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Franciscains tout terrain

Beatrice Guarrera
6 mars 2020
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Franciscains tout terrain
Vendredi saint, frère Amjad avait délaissé le parcours traditionnel du chemin de Croix pour le faire au cœur du quartier chrétien de Jérusalem en marquant les 14 stations dans 14 lieux différents. ©Andrea Krogman

Pour les chrétiens de Terre Sainte, le temps du carême et de Pâques a une saveur légèrement différente du reste du monde.
C’est un peu comme si c’était leur fête puisque les jours de la Passion se sont déroulés ici.
Confinés, les gardiens des lieux saints qu’ils ont la fierté d’être depuis 2000 ans et pour qui ce temps spécial représente souvent aussi un retour spirituel sincère, ont pu compter notamment sur leurs pasteurs.


Une catéchèse en vidéo, une bénédiction au son de la cloche, un paquet de denrées alimentaires : voici quelques-unes des initiatives mises en place par les franciscains curés de paroisses pour prendre soin de leurs fidèles durant le confinement.

À Jérusalem frère Amjad Sabbara a animé des prières sur les toits – tant que c’était permis – il a distribué les rameaux de maison en maison dans le quartier chrétien, où il a aussi animé le chemin de Croix du Vendredi saint dans ses ruelles. “Après la Vigile pascale au Saint-Sépulcre, nous avons chargé des scouts d’apporter la Sainte Lumière dans les maisons de la Vieille ville”, explique-t-il encore. Ce fut une joie inattendue pour de nombreux paroissiens, qui ont ainsi pu allumer une bougie à la flamme du cierge pascal.

“Nous avons mis en place un comité de religieux, poursuit-il. Chacun a un rôle : qui la vidéo-catéchèse pour les enfants se préparant à la confirmation ou les vidéoconférences de la jeunesse franciscaine. Le jour de Pâques, avec fr. Sandro, nous avons appelé les paroissiens pour qu’ils sentent que leurs pasteurs sont à leurs côtés.”

“Avec l’aide de huit jeunes de la paroisse, de notre comité d’urgence et de notre responsable du centre social, nous aidons de nombreuses familles en difficulté, également grâce à la contribution de la Franciscan Foundation for the Holy Land”, a déclaré fr. Amjad.

 

En territoire palestinien, les effets du couvre-feu total, initié le 5 mars, pèsent lourd.

À Bethléem la paroisse latine a pris en charge les personnes dans le besoin. En territoire palestinien, les effets du couvre-feu total, initié le 5 mars, pèsent lourd. “Nous aurons des moments difficiles après la pandémie, car ici les gens dépendent du tourisme et beaucoup sont des travailleurs journaliers, explique fr. Rami Asakrieh, curé de la paroisse Sainte-Catherine. Maintenant tout est arrêté et ce sera probablement le cas durant de longs mois. Le problème principal à Bethléem sera celui du travail.” En collaboration avec les autorités, fr. Rami a sélectionné les familles et les personnes âgées en plus grand besoin, auxquelles il a distribué des colis de subsistance. Les scouts et le mouvement de jeunesse assurent l’intendance.

 

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“Nous avons encouragé les gens à suivre les dispositions du patriarcat et beaucoup ont célébré le triduum pascal lors de partages et prières en famille – poursuit fr. Rami – C’était très beau de recevoir leurs photos. Le curé et ses collaborateurs continuent à rester aux côtés des paroissiens de Bethléem notamment via Facebook et en organisant des aides matérielles et des rendez-vous spirituels en ligne.

 

Les gens en ont besoin

Fr. Toufic Bou Merhi, curé de l’église latine de Saint-Jean d’Acre, a fait part du même engagement sur les réseaux sociaux pour garder le contact avec ses fidèles qui sont à peu près 120. “J’ai lancé la page Facebook de la paroisse où se déroulent les célébrations en direct – explique-t-il. Comme je suis seul, je suis à la fois le photographe, le chantre et le célébrant. Pendant le carême, j’ai fait le chemin de Croix tous les vendredis.” En cette période, les pensées du curé vont surtout vers la vingtaine d’enfants et plus qui se préparent à la communion et à la confirmation. “Le custode m’a suggéré de faire une catéchèse hebdomadaire tous les lundis soir. Elles peuvent également servir aux jeunes que je connais et qui veulent se connecter pour entendre ce que je dis.”

“La première semaine nous faisions l’adoration en streaming – raconte fr. Agustin Pelayo, curé de Saint-Antoine de Jaffa. Puis, pour la Semaine Sainte, nous avons cherché d’autres moments pour rencontrer nos paroissiens.” La réalité des fidèles à Jaffa est très variée, avec plus de 1 500 chrétiens arabophones et de nombreux migrants d’origines diverses, Philippins, Africains et Indiens. “Nous avions annoncé sur les réseaux sociaux que le dimanche de Pâques à midi, au son des cloches, nous donnerions une bénédiction, explique fr. Agustin. Nous leur avions suggéré de s’agenouiller quand ils entendraient les cloches. Ce fut un moment très émouvant pour toute la paroisse.”

 

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“Nous sommes trois frères en communauté et nous avons senti une réelle proximité avec les paroissiens. C’est pour moi le plus beau fruit. Beaucoup nous appellent pour nous dire que nous leur manquons et des groupes de prière ont été créés sur Whatsapp et Zoom”. Comme à Jaffa, ou à Jérusalem, lorsqu’un paroissien est diagnostiqué positif au Covid-19, la communauté des fidèles se réunit en prière à l’invitation du curé.

“Nous nous organisons également pour pouvoir célébrer la messe sur la place en plein air, lorsque les autorités l’autoriseront. Les gens en ont besoin. Beaucoup regrettent même
les problèmes qu’ils avaient auparavant. Ce que je leur répète, c’est que lorsque nous étions heureux, nous ne le réalisions pas”. t

Dernière mise à jour: 06/03/2024 13:30

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