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Une copie du Saint-Sépulcre en Ukraine

Marie-Armelle Beaulieu
30 septembre 2018
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Une copie du Saint-Sépulcre en Ukraine
La vue aérienne de cette nouvelle Jérusalem permet de distinguer les différents monuments disposés selon un plan qui ne manque pas de faire penser au plan même du Saint-Sépulcre.

Le Saint-Sépulcre a inspiré des milliers d’ouvrages architecturaux
en Europe et dans le monde. L’Église grecque-catholique ukrainienne a entrepris en 2014 la construction de tout un ensemble intitulé “La Jérusalem ukrainienne”. Une curiosité.


C’est le site Internet de la custodie qui a fait sortir cette nouvelle de la confidentialité où l’alphabet cyrillique et l’ukrainien auraient pu la confiner. Le 27 août 2018, en présence du custode de Terre Sainte, fr. Francesco Patton et de son vicaire, fr. Dobromir Jasztal, était inauguré à Zarvanytsia, au sud de Ternopil, à égale distance de Kiev et Cracovie, un sanctuaire grec-catholique intitulé : “La Jérusalem ukrainienne”. À l’invitation de Sa Béatitude Svyatoslav, archevêque Majeur et chef de l’Église grecque-catholique d’Ukraine, pas moins de cinquante mille pèlerins sont venus pour les célébrations organisées sur deux jours et coïncidant il est vrai, dans le calendrier byzantin, avec la fête de l’Assomption de la Vierge.

 

Zarvanytsia, un sanctuaire marial connu pour son icône de la Mère de Dieu et réputée pour ses miracles, est déjà un site de pèlerinage populaire. C’est dans l’immense propriété de l’Église grecque-catholique qu’a été construit ce complexe composé de plusieurs répliques de monuments hiérosolomytains, reconnaissables mais pas absolument fidèles. La Porte des Lions (sans les lions), la “Tour de David” de la Porte de Jaffa, les escaliers de Saint-Pierre en Gallicante (refaits à neuf !), le Golgotha évoqué avec trois croix, le jardin de Gethsémani, une évocation des remparts de la Vieille ville, et une autre de la piscine de Bethesda. Mais le joyau du sanctuaire est une réplique de l’édicule, le bâtiment écrin du tombeau de Jésus. Une copie grandeur nature qui s’inspire davantage de l’édicule du XVIe siècle que de l’actuel qui date du XIXe.
Faut-il voir dans ce choix une option pour la catholicité ? L’édicule du XVIe est celui construit par le franciscain Boniface de Raguse, custode de l’époque. Or l’Église grecque-catholique d’Ukraine, longtemps persécutée et sortie de la clandestinité grâce à saint Jean Paul II, est en lien conflictuel avec sa sœur jumelle orthodoxe toute puissante.
Mais l’essentiel n’est pas là. L’Église grecque-catholique ukrainienne a voulu offrir à ses fidèles une Jérusalem à domicile. L’histoire de la spiritualité a appelé cela la translatio Hierosolymae, le déplacement de Jérusalem. Pour ce qui est du Saint-Sépulcre, il fut architecturalement imité dès le Ve siècle mais les répliques se firent plus nombreuses à partir du XIe. La perte de Jérusalem en 1187 mit un frein à ce phénomène qui reprit de plus belle au XVe siècle, date à laquelle ont vit éclore nombre de copies de l’édicule à l’échelle 1/1 ou à peu près. Car si certains de ces modèles sont très fidèles, d’autres se calquent davantage sur les goûts artistiques de l’époque et du lieu.

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Les recherches scientifiques sur ce mouvement sont légion et passionnantes, toutes évoquent peu ou prou les raisons qui ont présidé à ces travaux. Elles peuvent être personnelles ou collectives, religieuses ou politiques. Si rien ne surpasse le pèlerinage en Terre Sainte, il suffit de voir les pèlerins de la Jérusalem ukrainienne se presser autour du tombeau, priant, implorant, touchant, caressant et baigner de leurs larmes l’édifice flambant neuf pour comprendre que Jérusalem et ses grâces se donnent aussi à distance. Pour ajouter à leur joie, la custodie de Terre Sainte a offert au nouveau sanctuaire une relique substantielle du rocher du tombeau, le seul témoin de la Résurrection encore présent. Elle sera enchâssée dans l’édicule de Zarvanytsia.♦


Les traces du Saint-Sépulcre en France

Les lecteurs fidèles de Terre Sainte Magazine ont déjà vu évoqué ici les édicules grandeurs nature d’Angers (49) et de Notre-Dame du Chêne à Vion (72) ou le monolithe d’Aubeterre sur Dronne (16). Si on devine que la commune de Neuvy Saint-Sépulcre (36) a quelque chose à voir avec Jérusalem, c’est peut-être moins évident de la cathédrale Saint-Bénigne de Dijon (21), des églises de Lanlef (29), Parthenay (79), de l’Assomption à Rieux-Minervois (11), de l’abbaye Sainte-Croix de Quimperlé (29), celle de Saint-Sauveur de Charroux (86), de la collégiale de Saint-Léonard-de-Noblat (87), des églises du Saint-Sépulcre à Villeneuve (12), Saint-Omer (59), ou Abbeville (80), ou encore les chapelles du Saint-Sépulcre de Saint-Restitut (26), Peyrolles (13), celle des Templiers de Metz (57), ou de Laon (02) pour finir cette liste – non exhaustive – avec l’octogone de Montmorillon (86) !

Les amoureux du Saint-Sépulcre ont de nouvelles destinations de week-end en perspective !

Dernière mise à jour: 14/02/2024 13:22