Actualité et archéologie du Moyen-Orient et du monde de la Bible

Les Eglises chrétiennes rencontrées le lendemain de Noël

Vianney Delalande ofm
30 janvier 2010
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Les voeux que s’échangent les communautés chrétiennes chaque année à l’occasion des fêtes de Noël (et Pâques) sont l’occasion pour le père Vianney Delalande de revenir sur ces moments de communion que vit l’Eglise de Terre Sainte.


Un pèlerin présent à Jérusalem le lendemain de Noël cette année, témoin des visites des diverses Églises orientales à ma communauté, a eu les mêmes réactions d’étonnement et d’admiration que celles qui furent les miennes le lendemain de Noël 1976 lorsque je venais d’arriver en Terre Sainte. J’avais aussitôt écrit un article enthousiaste « Un nouveau venu interviewé » publié dans le numéro de mars 1976. J’y écrivais : « Ce fut une grande matinée pour moi que ce lendemain de Noël où vinrent successivement souhaiter Noël à ma communauté franciscaine les responsables de multiples Églises. L’œcuménisme s’y manifestait de manière concrète par la cordialité des relations ». En France j’avais eu la chance de vivre dans une fraternité très ouverte qui avait reçu quelque fois un frère protestant de Taizé et un théologien orthodoxe de l’Institut Saint-Serge. Mais quelle aubaine à Jérusalem de recevoir tant d’Églises.

Les visites successives de six églises

À 9 heures du matin, le Patriarche grec-orthodoxe, accompagné par huit de ses évêques et par une dizaine de moines, s’est présenté le premier et a passé une bonne demi-heure dans notre « divan », où une quarantaine de frères franciscains les attendaient. En langue anglaise le patriarche a dit sa joie de notre commune foi en Jésus et de sa Nativité à Bethléem. Nos jeunes frères ont éxécuté quelques chants de Noël accompagnés de guitares, pendant que chacun buvait un apéritif et un café. Le père Custode lui a répondu. À 9 h 45 sont venus deux évêques Arméniens Orthodoxes, entourés d’un bon nombre de prélats et de moines, en l’absence du Patriarche Arménien malade. L’un des évêques a exprimé aussi sa communauté de foi et de joie pour la naissance de Jésus.

À 10 h 30 sont venus ensemble un évêque Copte Orthodoxe et un évêque Syrien Orthodoxe accompagnés de nombreux moines. L’un des évêques avec un grand enthousiasme, l’autre avec calme, ont dit et redit leur unisson.

À 11 heures, ce fut le tour d’un évêque Éthiopien Orthodoxe et de ses moines.

À 11 h 30 le contact avec l’Eglise grecque-catholique s’est réalisé de façon inverse. Au lieu qu’ils viennent chez nous, c’est notre communauté qui est allée leur rendre visite.

Chacune de ces visites fut ponctuée de chants de Noël et agrémentée par un apéritif et un café, marquée par un discours de nos hôtes et par une réponse du père Custode. Les sourires de beaucoup témoignaient, plus encore que les paroles, d’une bienveillance authentique et d’un unisson chrétien.

Je me souviens qu’en 1975 l’évêque de l’Eglise anglicane et le Prost de l’Eglise luthérienne avaient également fait visite à notre communauté. Depuis ce temps ils ont abandonné cet usage.

Des petits nombres représentant des grands nombres

En Terre Sainte les chrétiens sont peu nombreux. Alors que ce pays (Israël et la Palestine ensemble) compte 5 700 000 juifs et 5 500 000 musulmans, les chrétiens (Orthodoxes et Catholiques ensemble) y sont moins de 200 000 ; ce qui signifie que pour 100 habitants il y a 50 juifs, 49 musulmans et 1 chrétien.

Les diverses Églises orientales orthodoxes qui sont venues nous visiter ne sont pas nombreuses dans ce pays.

– Les Grecs orthodoxes sont les plus représentés : 80 000 ou un peu plus

– Les Arméniens orthodoxes, à peine plus de 2000

– Les Coptes orthodoxes quelques centaines

– Les Syriens orthodoxes 2 000

– Les Éthiopiens orthodoxes quelques centaines.

Mais ces Églises sont nombreuses dans la partie orientale du Bassin méditerranéen

– Les Grecs orthodoxes environ 14 millions

– Les Arméniens orthodoxes près de 6 millions

– Les Coptes orthodoxes : 8 millions, le dixième de la population égyptienne

– Les Éthiopiens orthodoxes : 17 millions, presque la moitié de la population de l’Éthiopie

– Les Syriens orthodoxes : 200 000. C’est la plus petite Eglise orientale (selon les statistiques données par le Journal La Croix le 20 mai 2006)

Ces églises orientales orthodoxes, qui comptent moins de 100 000 fidèles en Terre Sainte, ont une petite présence qui représente une nombreuse présence de 45 millions de chrétiens dans l’Est du Bassin méditerranéen.

Les Églises catholiques, membres du prochain « Synode du Moyen Orient »

Face à ces multiples et nombreuses églises orthodoxes, les églises « uniates », c’est-à-dire les Églises catholiques qui conservent leurs rites orientaux et n’ont pas adopté le rite latin ont des fidèles moins nombreux.

– La plus nombreuse est l’Église maronite qui compte plusieurs millions de chrétiens, dont 5 000 en Terre Sainte.

Ensuite l’Église grecque-catholique qui compte 1 300 000 fidèles, dont 65 000 ici.

L’Église Arménienne catholique qui compte 300 000 fidèles, dont quelques centaines ici

L’Église Copte catholique qui a 200 000 fidèles, dont quelques dizaines en Terre Sainte

L’Église Syrienne catholique qui n’a que 150 000 fidèles, dont quelques centaines ici

L’Église Éthiopienne catholique qui a 200 000 fidèles, dont quelques dizaines ici.

Si on y ajoute un million de catholiques Assyriens Chaldéens, le nombre assez faible des catholiques Latins (27 000 en Terre Sainte), le petit nombre des chrétiens protestants et plus d’un million de catholiques Philippins ou autres Asiatiques résidant temporairement comme travailleurs (reconnus ou clandestins) dans les divers pays du Moyen Orient, il s’agit d’un ensemble de peut-être 10 millions dont s’occupera le Synode du Moyen Orient, qui est prévu pour octobre 2010.

Richesse de l’Église sous toutes ses formes en Terre Sainte

Dans mon article de mars 1975, j’écrivais : « Je pressens l’enrichissement qu’apporte à l’Église catholique le fait d’être ici présente non seulement sous son rite latin mais sous divers rites orientaux (Maronite, Grec-catholique, Arménien catholique, Copte catholique, Syrien catholique, Éthiopien catholique). Un catholicisme à plusieurs visages, « à plusieurs voix » est plus riche aux points de vue liturgique, théologique, spirituel, etc. ».

J’ajoute que la présence des Églises orthodoxes est aussi une richesse. Dans ce Moyen-Orient habité massivement par les musulmans et marqué aussi par la présence et la vitalité de près de 6 millions de juifs, la communauté de foi en Jésus Christ que constitue l’ensemble des Églises chrétiennes est de grande importance.

C’est ce qu’a découvert et admire le pèlerin qui a vécu avec nous cette matinée du lendemain de Noël.

 

Dernière mise à jour: 18/11/2023 23:27

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