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Venus pour apporter un message de paix

Frère David Grenier, ofm
14 juillet 2016
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Venus pour apporter un message de paix
Les temps messianiques n’étant pas de retour en Terre Sainte, le nouveau custode devra composer avec la réalité pour annoncer l’eschatologie franciscaine ©Nadim Asfour/CTS

Pour la première fois en douze ans, les franciscains de Terre Sainte se retrouvent avec un tout nouveau custode, fr. Francesco. Il s’inscrit dans une longue lignée : 800 ans de présence des fils de saint François en Terre Sainte lui ont donné des centaines de prédécesseurs.


C’est en 1342 que sera établie officiellement la Custodie de Terre Sainte, lorsque le pape Clément VI confia aux franciscains la garde des Lieux Saints. Le choix n’était pas trop difficile : ils étaient les seuls catholiques établis à Jérusalem à l’époque, sans doute les seuls assez fous pour le faire dans cette période post-croisades où le gouvernement mamelouk ne rendait pas la vie facile à ceux qui ne partageaient pas sa foi musulmane.

Tout cela a pris origine cependant dans ce qui s’était passé un siècle plus tôt : en 1219, saint François lui-même mettra les pieds en Terre Sainte, profondément attiré par l’humanité du Christ, par l’humilité du Dieu fait homme qui, par amour pour nous, ressentit dans sa chair la chaleur de Jéricho et le froid des nuits sur la montagne, les tempêtes de sable du désert et celles, célèbres dans l’Évangile, du lac de Tibériade. Saint François voulait voir de ses yeux ce que le Christ avait vu, et expérimenter tant qu’il put ce que Notre Seigneur avait vécu en parcourant les routes de ce pays.

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Durant son séjour, il accompagnera les Croisés jusqu’en Égypte, où, après une cuisante défaite de l’armée chrétienne, il ira – c’est la folie des saints – à la rencontre du sultan. Vêtu de sa tunique habituelle, sans armes, sinon celles de la foi, il faisait un Croisé bien différent des autres chevaliers du Christ venus combattre dans cette région.

Voyageant à deux avec fr. Illuminé, comme jadis les apôtres, il se dirigeait pourtant lui aussi au combat, comprenant toutefois bien quel était l’ennemi à vaincre : la haine, provoquée souvent par l’ignorance et les préjugés, et par l’orgueil qui nous fait toujours considérer l’autre comme inférieur à nous. Et il remporta la victoire…

La Croix ne peut que porter du fruit

L’impensable se produisit. Ils furent accueillis par le sultan et restèrent un mois avec lui. Ils en repartirent amis de Malik al-Kamil, qui leur fit un grand cadeau. Refusant tous les trésors que le chef musulman voulait lui offrir, saint François finit par accepter un autre type de don : un “sauf-conduit”, permettant à lui et à ses frères de rejoindre les Lieux Saints sans être persécutés et sans devoir payer la taxe requise à l’époque.

C’est ce qui emmena sur ces lieux les fils de saint François qui, 800 ans plus tard sont toujours sur place, essayant tant bien que mal de suivre l’exemple de leur fondateur, de continuer à leur tour le dialogue, à chercher la rencontre avec l’autre, quel qu’il soit, malgré les différences.

Cela comporte des difficultés, mais le chrétien n’est-il pas appelé à prendre sur lui la Croix du Christ, voire à devenir lui-même une croix : un lien entre le ciel et la terre, emmenant les gens à Dieu et Dieu aux gens, acceptant du même coup de tendre les bras pour servir de pont entre des personnes se trouvant dans des positions opposées ?

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C’est parfois souffrant : on peut se sentir écartelé. On a quelquefois l’impression d’être considéré comme un ennemi de part et d’autre, simplement parce qu’on refuse de voir l’autre comme un ennemi. Mais la Croix ne peut que porter du fruit.

Il y a quelques siècles, les Croisés avaient pris la route de Jérusalem principalement pour libérer les Lieux Saints et permettre aux pèlerins de venir prier là où le Christ l’avait fait lui-même avant eux. Des milliers d’hommes porteurs d’armures et d’épées arrivèrent en Terre Sainte, y combattirent 200 ans avant d’en être chassés. Saint François et fr. Illuminé y vinrent également, porteurs d’un message de paix et d’ouverture, malgré les risques que cela comportait et la guerre qui faisait rage. Armés du bouclier de la foi et du glaive de la Parole de Dieu, à deux, ils réussiront en un mois là où des milliers d’hommes armés échouèrent : 8 siècles plus tard, les fils de saint François continuent à accueillir sur les Lieux Saints les pèlerins venus du monde entier. 

Dernière mise à jour: 10/01/2024 20:28

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