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Pas de signature en vue pour l’accord Israël/Saint-Siège

Christophe Lafontaine
12 mars 2018
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Pas de signature en vue pour l’accord Israël/Saint-Siège
Les évêques de la Celra autour du Pape lors de leur audience le 8 mars 2018 © Osservatore Romano

Le pape et son Secrétaire d’Etat ont reçu les évêques latins des régions arabes le 8 mars. Au programme, entre autres : le statut juridico-financier de l’Eglise en Israël et la présence des catholiques en Terre Sainte.


Les membres de la Conférence des évêques latins dans les régions arabes (Celra) ont rencontré le pape et son « Premier ministre », le cardinal Parolin, le 8 mars 2018, au Vatican. Dans une brève déclaration, dont s’est fait l’écho, l’agence de presse italienne SIR (Servizio Informazione Religiosa), les représentants de la conférence épiscopale expliquent avoir été informés par le Cardinal Parolin, secrétaire d’Etat du Saint-Siège, de l’état des négociations entre Israël et le Saint-Siège.

Les deux Etats bûchent en effet depuis une vingtaine d’année sur la signature d’un document final devant traiter de la délicate question du statut juridico-financier de l’Eglise catholique à Jérusalem et en Terre Sainte alors que plane toujours  une incertitude et une insécurité sur la question des propriétés ecclésiastiques, entre autres, ainsi que la problématique très actuelle des exonérations fiscales sur le revenu des activités commerciales des communautés chrétiennes.

Dans leur communiqué publié en arabe sur abouna.org (en français sur lpj.org ici), les 13 membres de la Celra présents au Vatican expliquent qu’aucun accord n’est encore signé. Un retard qui s’expliquerait «  en partie » par le récent bras de fer fiscal entre la municipalité de Jérusalem et les Eglises chrétiennes. Ce qui, de fait,  paraît plutôt logique.

Les évêques de la Celra étaient à Rome pour leur assemblée qui se tenait du 5 au 10 mars à Rome. Cette dernière coïncidait avec leur visite ad limina (que chaque évêque fait en principe tous les cinq ans au Saint-Siège). A ce titre, ils ont été reçus pendant une heure par le pape François, indique Vatican News. « Le pape – a déclaré auprès du même média, l’administrateur apostolique du Patriarcat latin – nous a beaucoup encouragés à aller de l’avant. Il était conscient de toutes les situations qui affectent à différents titres cette vaste zone couverte par la Celra. »  A savoir la Terre Sainte (Israël, Palestine, Jordanie, Chypre) mais aussi les pays du  Moyen-Orient et de  l’Afrique Orientale (Djibouti, Égypte, Irak, Kenya, Koweït, Liban, Somalie, Syrie et Émirats arabes unis,  Oman, Yémen, Arabie Saoudite, Bahreïn et Qatar.) Avec pour dénominateur commun d’être tous des pays « tristement connus pour l’actualité de leurs conflits sociaux et politiques », comme n’a pas manqué de le souligner Mgr Pizzaballa.

0,6 % de catholiques en Terre Sainte

Le souverain pontife a exhorté les membres de la conférence épiscopale des Eglises latines de ces pays à être « ferment culturel, religieux, d’unité, de communion dont les populations locales ont besoin », a ajouté l’administrateur apostolique du Patriarcat latin de Jérusalem. Ce dernier, a par ailleurs fait savoir que la présence catholique au Moyen-Orient est « fortement menacée. » « En Terre Sainte, par exemple, nous sommes 0,6%, les chrétiens un peu plus de 1%. Les proportions sont plus ou moins les mêmes dans les autres pays à l’exception du Liban. Nous souffrons d’une forte émigration, ces conflits ont conduit à une fuite de masse. »

L’administrateur apostolique se veut néanmoins rassurant en expliquant que les catholiques ne sont pas menacés de disparition mais risquent de devenir « quantité négligeable ». Et l’évêque d’évoquer ainsi le spectre de la migration qui « n’est pas seulement quantitatif mais qualitatif. » Déplorant ainsi, la disparition de la classe moyenne chrétienne qui pourtant, selon les dires du prélat, « a une influence très importante sur la vie sociale, l’économie, l’entrepreneuriat et la vie politique. »

L’administrateur apostolique a confié que le pape avait  aussi « pris note des beaux témoignages de foi qui malgré tout viennent de ces territoires. »

Les membres de la conférence épiscopale ont aussi prié avec le Saint-Père pour les chrétiens, pour les croyants en général « qui vivent des situations difficiles, notamment en Syrie, en Irak, en Palestine, en Somalie et au Yémen », a rapporté, le site vaticaniste, Il Sismografo.

La prochaine assemblée de la Celra se tiendra au Caire en Egypte en février 2019. Créée, il y a plus de cinquante ans, la conférence est présidée par le patriarche latin de Jérusalem. Actuellement, c’est l’administrateur apostolique du Patriarcat, Mgr Pierbattista Pizzaballa, qui en est le vice-président par procuration.

La Conférence des évêques latins dans les régions arabes est destinée à favoriser la collégialité et la communion entre les Eglises locales du monde arabe (à l’exclusion de l’Afrique du Nord qui dispose d’un Conseil distinct).