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En Egypte, neuf chrétiens coptes ont été libérés pour Pâques

Christophe Lafontaine
26 avril 2022
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Moines coptes dans l'église du Saint-Sépulcre © Hardscarf /Wikimedia Commons

Le 23 avril, veille de Pâques pour les Coptes orthodoxes, neuf chrétiens égyptiens en détention depuis trois mois ont été libérés. Ils avaient été arrêtés après avoir manifesté pour la reconstruction de leur église.


En Egypte, « le parquet de la sûreté d’Etat a décidé de libérer les neuf coptes emprisonnés après les protestations de dizaines d’habitants d’Ezbet Farag Allah, dans le district de Samalout, dans le nord de la province d’el-Minya, pour avoir réclamé la reconstruction de l’église Saint-Joseph et Abu Sefein ».

C’est ce qu’a déclaré, le 23 avril dans un communiqué en arabe, l’Initiative égyptienne pour les droits de la personne (EIPR), un groupe égyptien indépendant de défense des droits de l’Homme qui est aussi l’une des plus grandes ONG des droits de l’Homme œuvrant dans le pays.

Leur libération a donc eu lieu la veille du dimanche de Pâques, célébré cette année par l’Eglise copte orthodoxe, le dimanche 24 avril. Ce jour-là, « ils ont pu retrouver leurs familles », a indiqué à l’AFP le prêtre de leur village.

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Les neuf prisonniers avaient été arrêtés par les forces de sécurité le 30 janvier. Ils ont été accusés d’atteinte à la sécurité publique et pour des « faits de terrorisme » en prenant part à un rassemblement d’environ 70 personnes, le 22 janvier dans leur village d’Ezbet Farag Allah, à 220 km au sud du Caire dans une province qui abrite une importante communauté chrétienne et qui est également l’une des plus pauvres du pays. Ils ont été également arrêtés pour avoir diffusé sur Internet une vidéo de ladite protestation.

Le 30 mars, Amnesty International avait demandé au gouvernement égyptien de libérer les neuf chrétiens arrêtés. Le rapport de l’ONG indiquait qu’après avoir été arrêtés, les accusés avaient été interrogés les yeux bandés et menottés, sans avocat. A l’époque, leurs familles n’avaient pas été informées de l’endroit où ils étaient détenus.

La reconstruction d’une église en cause

Les manifestants avaient protesté pacifiquement contre le refus des autorités égyptiennes locales d’autoriser la reconstruction de la seule église de leur village, brûlée en 2016. Cet incendie était « volontaire » selon des sources non identifiées citées par l’EIPR mais aucune enquête n’a été menée. 2016 fut une « année marquée par des vagues d’attaques sectaires contre les lieux de culte chrétiens dans toute l’Egypte », a rappelé l’agence de presse Fides.

Cela fait cinq ans que les 800 chrétiens du village devaient se rendre dans les villages voisins pour pratiquer leur foi. L’église brûlée avait fini par être démolie en juillet 2021. Aussitôt, les habitants du village avaient envoyé une demande officielle de reconstruction, mais les autorités locales ont fait la sourde oreille, « bien que l’église a obtenu un statut officiel sur décision du gouvernement en 2011 », a précisé Amnesty en janvier dernier, et malgré le fait que la loi de 2016 relative à la construction et à la rénovation des églises, oblige un retour dans les quatre mois des autorités locales à qui appartient la décision, qui peut toutefois être contestée en appel.

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Les détracteurs du gouvernement égyptien soutiennent que malgré ses déclarations officielles, les autorités locales restreignent fortement la construction et la rénovation des églises. Selon l’EIPR, moins de 40% des demandes de construction ou de réparation d’églises ont été approuvées sous condition depuis l’entrée en vigueur de la loi, tandis que seulement 20% des demandeurs ont obtenu une approbation définitive. 

Un prêtre copte assassiné il y a deux semaines

Les Coptes forment la plus grande communauté chrétienne du Moyen-Orient qui est aussi l’une des plus anciennes au monde. Ils représentent 10% des 103 millions de la population égyptienne. Les coptes ont subi les représailles d’islamistes radicaux notamment après le renversement par l’armée en 2013 du président islamiste Mohamed Morsi avec des églises, des écoles et des maisons incendiées. La menace terroriste n’est jamais loin.

Tout récemment, l’assassinat du père Arsanios Wadid, 56 ans, de l’Eglise copte orthodoxe, dans la soirée du 7 avril perpétré ainsi pendant le mois du Ramadan et à deux semaines des fêtes de Pâques à Alexandrie, a ravivé de pénibles souvenirs pour les fidèles coptes d’Egypte à l’heure de la plus importante fête pour les chrétiens. Pour mémoire, le 9 avril 2017, dimanche des Rameaux, des kamikazes de l’Etat islamique avaient pris pour cible deux églises du nord de l’Egypte, à Tanta et à Alexandrie, faisant 45 morts.

La communauté se plaint aussi depuis longtemps de discrimination et de sous-représentation dans les milieux de la justice, des universités ou encore de la police. Mais s’attaquer à cette problématique reste périlleux. Le militant copte des droits humains, Patrick Zaki, a récemment passé 22 mois en prison pour « diffusion de fausses informations » et « incitation à manifester » à cause d’un article dénonçant des violations des droits des chrétiens en Égypte et aussi la fermeture d’églises. Après avoir été arrêté en février 2020, il avait été battu et torturé à l’électricité.

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