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La cathédrale arménienne catholique d’Alep a rouvert

Christophe Lafontaine
10 décembre 2019
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La Cathédrale de Notre-Dame du Bon-Secours à Alep en Syrie, en juin 2014, six mois avant les bombardements du 9 janvier 2015. ©Preacher lad/Wikimedia Commons

Vieille de 180 ans, bombardée pendant la guerre en Syrie, puis restaurée, la cathédrale arménienne catholique d’Alep (Syrie), Notre-Dame-de-Bon-Secours, a été solennellement rouverte et consacrée les 7 et 8 décembre 2019.


A Alep, la communauté catholique de rite arménien pourra à nouveau célébrer Noël dans sa cathédrale. Sise rue al-Talal dans le quartier de Jdeideh au cœur de la deuxième ville de Syrie, où avant même le XVIème siècle, les Arméniens spécialisés dans le commerce avec la Perse et l’Inde s’étaient établis, la cathédrale Notre-Dame-de-Bon-Secours a été bâtie en 1840 et avait subi une première rénovation en 1990.

Mais l’édifice comme tout le quartier a été la cible de plusieurs attaques terroristes et notamment en partie détruite (toits soufflés et coupoles trouées) en janvier 2015 (sans faire de victimes). La guerre civile qui déchirait alors le pays en était à sa quatrième année.

Pendant le conflit syrien et après l’éclatement de la bataille d’Alep en 2012, le siège de l’Archéparchie arménienne catholique d’Alep a d’ailleurs été temporairement transféré à l’église Sainte-Croix. Aujourd’hui, le nombre des fidèles arméniens catholiques du diocèse d’Alep s’élève à environ 5 000 selon le site catholic-hierarchy.org, qui présente les diocèses de l’Eglise catholique romaine et des Eglises orientales rattachées à Rome. Ils étaient 18 000 en 2012, d’après la même source.

Il y a un an, le 1er novembre 2018, ont débuté des travaux complets de restauration qui ont été effectués sous la houlette d’experts nationaux pour respecter l’aspect architectural et historique de l’édifice, a expliqué le chef de la communauté catholique arménienne à Alep, l’archevêque Boutros Marayati.

Les travaux de restauration ont été financés notamment par des dons privés mais aussi issus d’institutions catholiques comme la Congrégation pour les Eglises orientales, les diocèses de Cologne (Allemagne) et Bologne (Italie), du Collège pontifical arménien de Rome, de l’Œuvre d’Orient, l’Aide à l’Eglise en Détresse, et de la communauté de Sant’Egidio.

La cathédrale a officiellement été rouverte samedi et reconsacrée dimanche. Les différentes cérémonies se sont déroulées en plus de Mgr Marayati (qui a présidé la messe dimanche), en présence du cardinal Mario Zenari, nonce apostolique en Syrie, du Grand Mufti de Syrie Ahmad Badreddin Hassoun, du Mufti d’Alep Mahmoud Akkam, et outre les autorités civiles, de musulmans et de fidèles chrétiens de différents rites.

Le représentant du Saint-Siège a lu un message d’encouragement de la part du pape François à toutes les Eglises catholiques, message également adressé aux orthodoxes et protestants. Le Pape, a expliqué le prélat au micro italien de Radio Vatican, a rappelé « la fidélité de ces Eglises dans les moments difficiles, leur fidélité au Seigneur qui est mort et ressuscité, et les a encouragés à continuer, à rendre à nouveau ce témoignage de foi, d’espérance et de charité. »

« Célébration d’espoir »

Le cardinal Zenari a aussi souligné que la réouverture et la consécration de la cathédrale était une véritable « célébration d’espoir» pour les chrétiens comme les autres parties prenantes de la mosaïque syrienne, qui vivaient paisiblement avant la guerre. « C’était une belle journée de fête, a-t-il déclaré, une belle fête dont Alep avait besoin, dont les chrétiens avaient particulièrement besoin. Ce message qui est venu du Pape a encouragé les chrétiens mais aussi toute la population à continuer après cette épreuve qu’ils ont vécue. »

Le Grand Mufti de Syrie a quant à lui souligné dans son discours, rapporte l’agence de presse Sana, que la réouverture de la cathédrale était un message au monde prouvant que « nous reconstruisons ce que le terrorisme a détruit des églises, des mosquées et des usines. »

« La Syrie attend toujours d’être reconstruite »

« Maintenant ici à Alep, presque toutes les églises ont été restaurées », a souligné le cardinal Zenari auprès de la radio vaticane. De fait, rien que pour l’année passée, la cathédrale grecque-catholique, Notre-Dame-de-la-Dormition, après avoir été bombardée en 2013, a de nouveau été ouverte au culte depuis le 23 avril dernier. La cathédrale arménienne apostolique des « Quarante-Martyrs » située dans le vieux quartier chrétien de Jdeidehcomme la cathédrale arménienne catholique peut de nouveau depuis le 30 mars faire célébrer des messes. Et la cathédrale des syriaques catholiques, Notre-Dame de l’Assomption, a été officiellement rendue aux fidèles le 9 septembre 2018, après restauration.

Malgré ça, « malheureusement, toute une Syrie attend toujours d’être reconstruite. Il suffit de penser à certaines infrastructures : les hôpitaux, à plus de 50%, sont fermés ou partiellement opérationnels et une école sur trois n’est pas accessible… La reprise économique que tout le monde attend est lente à venir, on constate une pauvreté croissante », a déploré à l’antenne de Radio Vatican, le cardinal Zenari. En faisant référence aux célébrations du week-end dernier, le prélat a reconnu que « c’était donc un bon signe d’espoir de voir la cathédrale où les chrétiens peuvent prendre conscience de leur responsabilité d’être un signe de réconciliation et de renaissance. Mais je dirais que toute la Syrie attend d’être reconstruite. », a-t-il conclu.

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