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Des schismatiques aux Eglises sœurs : un ton enfin apaisé

extraits de La Terre Sainte
14 mars 2024
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Des schismatiques aux Eglises sœurs : un ton enfin apaisé
Célébration de la vigile pascale de la communauté éthiopienne sur les toits du Saint-Sépulcre en 1941. Le patriarche pose avec un dignitaire probablement britannique. ©Library of Congress Prints and Photographs Division Washington, D.C. 20 540

Elles ont été tour à tour schismatiques, hétérodoxes,
dissidentes, non-unies, séparées. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le regard porté sur les autres confessions chrétiennes a évolué tout au long du siècle sous la plume des rédacteurs de la revue.C’est à la fin des années 50, que La Terre Sainte commence à voir les Églises d’Orient comme apportant chacune au paysage du christianisme sa propre saveur et la richesse de sa tradition.


Titre original : La réserve eucharistique chez les orthodoxes / Georges Lugans ofm, La Terre Sainte, juin-juillet 1973, page 206

Les premiers témoignages littéraires que nous avons sur la conservation de l’eucharistie en dehors de la messe sont ceux de : saint Justin, palestinien de Naplouse, (né vers 100-110, martyrisé en 165) qui a beaucoup voyagé de l’Asie Mineure jusqu’à Rome, où il a écrit sa première “Apologie” ; saint, Irénée, né vers 135-140 à Smyrne, évêque de Lyon, disciple de saint Polycarpe, lui-même disciple de saint Jean l’Apôtre ; et Tertullien, né vers 155 à Carthage, apologiste de grande valeur.

Les témoignages des Pères de l’Église sont nombreux, indéniables et constants (notre but n’est pas de les énumérer ici), pendant les quatre premiers siècles, jusqu’à la première scission au sein de l’Église. Tout le monde connaît le dévouement, jusqu’à en mourir martyr, du jeune saint Tarcisius portant le Corps du Christ aux chrétiens prisonniers et à ceux qui allaient au martyre : geste qui sera repris, au cours des âges, et jusqu’à nos temps concentrationnaires, par exemple celui d’un Edmond Michelet, que nous avons bien connu, et de tant d’autres inconnus, même actuellement dans l’Église du silence qui souffre un long martyre derrière les rideaux de fer ou de bambous.

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Vint la séparation entre l’Église d’Occident et celles d’Orient, à partir du Concile de Chalcédoine (451), plus pour des raisons politiques ou personnelles (jalousies de juridiction, caractères difficiles), et à cause de terminologies différentes, que pour des dissensions sur la doctrine au sujet de l’eucharistie, qui resta inchangée quant à la foi, au culte, à la réserve du Corps du Christ dans les églises et les maisons des fidèles.

Après la première séparation, à partir du Concile de Chalcédoine (451), dans les Églises d’Orient la doctrine sur l’eucharistie est restée et restera identique.

 

1. Église grecque-byzantine :

les pratiques eucharistiques, spécialement en ce qui concerne la sainte réserve, sont presque les mêmes que dans l’Église d’Occident, sauf que chez les orthodoxes on a conservé le Saint-Sacrement sous les deux espèces, pain trempé dans le vin, dans les églises ou les sacristies, en un tabernacle ou vase approprié, dans les maisons des fidèles, dans les ermitages de moines solitaires, comme les stylites, dans un coffret à l’usage de fidèles en voyage.

 

2. Église syrienne : nestorienne et monophysite.

a. Église syrienne nestorienne (orientale) : elle se propagea en Mésopotamie, Perse, Mongolie, Chine et Inde, puis rétrograda à partir de l’invasion de Tamerlan (fin du XIVe siècle). Cette Église ne conservait rien des saintes espèces, après la célébration du sacrifice, soit en référence à l’offrande de l’Agneau pascal dont il ne devait rien rester dans la Loi Ancienne, soit par opposition à l’Église de Byzance dont l’Église nestorienne avait eu à souffrir.

b. Église syrienne monophysite (occidentale) : elle s’est répandue, comme un pont entre l’Empire byzantin, la Palestine et l’égypte, chez les monophysites de Syrie ou Jacobites (ainsi appelés du nom de leur grand propagateur Jacques Baradaï) et représente au mieux l’ancien rite d’Antioche. Elle a gardé la conservation des saintes espèces pour les malades et ceux qui s’adonnent au jeûne, mais pas au-delà d’une semaine, du dimanche au samedi suivant.

 

3) Église arménienne :

elle doit son expansion en de multiples points d’Orient et d’Occident à l’émigration de ses fidèles d’origine. Elle a calqué sa liturgie sur celle de l’Église byzantine-grecque, au sujet de la sainte réserve, mais avec une rénovation plus fréquente, soit en permanence dans les églises, soit dans des maisons, pour les malades, les jeûneurs ou les voyageurs.

 

4. Église copte monophysite :

avec l’Église d’Éthiopie, elle aussi du rite d’Alexandrie, les Coptes se sont séparés de Rome, à partir du Concile de Chalcédoine. Le rite alexandrin, après avoir supplanté tous les rites d’Egypte, fut abandonné par les Melkites, mais il a été conservé par les monophysites égyptiens (ou “coptes” qui est le même nom). Chez eux, même foi en l’eucharistie, mais on ne conserve pas les saintes espèces, même pour les malades, soit à cause du pain mal cuit, qui devient rapidement très dur, soit pour éviter toute négligence en le conservant de façon peu décente. Si un mourant désire communier, on célèbre la messe tout exprès pour lui, et on lui porte l’eucharistie.

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