Présence chrétienne et unité des chrétiens au Moyen-Ori ent
Certaines voix pessimistes n’hésitent pas à prédire la disparition totale des chrétiens de ces pays. De fait, beaucoup de chrétiens sont chassés de leurs maisons, deviennent des réfugiés dans leur propre pays ou à l’étranger.
Parfois ils sont mis devant le choix explicite de renoncer à leur foi ou de perdre tout, y compris leur vie. Certes les chrétiens ne sont pas seuls à subir les exactions des extrémistes sectaires, et il est crucial de ne pas séparer les chrétiens de leur milieu de vie. Toutefois, ils paient souvent le prix fort. Que faut-il faire pour sauvegarder une présence chrétienne là où le christianisme est né et a des racines profondes ?
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Il faut avant tout souligner que la meilleure façon d’offrir un avenir aux chrétiens dans cette région, c’est d’œuvrer pour une solution politique globale, pour plus de stabilité et de justice. C’est la grande responsabilité de la communauté internationale, mais elle dépasse de loin les possibilités des seuls chrétiens.
Toutefois, si l’amour des chrétiens à travers le monde pour leurs frères et sœurs au Moyen-Orient est réel, ils seront inventifs et trouveront les moyens de leur venir en aide. Pour les chrétiens sur place, une des conditions primordiales de survie est leur unité. Il est encourageant de constater que les événements récents ont contribué à une nouvelle prise de conscience de cette exigence.
Continuité
L’exigence d’unité n’est pas vraiment nouvelle. Déjà dans leur lettre pastorale de 1999, les patriarches catholiques du Moyen-Orient disaient : “En Orient, nous serons chrétiens ensemble ou nous ne serons pas.” Dans ce même souci, au cours des années 1990, on a assisté à la création de plusieurs conseils ou réunions entre les Églises au Moyen-Orient. Pour l’organisation œcuménique la plus importante, le Conseil des Églises du Moyen-Orient, dont les Églises catholiques sont devenues membres en 1990, la présence chrétienne dans la région a toujours été la priorité.
Face aux bouleversements qui ont secoué l’Iraq et la Syrie récemment, de nouvelles formes de solidarité entre les Églises sont apparues. Jamais auparavant patriarches, évêques et autres chefs d’Églises ne se sont rencontrés aussi souvent que dans les deux dernières années.
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Il est surtout réjouissant de voir que ces rencontres ne s’efforcent pas uniquement de faire face aux détresses immédiates, mais deviennent une occasion de prendre conscience à nouveau des grandes richesses que les Églises vivent déjà en commun par-delà les divisions confessionnelles, ainsi que des nouvelles possibilités qu’ouvre leur collaboration. Non seulement le désir de l’unité grandit, mais une véritable communion de vie est en train de croître à partir de la base.
Communion
Le pape François aime parler de l’œcuménisme du martyre ou du sang, exprimant le désir que la souffrance et le martyre en commun deviennent une semence d’unité comme le martyre aux premiers siècles a été une semence de chrétiens.
Mais il y a plus. Le soutien et le témoignage commun font grandir jour après jour ce que les chrétiens ont déjà en commun. Les fidèles de la région en sont bien conscients, sans pouvoir l’exprimer en paroles. Ils vivent de fait une forme de communion qui dépasse de loin ce que les Églises reconnaissent officiellement.
Les chefs des Églises et les théologiens, et particulièrement les dialogues théologiques, devraient prendre plus au sérieux cette réalité et la traduire en théologie et en vie ecclésiale commune. Le véritable avenir de l’œcuménisme au Moyen-Orient est sans doute en train de se construire dans cette souffrance et cette entraide partagées, qui est une entrée commune dans le mystère de Pâques, passage à travers la Passion et la mort vers la résurrection, vers une vie nouvelle.
Dernière mise à jour: 21/01/2024 19:58