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L’UE demande une réduction des armes déployées contre Gaza

Giuseppe Caffulli
16 février 2024
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L’UE demande une réduction des armes déployées contre Gaza
Josep Borell ©Union Européenne

Les effets de l'intervention militaire israélienne dans la bande de Gaza après le 7 octobre 2023 semblent désormais disproportionnés pour la plupart. Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, appelle à en tirer les conséquences et à réduire l'afflux d'armements.


Quatre non fermes. Le Haut représentant de l’UE pour la politique étrangère et de sécurité commune, Josep Borrell, n’a pas mâché ses mots lors de la réunion informelle des ministres de la coopération et du développement des 27, qui s’est tenue à Bruxelles le 12 février. Développant, selon lui, un « raisonnement logique », M. Borrell a expliqué la position de l’Europe sur l’attitude d’Israël face à la guerre contre le Hamas dans la bande de Gaza et, plus généralement, face à ce qui se passe au Moyen-Orient.

Le premier refus concerne la réponse disproportionnée d’Israël à l’attaque terroriste du 7 octobre, qui a fait 100 000 morts, blessés ou disparus parmi les habitants de Gaza (comme l’a rappelé Philippe Lazzarini, chef de l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens, l’Unrwa, qui était présent à la réunion).

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Le second Non porte sur les plans de guerre du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui voudrait évacuer et attaquer la ville de Rafah, dernière portion de la bande de Gaza proche de l’Egypte, où s’est amassée une grande partie de la population civile fuyant le nord de la bande de Gaza à la demande de l’armée israélienne.

Un autre « non » est lié à la condamnation sans appel de l’UNRWA, qui fait l’objet d’une enquête de l’ONU concernant les accusations portées contre une douzaine de membres de son personnel (soupçonnés d’être des partisans ou des membres organiques du Hamas), et à l’arrêt annoncé par certains gouvernements du versement de fonds à l’Agence ; un blocage qui finirait par pénaliser non seulement les 1,3 million de personnes à l’intérieur de la bande, mais aussi les réfugiés palestiniens en dehors de Gaza (2 117 361 en Jordanie ; 774 167 en Cisjordanie, 528 616 en Syrie et 452 669 au Liban).

Un avertissement clair et direct que Borrell a adressé aux États-Unis et aux autres pays fournisseurs d’armes. Le « raisonnement logique » est le suivant : ceux qui disent vouloir que le massacre cesse doivent également cesser de fournir les moyens qui l’alimentent.

« De nombreuses personnes, et même récemment le président américain Joe Biden », a rappelé le haut représentant de l’UE, « ont déclaré que les opérations militaires à Gaza n’étaient plus proportionnées, que le nombre de civils tués était intolérable. Et cette évaluation est faite par de plus en plus de personnes à travers le monde. Mais ma question est la suivante : à part les mots, que pensez-vous qu’il faille faire si vous estimez que le prix à payer en termes de morts est trop élevé ? Si vous estimez que trop de gens sont tués, peut-être devriez-vous fournir moins d’armes pour éviter qu’autant de gens soient tués. N’est-ce pas logique ? »

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En 2006, lors de la guerre du Liban contre le Hezbollah, les États-Unis avaient déjà agi dans ce sens, en suspendant la fourniture d’armes à Israël « parce qu’ils ne voulaient pas arrêter la guerre », rappelle M. Borrell. Aujourd’hui, cependant, les choses semblent aller dans la direction opposée.

En décembre, par exemple, les Etats-Unis et Israël ont signé un accord important qui comprend la fourniture de plusieurs avions de combat F-35 et F15 Al, ainsi que d’hélicoptères Apache, selon la chaîne de télévision israélienne Channel 12. Cet accord s’ajoute à d’autres fournitures d’armes de guerre, de munitions et de technologie militaire.

Les États-Unis sont en tête de la liste des fournisseurs d’armes à Israël. Au cours de la dernière décennie, environ 70 % des armes israéliennes provenaient de l’étranger. Parmi les principales entreprises, on trouve trois sociétés américaines : Lockheed Martin, Raytheon Technologies et Boeing.

Le deuxième fournisseur d’armes à Israël est l’Allemagne, avec une part de 24 %, selon les données de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri). L’Italie arrive en troisième position avec 5,6 %.

En ce qui concerne le Hamas, bien qu’il n’y ait pas de données officielles, on pense que le principal fournisseur est l’Iran. Mais un rôle non marginal semble être joué par le Qatar, qui alimente le Hamas en argent et en armes, accueille des dirigeants du Hamas et dispose de canaux ouverts avec la milice libanaise pro-iranienne Hezbollah.

A Rome, le gouvernement Meloni indique que « depuis le 7 octobre, aucune nouvelle autorisation n’a été délivrée pour la vente d’armements à Israël » (c’est ce qu’a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Antonio Tajani, dans sa réponse écrite à une question parlementaire posée le 13 décembre à la Commission des affaires étrangères et de l’UE de la Chambre des députés). Cela n’implique toutefois pas la suspension des livraisons précédemment décidées (l’unité d’autorisation des armements – au sein du ministère des affaires étrangères – refuse, pour le moment, toute autre information sur les exportations vers l’État hébreu).

« C’est le commerce des armes qui alimente les guerres », ne cesse de répéter le pape François. Mais nous continuons de regarder ailleurs. Aux conflits en cours s’ajouteront ceux de demain. Ils sembleront éclater soudainement, pourtant, ils auront été préalablement approvisionnés par les marchands de mort.

 

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