Ses livres sont le fruit d’enquêtes incroyables, menées avec la rigueur de l’historien, écrites avec un don de conteur époustouflant. Si vous vous contentez de lire le titre de son dernier ouvrage « Le Saint-Suaire de Turin » (Editions Tallandier, 2022) vous penserez peut-être ne pas avoir besoin d’en savoir plus, ou du moins avoir une idée de son authenticité. Prenez le livre en main, commencez par l’introduction. C’en est fait : vous êtes ferré.
Jean-Christian Petitfils est un auteur prolifique : 38 ouvrages en propre et 19 collaborations. Il a collectionné les prix littéraires. Parmi ses livres plusieurs comptent 500 pages ou plus. 1052 pour son Histoire de la France : le vrai roman national. La performance doit être d’autant plus soulignée que l’homme n’est pas d’abord un écrivain. Il a en effet mené une brillante carrière dans le secteur privé bancaire où il a assumé plusieurs postes de direction de groupe. Son travail s’apparente donc à l’exploit.
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L’auteur de Le véritable d’Artagnan, des Socialismes utopiques, de La démocratie giscardienne, de Louis XVI ou de Louis XIV expliqué aux enfants, est aussi un croyant. Une foi réelle qui ne prend pas le pas sur le travail de l’historien dans son Jésus publié en 2015, et qui s’affirme sans faire oublier l’historien dans son Dictionnaire amoureux de Jésus. À 78 ans il publie un nouvel ouvrage qui lui tenait à cœur puisque l’historien, le conteur et le croyant s’intéressent à la question du linceul de Turin depuis 44 ans.
Le sous-titre de l’ouvrage – Témoin de la Passion de Jésus-Christ – traduit peut-être ce que le croyant a voulu y mettre, mais Jean-Christian Petitfils, dans les différentes interviews qu’il a données depuis la sortie de son livre à la fin de l’été, insiste pour dire que “ce n’est pas une question de foi”. Il a appliqué à son travail sur le linceul du Christ la même démarche d’enquête en vue de résoudre une énigme. “Une énigme historique, archéologique, scientifique qui peut déboucher sur une dimension spirituelle”, dit-il. Avec le même talent qu’il a pour traiter les mystères de l’Histoire, Petitfils reprend l’histoire au moment de l’ensevelissement de Jésus, vers l’an 33 de notre ère. Puis il épluche toutes les hypothèses sur le devenir du linceul jusqu’à ce qu’on retrouve sa trace à la fin du IVe siècle à Édesse – Urfa en Turquie – d’où il part pour Constantinople le 15 août 944. Il y reste jusqu’en 1203 et disparaît pour refaire surface en 1354 à Lirey en Champagne, à 17 km de Troyes. Dès lors, ses pérégrinations sont toutes connues mais ne manquent pas de rebondissements.
Les ostensions virent le jour en France à la moitié du XIVe siècle, mais la grande épopée du linceul de Turin commence avec les débuts de son histoire scientifique et le tournant photographique de 1898. Jean-Christian Petitfils consacre la deuxième partie de son livre – littéralement les 200 pages suivantes – à cette partie de l’enquête avec une telle minutie que l’éditeur, soucieux de bien promouvoir le livre, y a fait ajouter un bandeau jaune avec les mots “L’enquête définitive”. À la différence de bien des conférences et articles, l’esprit de polémique est ici absent et l’on suit les “disputes” scientifiques pas à pas, tenu en haleine. Deux excursion sur le suaire d’Oviedo – le linge qui couvrit le visage de Jésus – et la sainte tunique d’Argenteuil sont bienvenues, tandis que la troisième partie dans une relecture de l’art et de la Bible, viennent toucher droit au cœur celui qui, en trouvant une réponse, ouvre d’autres questions. ♦
Le Saint Suaire de Turin
Auteur : Jean-Christian Petitfils
Éditeur : Tallandier
Collection : Histoire des religions
Format : 15cm x 22cm
Nombre de pages : 464
Dernière mise à jour: 06/05/2024 12:49