Actualité et archéologie du Moyen-Orient et du monde de la Bible

Un échange sans concession mais un échange

Marie-Armelle Beaulieu
30 mars 2019
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Un échange sans concession mais un échange

La première représentation de la rencontre entre François et le sultan est datée du milieu du XIIIe siècle soit de 30 à 50 ans après qu’elle ait eu lieu.

Cette illustration – utilisée dans le logo page 29 – est extraite d’un retable dont les experts disputent la paternité. Il se trouve à Florence en Italie dans la chapelle Bardi de l’église de la Sainte-Croix. Elle représente un saint François prêchant au sultan devant un parterre de musulmans qui ne paraissent pas ravis.

Quand Giotto (dans les fresques de la basilique supérieure d’Assise et à Florence) s’empare du sujet vers 1295-1299, il introduit la représentation d’une ordalie. Un défi par le feu proposé afin de prouver la véracité de ses propos, selon des sources secondaires à caractère apologétique. Ce signe est la façon la plus fréquente de représenter la scène du XIVe au XVIe. Zacarías González Velasquez (1787) s’en affranchira comme on peut le voir au musée du Prado. Les conseillers du sultan ne se montrent pas plus joyeux, mais il n’y a plus ni feu ni armes.
Après quelques représentations au XIXe siècle – la plupart issues du monde franciscain – c’est avec le regain d’intérêt pour les icônes dans la seconde partie du XXe siècle que le sujet de la rencontre entre les deux personnages refait surface. Parce qu’elle devient iconique de ce que l’on voudrait voir être le dialogue avec l’islam.
Les deux personnages sont donc bien représentés avec leurs attributs, qui permettent de distinguer les religions, mais leur posture est celle de la discussion, éventuellement passionnée.
Un iconographe contemporain, copié depuis, a voulu représenter un élan d’amour divin partagé. Robert Lentz est américain et franciscain. Il représente à nouveau le feu, mais cette fois-ci le feu de la charité qui monte en flammes vers le ciel tandis que les deux personnages se donnent l’accolade.

Terre Sainte Magazine a choisi pour sa part une icône locale, réalisée par un égyptien Nabil Youssef Bushra. Elle a été au centre des célébrations du huitième centenaire qui se sont déroulées à Damiette en Égypte et bénie par le patriarche copte catholique Mgr Ibrahim Ishaq.

Et il faut mesurer ce que cela représente pour les chrétiens, aujourd’hui en Égypte, de vouloir croire encore que l’échange est possible avec les musulmans. Un échange passionné et certainement sans concession mais un échange.♦

Dernière mise à jour: 14/03/2024 13:52

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