe que vous donnez de notre Terre Sainte, qu’il est si facile de pointer du doigt à cause de ce qui ne va pas. Nous avons besoin de voir des signes comme celui que vous nous donnez aujourd’hui.
Invitant les jeunes à vivre la foi comme un style de vie et non comme une religion, le cardinal ne leur a pas non plus annoncé un chemin facile. « Je ne suis pas sûr que tout ira bien demain, mais je sais que nous pouvons nous en sortir si nous restons ensemble concentrés sur le Christ ».
Ces jeunes de Terre Sainte grandissent dans des réalités qui traduisent la complexité du diocèse. Parmi les arabophones, tous ne vivent pas leur identité palestinienne de la même manière, parmi les hébréophones, la plupart sont les enfants de migrants, Philippins ou Africains pour l’essentiel. Nés ici, fréquentant les écoles gouvernementales israéliennes, ils n’ont pas tous le droit de résidence. Pour l’obtenir, l’Etat hébreu leur demande de faire l’armée. Leur rapport à la société israélienne peut être lui aussi complexe.
Mais samedi, à Deir Rafat, il n’y avait que des jeunes invités à se découvrir mutuellement et à partager ce qui les unit : le Christ.