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La Knesset rejette la loi sur le génocide arménien

Christophe Lafontaine
22 février 2018
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Le parlement israélien a rejeté un projet de loi demandant à l’Etat hébreu de reconnaître les événements de 1915 en Turquie comme un « génocide contre les Arméniens », lors d'un vote préliminaire le 14 février 2018.


« Il n’y a aucune raison que la Knesset, qui représente une nation qui a traversé l’Holocauste, ne reconnaisse pas le génocide arménien et ait un jour de commémoration pour cela », a déclaré au Jerusalem Post le député  Yair Lapid. Le président de Yesh Atid – ‘Il y a un futur’ – parti centriste laïc, était à l’origine d’un projet de loi visant la reconnaissance de la part de l’Etat d’Israël du génocide arménien. Le 14 février 2018, à la Knesset lors d’un scrutin préliminaire, 41 voix ont voté contre et 28 voix pour.

Selon le Jerusalem Post, le vice-ministre israélien des Affaires étrangères, Tzipi Hotovely, a déclaré qu’Israël ne prendrait pas officiellement position sur le sujet, « compte tenu de sa complexité et de ses répercussions diplomatiques et parce qu’il existe un lien politique clair. » Ce qui fait dire à Aram Hamparian, directeur exécutif du Comité national arménien d’Amérique (ANCA), que « le leadership israélien se réduit en traitant de façon si transparente le souvenir du génocide comme une marchandise à échanger avec [le président turc Recep Tayyip] Erdogan. »

Il y avait pourtant des signes en faveur d’une loi israélienne reconnaissant le génocide arménien. De fait, Tzipi Hotovely, a rappelé que la Knesset avaient envoyé une délégation parlementaire à Erevan, capitale arménienne, à l’occasion du centenaire des incidents de 1915.

L’agence Fides rappelle également que le 26 avril 2015, le Président israélien, Reuven Rivlin, avait accueilli à Beit HaNassi – sa résidence présidentielle – une commémoration visant à faire mémoire du centenaire de l’extermination planifiée des arméniens en Anatolie. Au cours de la cérémonie, le Président israélien avait souligné que le peuple arménien avait été « la première victime des exterminations de masse modernes » tout en évitant, rappelle Fides, de prononcer le mot ‘génocide’ pour indiquer les massacres dans le cadre desquels moururent plus de 1,5 millions de personnes.

Plus récemment encore, en novembre dernier le ministre arménien des Affaires étrangères, Edward Nalbandian, a rencontré en Israël, le président de la Knesset, Yuli Edelstein pour échanger sur un certain nombre de questions régionales urgentes, y compris l’importance de la reconnaissance par le Parlement israélien du génocide arménien. Ces perspectives sont restées lettre morte.

Une preuve découverte à Jérusalem

Les historiens considèrent l’assassinat des 1,5 millions d’Arméniens par les Turcs ottomans à l’époque de la Première Guerre mondiale comme le premier génocide du 20e siècle. Ce que rejette la Turquie qui, si elle reconnaît des pertes de part et d’autre pendant la Première Guerre mondiale, affirme que le nombre de victimes arméniennes a été surestimé et que les morts ont été victimes de la guerre et d’émeutes civiles.

Le discours turc invoque le manque de documents originaux concernant les tribunaux militaires d’Istanbul organisés en 1919 après la guerre, et qui condamnèrent les instigateurs du génocide. Les archives de ces tribunaux constituent l’une des plus importantes sources sur le génocide arménien. Or, beaucoup de preuves sont introuvables ou critiquées, car n’étaient que des copies.

C’était sans compter la découverte faite en avril 2017 et rapportée par le New York Times, de Taner Akcam. Cet historien turc de l’Université Clark à Worcester (Massachussets), surnomé le « Sherlock Holmes du génocide arménien »,  a découvert dans les archives détenues par le Patriarcat Arménien de Jérusalem un télégramme, écrit en langage codé muni d’en-tête ottoman officiel confirmant son caractère « original ». Le texte est une demande de détails sur le terrain de la part d’un responsable turc de haut-rang, Behaeddin Shakir, sur les déportations et les meurtres d’Arméniens dans la région de l’Anatolie, située dans l’est de la Turquie. « Jusqu’à une période récente, la preuve flagrante manquait », a expliqué au journal américain, Taner Akcam. « Il s’agit de cette preuve flagrante », a-t-il confirmé.

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