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Gaza : « La première impression c’est que les gens mouraient de faim »

Rédaction
22 juillet 2025
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"Voir les gens qui font la queue des heures au soleil. c'est dur, très dur "Card. Pizzaballa ©lpj.org

Après avoir fait lecture de leurs déclarations réciproques, les patriarches ont répondu aux questions des journalistes. Plusieurs d’entre elles portaient sur la question de l’aide alimentaire et la réalité de la faim dans la bande de Gaza.


« La première impression sur le chemin vers l’église de la Sainte Famille, c’était que les gens mouraient de faim : des personnes âgées, des femmes, des jeunes garçons. Cette impression que ces gens semblaient affamés, réellement affamés », a expliqué le patriarche grec-orthodoxe Theophilos III lors de la conférence de presse conjointe avec le patriarche Pizzaballa au sujet de leur visite à Gaza.

Vendredi 18 juillet, au lendemain du tir qui a fait trois morts orthodoxes dans l’enceinte de la paroisse catholique de la Sainte-Famille où ils avaient trouvé refuge, les patriarches grec-orthodoxe et latin sont entrés à Gaza. Depuis la frontière israélienne, les deux patriarches ont partagé le même monospace.

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C’est très, très dur

La famine apparente, c’est aussi ce que retient le patriarche latin, le cardinal Pizzaballa qui, resté trois jours sur place, a pu se déplacer lors de ses visites au centre Caritas et à l’école du Rosaire de Gaza-City. « Il faut voir ce qu’est la famine. Partout où il y a une file d’attente, les gens, les enfants vous demandent de l’argent pour acheter du pain, etc. Et quand vous vous déplacez, ils voient que vous êtes étrangers, ils vous demandent du pain… partout… C’est difficile de trouver du pain, c’est difficile de trouver quoi que ce soit. Et les prix ! »

« Vous voyez beaucoup de gens faire la queue sous le soleil, dans l’espoir d’obtenir quelque chose et si vous êtes les derniers, vous n’êtes pas sûrs d’avoir quoi que ce soit…. c’est très, très dur. »

Repas à la paroisse de Gaza, du Qidreh sans viande, soit du riz parfumé au safran ©lpj.org

Lors de leur visite à l’hôpital anglican al-Ahli les patriarches se sont entretenus avec le corps médical : « En parlant avec les médecins, non seulement à l’hôpital al-Ahli mais aussi à Caritas, nous avons demandé ce qu’ils constataient. Ils ont dit que les conséquences de la malnutrition affectent aussi le système immunitaire. » entraînant des maladies en cascade.

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Le communiqué de presse annonçant l’entrée des patriarches laissait entendre qu’ils apportaient de l’aide humanitaire, nourriture et matériel médical. Un tweet du Ministre italien des Affaires étrangères affirmait que les deux prélats entraient avec 500 tonnes de nourriture.

« Nous n’avons pas apporté un seul gramme de ravitaillement, a expliqué le cardinal Pizzaballa. Nous avons obtenu l’autorisation. Mais techniquement, impossible de préparer en quelques heures 500 tonnes, trouver les camions pour l’acheminement, faire la coordination à la frontière, à l’intérieur de la frontière, etc. Maintenant que le feu vert est obtenu, bien sûr, nous y travaillons afin que ce soit mis en œuvre et que cela se traduise concrètement dans les prochains jours. »

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« La coordination nécessite des moyens qui ne sont pas simples à rassembler, comme je l’ai dit. Il faudra trouver les routes praticables, car toutes ne le sont pas pour les camions, etc. Nous ne ferons pas de distribution en un seul endroit, nous avons besoin de plusieurs points répartis sur le territoire.
Il faut aussi trouver des bénévoles, une chaîne de distribution, de la coordination etc. Il faut éviter ce qui s’est produit dans d’autres situations à Gaza : des incidents pendant les distributions. Nous travaillons là-dessus. Et pas seulement l’Église. Nous sommes des facilitateurs de l’aide, mais nous devons travailler avec tous ceux qui sont autour. »

Le patriarche Pizzaballa a regretté qu’on ait compris que de l’approvisionnement était entré avec eux :  « Par malheur, on a dit que nous entrions avec de la nourriture. Beaucoup de personnes sont venues dans les paroisses pour voir où était cette nourriture. (…) »

Revenant sur la difficulté de faire entrer quoique ce soit, le patriarche Theophilos a dit qu’il avait même été difficile de faire entrer de l’argent à destination des paroisses qui ont besoin en attendant l’aide promise d’acheter, à prix d’or, le peu que l’on trouve encore.

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