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Le Noël éthiopien, en union avec les orthodoxes

Alberto Elli
10 décembre 2022
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Le Noël éthiopien, en union avec les orthodoxes
Procession éthiopienne devant la basilique de la Nativité, le 6 janvier au soir ©Matanya Tausig/Flash90

Bien que l’Église éthiopienne ait son propre calendrier, la naissance du Christ est bien célébrée le 25 décembre du calendrier julien soit le 7 janvier du calendrier grégorien.


Chez les chrétiens de Terre Sainte, Noël se fête à trois dates différentes 25 décembre, 7 janvier et 18 janvier. Pendant l’Avent, Terre Sainte Magazine vous invite à comprendre la disparité de ces dates et découvrir comment se célèbrent ces autres Noël dans les Églises orientales à Bethléem. Les articles sont extraits du dossier du numéro 664 (Novembre-Décembre 2019).


Les Ethiopiens sont la deuxième plus ancienne nation chrétienne du monde, après les Arméniens. Le Christianisme est devenu la religion de l’empire d’Axoum vers 340 de notre ère, sous le règne de l’Empereur Ezanas. Même après l’islamisation de la région, une chrétienté bien spécifique s’est développée dans le pays (60% de la population), avec sa langue, ses rites, ses représentations artistiques, et son calendrier.

Le calendrier éthiopien est parallèle au calendrier copte (le jour du mois est toujours le même dans les deux calendriers, seul le nom du mois change), l’Église éthiopienne étant une filiation directe de l’Église copte. En Éthiopie, cependant, on n’utilise pas l’Ère des Martyrs, mais l’Ère (éthiopienne) de l’Incarnation, ‘āmata śeggāwē, «année de l’Incarnation» : elle commence 5 500 ans après la création du monde, soit le 29 août de notre an 8 ap. J.-C.

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La célébration de Noël – proprement dite Ledata Egzi’ena Iyasus Krestos «la Nativité de Notre Seigneur Jésus-Christ», mais aussi Ba’āla Wald «Fête du Fils» – est l’une des neuf fêtes principales du calendrier liturgique täwahedo de l’Église orthodoxe d’Éthiopie. Contrairement à certaines de ses neuf fêtes, par exemple Pâques Fasika, Noël fait partie de celles dont la date de célébration est fixe.

Pas d’endroit où célébrer dans la basilique de la Nativité

Dans le calendrier éthiopien, Noël est célébré le 29 tāhsās (4e mois du calendrier) ; dans l’année de Jean, qui suit l’année bissextile de Luc, Noël est célébré le 28 tāhsās, afin de garder le nombre exact de 9 mois et 5 jours de la gestation de Jésus dans le sein de Marie, après l’Annonciation le 29 maggābit (7e mois). Ainsi Noël est toujours célébré le 25 décembre selon le calendrier julien, qui correspond actuellement au 7 janvier du calendrier grégorien.

Noël est précédé d’un long jeûne qui s’arrête à sa veille ; ce jour est connu sous le nom de gannā (du grec ghénna «nativité, naissance») ; Noël n’est donc jamais un jour de jeûne, même lorsqu’il tombe un mercredi ou un vendredi, jours traditionnels du jeûne pour les éthiopiens. 

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La première mention de la fête, et de sa date, remonte à la période post-aksoumite et se trouve dans une inscription intéressante découverte dans le mur d’une église du village de Ham, dans la région nord d’Akkala Guzay. Cette inscription commémore la mort de Giho, fille de Mangasā, décédée «le 27 du mois de tāhsās, à l’aube, la veille de Noël», en l’an 590, «de notre ennemi» (entendre de Dioclétien). L’inscription date donc du 23 décembre 873.

L’Église Orthodoxe Éthiopienne maintient une communauté à Jérusalem depuis au moins le Moyen Âge. Tous les ans, ils se rendent à Bethléem pour fêter la Nativité. Contrairement aux autres communautés religieuses qui se partagent le lieu, les éthiopiens ne disposent pas d’endroit où célébrer à l’intérieur de la basilique de la Nativité.

Un petit monastère en ville accueille leurs longues prières, tandis que sur la grand place de la mangeoire, au pied de la basilique, une longue et joyeuse procession aux rythmes africains précède le patriarche.

Pas de cadeaux, mais du hockey

En Ethiopie, la population participe en masse à la célébration, à l’issue de laquelle les familles ont coutume de se réunir pour un repas. Contrairement aux traditions dans le monde occidental, l’échange de cadeaux n’est pas très pratiqué, même si en Éthiopie, le fait d’offrir des cadeaux, en particulier aux enfants, se répand de plus en plus.

L’après-midi du jour de Noël, les enfants, mais aussi les adultes, ont l’habitude de jouer au jeu de genna, une sorte de hockey qui se pratique avec de longs bâtons courbés à leur extrémité, et une balle. Comme son nom l’indique, il est étroitement associé à Noël et des joueurs de gannā sont souvent représentés en peinture, comme un ornement des scènes de la Nativité elle-même.

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Dans les églises les scènes de la Nativité se trouvent principalement sur le mur sud du maqdas (le «saint des saints», où est conservé le tabot, la «pierre d’autel» sacrée, et dont l’accès est réservé aux prêtres), mur traditionnel voué à la Vierge.

Les plus anciennes représentations se trouvent sur les églises de Béte Debre Sina et le monastère Kebran Gabriel sur le lac Tana, datant du XVIIe siècle. L’Enfant Jésus est parfois représenté allongé sur un matelas de feuilles, dont la tradition veut qu’il s’agisse de feuilles d’eda sabek, l’arbre auquel était attaché le bélier qui a remplacé Isaac dans le sacrifice offert par Abraham.


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