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J’ai peut-être un Takotsubo mais je me soigne – TSM 690

Marie-Armelle Beaulieu
13 mars 2024
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Takotsubo la maladie du coeur brisé


En Israël, où, à la différence de Gaza, il y a encore des hôpitaux, les services de cardiologies constatent, depuis le 7 octobre, une nette augmentation de cardiomyopathie de Takotsubo chez les femmes. Il faut dire que ce sont les premières victimes de cette insuffisance cardiaque aussi connue sous le nom de « syndrome du cœur brisé ». Elle apparaît à la suite d’un choc émotionnel ou physique. Nous en avons notre content.

En Israël et Palestine, nous devons être des millions de femmes qui pouvons localiser notre cœur dans notre poitrine, puisque nous avons en permanence le sentiment qu’il est cerclé d’un anneau trop étroit.

Brisé, serré, lourd, j’avais le cœur en capilotade la semaine dernière. Je n’ai jamais vu tant d’horreurs, tant de destructions, tant de mensonges, tant d’aveuglément et finalement tant de déshumanisation que depuis ces cinq derniers mois. Même si la guerre est asymétrique, l’horreur est des deux côtés. Pas aux mêmes endroits, pas mesurables de la même façon, pas avec les mêmes conséquences. Quiconque cherche à comparer les dommages ajoute à l’impasse où nous sommes. Il ne faut pas chercher à comparer pour avoir des chances de respecter les deux.

Ce dont je suis témoin me donne régulièrement la nausée. Les abîmes de réflexion dans lesquels cela me plonge sont vertigineux. Je dois aussi composer avec la violence de mes propres sentiments, avec ma révolte devant la lâcheté de ceux qui pourraient mettre un terme à ces souffrances mais s’y refusent sous des prétextes fallacieux. Je fais le plus souvent un jeûne de paroles, pas par vertu mais parce que j’ai envie de hurler.

Il n’y a que l’oraison qui m’apaise. J’ai délaissé la vacuité du Tombeau pour la méditation du Samedi saint tandis que Jésus descend aux Enfers et que nous restons sans rien. Amis du désespoir, bonsoir.

Et puis, dans cette nuit, j’ai été sollicitée pour participer à un groupe de gens qui là où ils sont en Israël ou Palestine, quelques-uns à l’étranger, bien qu’ils aient des religions différentes, de couleurs différentes et plus encore d’opinions différentes ont en commun de vouloir réparer ce qui peut l’être. J’ai passé deux heures à écouter des échanges respectueux, sans que personne ne coupe la parole à l’autre. J’ai entendu des points de vue divers, présentés sans haine ni ressentiment. J’ai prêté attention à des idées contre lesquelles je suis mais exposées de façon intéressante, d’autres loufoques mais qui sont peut-être visionnaires. J’ai vu des gens désireux de relever les manches, de mener des actions concrètes. Et quand finalement nous nous sommes donné rendez-vous pour une prochaine fois, j’ai senti durant quelques heures que l’étau s’était desserré et ça ressemblait au bonheur.

Dernière mise à jour: 13/03/2024 17:13

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