De Jérusalem s’élèvent des voix de condamnation des Églises chrétiennes après l’attentat contre des Juifs survenu le dimanche 14 décembre sur une plage de la Nouvelle-Galles du Sud, en Australie. Le Vatican et le Conseil œcuménique des Églises réaffirment eux aussi leur refus de l’antisémitisme.
(g.s.) – Les responsables des communautés chrétiennes de Terre Sainte se disent eux aussi bouleversés et indignés par le sanglant attentat à caractère antisémite perpétré dans l’après-midi du dimanche 14 décembre à Bondi Beach, la plage la plus célèbre de Sydney.
Comme l’ont rapporté des chroniques relayées dans le monde entier, deux hommes armés – père et fils, immigrés en Australie depuis le Pakistan selon les informations disponibles à ce stade – ont ouvert le feu avec des fusils détenus légalement sur des membres de la communauté juive locale qui participaient à la cérémonie d’allumage de la première bougie de Hanoucca, fête juive (mineure) célébrée chaque année à l’approche de Noël.
Le massacre de Hanoucca
Le bilan provisoire de la tuerie fait état de 15 victimes innocentes et d’une quarantaine de blessés, dont certains dans un état grave. Arrivée sur les lieux, la police a neutralisé les deux assaillants, tuant le plus âgé et arrêtant son fils, ensuite hospitalisé, où il est resté dans le coma pendant quelques jours.
L’intervention décisive d’un passant a permis d’éviter un bilan encore plus lourd : il n’a pas hésité à surprendre par-derrière le plus jeune des deux tueurs et à le désarmer. Il a lui-même été blessé au bras par les tirs de l’autre assaillant. L’homme, salué comme un héros par une nation entière sous le choc, s’appelle Ahmed al-Ahmed ; c’est un petit commerçant d’un peu plus de quarante ans, d’origine syrienne, musulman comme les deux terroristes. Les enquêtes de la police australienne ont révélé que les deux assassins revenaient d’un long séjour dans le sud des Philippines, dans la région majoritairement musulmane de Mindanao, où existent également des camps d’entraînement du mouvement terroriste État islamique (Daech), bénéficiant probablement de la protection de la guérilla indépendantiste musulmane active dans la zone depuis des décennies.
La condamnation des Églises de Jérusalem
Comme indiqué en ouverture, une ferme condamnation est venue de Jérusalem, le 15 décembre, de la part du Conseil des patriarches et chefs des Églises de Terre Sainte. « Nos cœurs sont brisés pour les victimes et pour la communauté juive de Nouvelle-Galles du Sud [l’État australien dont Sydney est la capitale – ndlr], dont la fête de la lumière a été désormais enveloppée par la violence. »
« Dieu nous commande – soulignent les responsables religieux – de respecter tous les êtres humains innocents : c’est une conviction partagée par tous les enfants d’Abraham, père des prophètes. Nous devons même aller au-delà du respect, car nous sommes appelés à chercher des moyens de nous entraider. Nous louons les actions héroïques d’Ahmed al-Ahmed, un musulman qui a affronté l’un des tireurs, sauvant probablement de nombreuses vies. Les personnes de foi sont appelées à s’aider et à se défendre mutuellement, comme l’a fait Ahmed. »
La déclaration s’achève par un appel à la prière : « Prions pour toutes les personnes touchées par cette violence. Prions pour que la population de Nouvelle-Galles du Sud et de toute l’Australie réponde avec empathie et soutien à la communauté juive locale. Prions pour ceux qui luttent pour leur vie et pour le personnel médical qui travaille sans relâche pour les sauver. Nous prierons pour les défunts, dont nous dirons les noms, et pour leurs familles endeuillées. Prions pour notre monde blessé, afin qu’il puisse être guéri et que tous puissent professer librement leur foi, dans la paix. »
La douleur de Léon XIV
Depuis le Vatican, le même jour, le pape a également exprimé sa douleur face à « l’horrible attaque » de Bondi Beach, assurant, par un télégramme du secrétaire d’État, le cardinal Pietro Parolin, adressé à l’archevêque de Sydney Anthony Fisher, « sa proximité spirituelle à tous ceux qui ont été touchés par cet acte de violence insensé ». Il a en outre réaffirmé l’espérance « que ceux qui sont tentés par la violence se convertissent et cherchent la voie de la paix et de la solidarité ». Une espérance accompagnée de la prière « pour la guérison de ceux qui sont encore en convalescence et pour le réconfort de ceux qui pleurent la perte d’un être cher ». Dans la matinée, lors d’une audience, Léon XIV a lui-même évoqué le massacre en Australie en déclarant : « Assez de ces formes de violences antisémites ! Nous devons extirper la haine de nos cœurs. »
« L’antisémitisme, un péché contre Dieu et contre l’homme »
Depuis Genève, la voix du révérend Jerry Pillay, secrétaire général du Conseil œcuménique des Églises (COE), s’est également élevée. Il a écrit : « Cette attaque s’inscrit dans une augmentation mondiale préoccupante des actes antisémites, qui témoignent d’une haine violente de plus en plus audacieuse et mettent en danger la sécurité de communautés ayant vécu pacifiquement pendant des décennies au sein de sociétés multiculturelles. Un tel antisémitisme violent constitue une grave violation des droits humains fondamentaux et ne peut être toléré dans aucune société démocratique. »
« Dès sa fondation en 1948, le COE a condamné l’antisémitisme comme un “péché contre Dieu et contre l’homme” et a appelé “toutes les Églises que nous représentons à dénoncer l’antisémitisme, quelle qu’en soit l’origine, comme absolument inconciliable avec la profession et la pratique de la foi chrétienne”. Aujourd’hui, nous renouvelons cet appel à la communauté œcuménique mondiale des Églises. »



